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31 décembre : comment les opérateurs font face à 300 millions de SMS

Le réveillon de la Saint-Sylvestre est l’événement qui génère le plus de trafic mobile dans l’année. Une nuit à haut risque pour les opérateurs qui coopèrent de façon exceptionnelle pour délivrer tous nos messages de voeux.

Matthieu Fouquet ne célèbrera pas la nouvelle année une coupe de champagne à la main cette nuit. Spécialiste réseau, ce cadre de Bouygues Telecom a écopé d’une lourde tâche : chef de projet « nouvel an 2016.»
« D’après nos prévisions, nos abonnés devraient envoyer au moins 274 millions de SMS durant le réveillon de la Saint-Sylvestre »
, annonce-t-il avec calme. Sa mission ? Veiller à ce que tous ces messages parviennent dans un temps raisonnable à leurs destinataires.

Pendant que les français compteront avec insouciance les secondes qui les séparent du 1er janvier, Matthieu scrutera donc avec anxiété l’état du réseau mobile sur des écrans de contrôle, confiné dans la war room du technopôle de Meudon avec 20 autres ses collègues. A leurs côtés, 15 experts délégués par des fournisseurs se tiendront prêts à intervenir à la moindre défaillance logicielle ou matérielle.

Le cockpit de Bouygues Telecom où s’effectue la surveillance en temps réel du réseau.

28 000 SMS envoyés chaque seconde par les abonnés d’Orange

Et c’est dans cette ambiance de citadelle assiégée qu’ils resteront mobilisés sans relâche de vingt heures à quatre heures du matin. Avec, en point d’orgue, le redouté « pic de charge » situé entre minuit et une heure : un véritable cauchemar pour tous les opérateurs. « Nous avons calculé que nos abonnés envoyaient en moyenne 28 000 SMS par seconde durant cette heure-là », détaille Frédéric Laverge, directeur de l’exploitation des services d’Orange.

Même si les Français ont tendance à envoyer moins de SMS depuis l’année dernière, la croissance des MMS et de la data mobile comme la vidéo, par exemple, continue de maintenir le volume du trafic mobile à un niveau exceptionnel. Ce qui fait qu’aucun autre jour ne ressemble à celui du nouvel an.


« C’est le plus gros événement que nous ayons à gérer, largement devant les résultats du bac »
, ajoute Frédéric Laverge. Au total, les Français émettent environ 300 millions de SMS durant cette nuit-là. Alors, pour y faire face, les opérateurs sont contraints de s’y préparer longtemps à l’avance.

Orange – Les écrans de contrôle de l’un des centres de supervision d’Orange.

Une nuit de tous les défis qui se prépare six mois à l’avance

C’est en plein été, dès le mois de juillet, que débute l’organisation du jour de l’an. Chaque opérateur commence à calculer le nombre prévisionnel de SMS et de MMS que ses abonnés pourraient envoyer. Plus de compétition qui tienne : tous les acteurs du marché travaillent main dans la main à cette occasion.

« Nous nous réunissons bien une dizaine de fois pour échanger et déterminer quelle quantité chacun peut écouler de son trafic et de celui des autres », nous explique Matthieu Fouquet. La nuit de la Saint-Sylvestre, Orange se charge même, via l’une de ses filiales, d’augmenter la capacité d’interconnexion habituelle des opérateurs. Ces derniers en profitent pour se répartir au mieux cet afflux exceptionnel de messages. Si vous êtes abonné mobile Free, votre texto transitera ainsi peut-être par le réseau de SFR sans que vous ne vous en rendiez compte. Un pont téléphonique est enfin organisé le 31 janvier pour que les opérateurs restent en contact direct permanent.

La préparation consiste aussi à prévoir de base une pleine capacité de la bande passante, ainsi qu’à imaginer les différents scénarios de panne qui pourraient survenir et les solutions qui vont avec. Si un serveur tombe, quel autre chemin trouver ?

Pour le reste, l’opération relève de la haute voltige. « Nous ne pouvons pas optimiser tous les paramétrages de façon automatique à l’avance », souligne Frédéric Laverge. « Nous sommes donc obligés de faire évoluer la configuration des machines au fur et à mesure de la montée en puissance du trafic », précise-il.

Dans la boîte à outils des opérateurs, il y a toute une série d’options modulables. Certaines fonctions peuvent ainsi être désactivées, comme la longueur du délai au bout duquel un SMS est rejeté. Ou encore son réenvoi automatique immédiat tant qu’il n’est pas passé. L’idée étant de lisser au maximum toutes ces émissions pour éviter les encombrements. Tout en dentelle, le travail des opérateurs consiste aussi à jouer sur le choix et le dimensionnement des machines et des routes réseaux. Faut-il privilégier tel routeur plutôt qu’un autre, par exemple ?

Demain matin, à l’aube, lorsque le gros de la tempête sera passé, Matthieu Fouquet pourra rentrer chez lui fatigué mais satisfait. Après avoir jeté un dernier coup d’oeil sur les réseaux sociaux, afin de s’assurer que les abonnés ne se plaignent pas de ne pouvoir faire passer de SMS !

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Amélie Charnay