Passer au contenu

Voici comment ils tentent de vous interdire les recharges compatibles

Ils ont inventé la puce qui bloque La technique Il y a près d’un an, Epson a introduit, sur huit modèles d’imprimantes Stylus Color et Stylus…

Ils ont inventé la puce qui bloque

La technique

Il y a près d’un an, Epson a introduit, sur huit modèles d’imprimantes Stylus Color et Stylus Photo, une technologie qui indique à l’ordinateur le niveau d’encre encore disponible. Baptisée Intellidge, une puce électronique est fixée sur la façade de la cartouche et stocke en mémoire le volume de liquide restant.Visualisant ainsi le niveau d’encre, l’utilisateur peut, avant de lancer l’impression d’un long rapport ou d’une photo de qualité, remplacer des cartouches presque vides ou manquant d’une couleur par une neuve, quitte à les remettre en place ensuite.La parade

Le kit JetTec ILRS (Ink Level Restore System) de la société DCI, permet de débloquer le système de verrouillage Intellidge. Le prix de ce kit, disponible pour la Stylus Photo 870/875 est d’environ 330 francs ttc (50,31 euros). Il comprend une cartouche d’encre noire, une pour la couleur et le système de reprogrammation de la puce.Selon Philippe Bertin, président du distributeur nantais MBP, les recharges compatibles achetées ultérieurement génèrent une économie de 20 à 30 %. Mais le bidouillage est un peu compliqué et risque de décourager les utilisateurs non avertis.

Ils empêchent le recyclage des cartouches vides

La technique

Certains constructeurs récupèrent les cartouches vides pour asphyxier le marché du recyclage. Lexmark propose aux entreprises de retourner leurs cartouches laser OptraT vides, en échange d’une réduction sur le prix des neuves. “ Nous récupérons 95 % des cartouches du marché, déposées dans des conteneurs, ou dans un carton, à la poste, avec un envoi prépayé “, explique Lydia Roué, chef des produits consommables chez Lexmark France. ” Ensuite, elles sont détruites “, poursuit-elle.Résultat, les fabricants de cartouches recyclées se plaignent de ne pouvoir s’en procurer afin de les nettoyer, de les rénover et de les recharger en toner. Et cela ne devrait guère s’arranger ! Onze constructeurs (dont HP, Epson, Xerox) ont créé le consortium Conibi, pour collecter les cartouches et autres consommables. Contraints de respecter une directive européenne sur la protection de l’environnement et la récupération des déchets, ils trouvent là aussi un moyen de freiner l’offre des compatibles. La parade

Les recycleurs sont prêts à se battre. ” Depuis que les constructeurs ont compris qu’ils pouvaient faire de l’argent avec les consommables, ils cherchent à entraver l’industrie du recyclage “, déplore Bernard Agard, président du syndicat Federec informatique. Pourtant optimiste et défendant les intérêts d’une quarantaine de spécialistes de la récupération et de la fabrication de compatibles (Armor, Emape), le responsable se souvient que HP a lancé, en 1994, une opération comparable. “Ce fut un échec“, assure-t-il.En général, chaque fabricant de compatible se débrouille seul pour la récupération de cartouches usagées. Certains les rachètent directement au client, de 5 à 15 francs l’unité (de 0,76 à 2,29 euros). D’autres importent les coques vides, neuves ou d’occasion, auprès de fournisseurs situés au Brésil ou dans le Sud de l’Europe.

Ils exercent un chantage à la fiabilité

La technique

Les constructeurs d’imprimantes tiennent un discours très critiques à l’égard des cartouches compatibles. L’encre serait parfois de mauvaise qualité, peu fiable dans les couleurs, et risquerait de boucher les têtes d’impression en séchant… On rétorquera que cet encrassement peut se produire aussi bien avec leurs modèles. Ils évoquent aussi une dispersion moins efficace des microgoutelettes, entraînant des bavures.” Le compatible dessert le matériel en général “, assure Laurent Gouailhardou, chef des produits consommables chez Epson. ” Il nous a fallu réaliser beaucoup de tests pour contrôler la taille et l’absorption des gouttes sur nos produits. 
Ces arguments, non étayés, parviennent aux oreilles de l’acheteur, relayés par les agents commerciaux, ou les services après-vente des constructeurs. La parade

Il ne faut pas se laisser impressionner par le chantage à la non réparation. Certes, en croire Gilles Orfila, responsable marketing chez Pelikan, en cas de défaillance, les dépanneurs ont souvent comme premier réflexe d’accuser la cartouche d’encre compatible. Heureusement, la menace de perte de garantie, dès l’usage de compatibles, se raréfie. D’autant qu’elle frôle l’illégalité.Contactées par téléphone, une demi-douzaine de sociétés, affiliées au réseau de maintenance d’Epson, nous ont assuré qu’elles respectaient la garantie sans restriction. ” Mais si nous arrivons à prouver que c’est la cartouche compatible qui est à l’origine de la panne, nous sommes en droit de ne pas réparer “, prévient Pascal Dombis, d’Epson.Mieux vaut se renseigner dès l’achat de l’imprimante. “ Les textes des contrats de garantie sont parfois pervers, et il vaut mieux les lire en détail si on n’utilise pas les produits d’origine “, recommande Pierre Bellanger, directeur de Médias Plus, distributeur de cartouches à Rouen.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Didier Castelnau