On a dormi 4 nuits dans une Dacia grâce au « Pack Sleep » : rêve ou cauchemar ?

La « van life » bon marché, telle pourrait être la promesse de Dacia avec cet accessoire assez unique : le pack Sleep. Pour les baroudeurs et autres adeptes d’aventure, le constructeur roumain, propriété de Renault, propose sur son Jogger (et bientôt sur son Duster) une option pour transformer l’espace arrière en lit deux places. Une solution idéale pour prendre la route, s’offrir des points de vue grandioses et ne pas dépenser un kopeck en hébergement. Mais une alternative à l’hôtel qui peut vite virer au désastre si le dispositif n’est pas adapté. Comment s’en sort Dacia dans cet exercice ? Son pack sleep est-il réussi ? Pour le savoir nous avons tenté l’aventure, non pas sur une nuit mais sur quatre.

Début janvier, alors que la majeure partie de l’Europe est plongée dans des températures négatives, nous décidons de renouveler non pas deux, mais quatre fois l’expérience d’une nuit en voiture. Nous visons le sud de l’Espagne, où les températures sont plus clémentes, avec à l’essai le Dacia Jogger et son nouveau « Pack Sleep ». Il est le seul accessoire proposé par un constructeur auto sur le marché capable de nous réconcilier avec l’expérience de dormir en voiture. Sa promesse : transformer la berline en un petit van aménagé.

La découverte de notre nouvelle chambre roulante

Pour transformer une voiture de tous les jours en un lit, il faut au minimum un sommier, et un matelas. Et le « Pack Sleep » fait les deux. Plié, il se présente comme une malle installée dans le coffre, avec 200 litres d’espace de rangement à l’intérieur. Déplié, il forme un sommier de 1,90 mètre de long, pour 1,30 mètre au plus large. Il parcourt du coffre jusqu’au niveau du dossier des sièges avant et supporte jusqu’à 180 kilos.

L’installation de l’ensemble ne prend que quelques minutes. Sans aucun sac, il ne faut que deux minutes pour déplier le sommier et le matelas, en prenant en compte le rabaissement des sièges. Une fois chargé, la manipulation est un peu plus longue, car elle impose de bouger plusieurs fois ses affaires : une première pour libérer la place au niveau des sièges arrière et avant, puis une deuxième pour rapprocher les affaires dont vous aurez besoin sur le matelas. Le reste peut être stocké dans le coffre où sur le bas des sièges avant ou arrière.

Le Pack Sleep est disponible depuis l’été 2023 sur le Dacia Jogger, pour un prix de 1 490 euros en première monte et 1 790 euros en deuxième monte. Il n’est pas un petit gadget, mais il reste bon marché face à d’autres solutions proposées par des accessoiristes concurrents. Et surtout : il est optimisé pour les dimensions du modèle, et il n’implique aucune transformation de l’habitacle. Il est en bois, pas très lourd, et peut être chargé ou déchargé de la voiture de façon relativement aisée.

Il faut vraiment ouvrir le coffre pour s’apercevoir que notre Dacia Jogger d’essai est effectivement équipée du Pack Sleep. À la remise des clés de ce dernier, au début de notre semaine, rien n’indique vu de l’extérieur ou de l’habitacle que la berline est équipée de l’accessoire, et c’est un bon point pour la discrétion. Le matelas, malgré sa bonne épaisseur et ses trois parties une fois replié, ne gêne pas la rétrovision puisqu’il ne dépasse pas la hauteur du dossier des sièges arrière.

Le tutoriel de l’installation du Pack Sleep en vidéo

Un lit confortable dans une chambre étroite

Sans faire durer le suspens : nous avons passé quatre nuits de bonne qualité à bord. Pas de souci pour les jambes ni pour le dos, grâce à un matelas ferme et confortable. Le sommier est totalement plat et ne fait aucun bruit. Il suffit alors de venir avec un coussin et un sac de couchage, et nous voilà prêts à passer 8 heures au lit, sans aucune interruption liée à un souci dans le dispositif. Préférez un sol plat, bien entendu, mais cette condition est tout aussi viable pour un van ou pour un camping-car.

Pour l’orientation, Dacia suggère d’avoir les jambes vers le coffre et la tête vers les sièges avant. C’est ainsi que l’on profite le plus d’espace en largeur, grâce aux extensions du sommier au niveau des portes arrières, et des rajouts de deux petites parties amovibles du matelas que l’on vient coller avec du scratch. Pourtant, dès la première nuit, nous préférons opter pour l’orientation opposée. C’est avec la tête au niveau du coffre que l’on vient s’installer le mieux à bord, alors que monter par les sièges arrière est plus simple que par le coffre.

C’est aussi l’occasion de profiter des deux fenêtres latérales au niveau du coffre qui peuvent s’ouvrir sans mettre le contact. Le petit filet d’air qui vient aérer l’habitacle est aussi un moyen de bien respirer et ne pas avoir la sensation de manquer d’oxygène. C’est aussi une façon de profiter d’une vue sur l’extérieur, surtout si l’on occulte les autres vitres de la voiture. Dacia propose un kit supplémentaire de stores occultants, presque indispensables, même si la voiture dans sa version Extrême est équipée de vitres arrière teintées.

Pour la deuxième nuit, nous approchons Gibraltar et la tempête se fait de plus en plus sentir lorsque nous aménageons le lit. La réalité nous rattrape : malgré le confort une fois installé, c’est bien à bord d’une voiture que l’on s’installe, et non d’un van aménagé. La garde au toit reste acceptable une fois couché, mais l’espace étroit de l’habitacle et de la montée à bord fatigue. Pour se coucher, se déshabiller ou bouger ses affaires, ce n’est pas aussi paisible que dans les films promotionnels de Dacia.

Cette faible liberté de mouvement fait que l’on est plutôt heureux de voyager seul et de ne pas avoir à partager notre lit. Au cours de la semaine, les jours passent et le sentiment se fait de plus en plus présent. Même si l’on s’habitue à la petite organisation pour plier et déplier le lit avec les affaires à bord, on ne s’imagine pas devoir passer plus de deux nuits avec quelqu’un d’autre. À deux, il faudra se limiter au temps d’un weekend, et avec quelqu’un de très proche.

Une voiture immobilisée une fois le Pack Sleep déployé

Si l’amplitude de mouvement à bord est faible… elle est carrément réduite à zéro pour ce qui est de la conduite. Car une fois le Pack Sleep déployé, la voiture est immobilisée. Le siège conducteur est condamné car le sommier nécessite d’avancer les sièges avant et d’abaisser leur dossier. Le Pack Sleep se doit donc d’être déployé uniquement lorsque l’on est prêt à dormir, et que l’on a déterminé la position idéale où se garer pour profiter d’une surface plane.

Cela n’aura rien de rassurant en cas de problème, tant il n’est pas possible de partir vite. Pour reprendre la route, il faut impérativement replier le sommier et retirer le matelas, sans quoi il ne sera pas possible de redresser le dossier du siège conducteur et l’éloigner du volant. Cela ne se joue qu’à quelques centimètres, mais il faut noter qu’il n’existe effectivement pas de position intermédiaire dans l’installation : le sommier est soit déplié, soit rangé, il ne peut être entre les deux.

Les affaires s’avéreront gênantes elles aussi. Tout ce dont vous aurez besoin pour la nuit ne pourra pas être stocké dans le coffre, puisqu’il sera impossible d’y accéder depuis l’intérieur, sans ouvrir le hayon et descendre. Le Pack Sleep propose une ouverture par le haut de la malle lorsque le sommier est entièrement déplié, mais n’est accessible qu’en étant à l’extérieur. Depuis l’intérieur, on mettra les bagages les plus volumineux au pied des sièges arrière (le sommier ne condamne pas cet espace) et les plus utiles au niveau des sièges avant et sur la planche de bord.

Une motorisation légère, mais avec une grosse autonomie

Pas de jaloux du côté des motorisations pour obtenir le Pack Sleep : elles sont toutes les trois compatibles. Autrement dit, il est possible de commander le Dacia Jogger en essence, en essence-GPL ou en hybride. Pour notre modèle d’essai, nous avons choisi la motorisation le plus accessible : l’ECO-G 100 (essence-GPL). Avec elle, deux réservoirs, de 50 (essence) et 40 litres (GPL), pour une autonomie cumulée de plus de 1 000 kilomètres. Au compteur, après 1 600 km en ville, sur autoroutes et nationales, nous avons atteint 6,1 litres de moyenne en essence, et un peu plus de 10 litres au GPL.

Malgré les prix avantageux du GPL à la pompe, nous avons principalement roulé en essence avec la Dacia Jogger. Grâce à ses faibles consommations, nous avons payé un prix qui aurait été presque équivalent à ce que l’on aurait payé avec des pleins au GPL. Et en Espagne, toutes les stations n’offrent pas si facilement cette alternative. La voiture se montre aussi un peu plus faiblarde avec le gaz de pétrole liquéfié et vibre tel un diesel à bas régime. En essence le moteur est plus discret, même s’il faut toujours jouer de la boîte manuelle à six rapports. Entre 40 et 70 km/h, difficile de choisir entre la troisième, la quatrième et la cinquième.

Le souci d’une Dacia à 30 000 euros

Le Pack Sleep n’est pas livré avec le kit de stores occultants pour les vitres, pourtant indispensables pour obtenir une totale intimité. Les accessoires sont facturés 190 euros. On aurait préféré les voir inclus tant ils font partie intégrante du dispositif pour pouvoir passer la nuit dans sa voiture. Parmi les autres suppléments, Dacia propose une tente venant se connecter au hayon du Jogger. Elle complète le Pack Sleep de Dacia en y ajoutant un couchage et un lieu de vie à l’abri. Sans accessoire, le Pack Sleep offre une petite table d’appoint, sympathique pour les piques-niques aux abords de la route.

Notre Dacia Jogger à l’essai reste une berline familiale qui coûte cher : 30 989 euros. Nous l’avons effectivement eu dans sa finition haut de gamme Extreme, qui offre des jantes alliage, une caméra de recul, une climatisation automatique, une clé d’accès mains libres, des tablettes aviation pour les sièges arrière ou encore des décorations couleur cuivre. Notre modèle était équipé de la teinte Vert Cèdre, particulièrement réussie car discrète dans le paysage. Au mieux, il est possible de trouver un Jogger avec un Pack Sleep pour 18 780 euros.

Le modèle Extreme débute à 21 500 euros. Pour faire autant grossir la note, Dacia y a intégré l’option du Pack City en plus du Pack Sleep. Ce dernier permet d’accéder au frein à main électrique, à l’accoudoir central avec rangement, au radar de recul avant et à l’avertisseur d’angle mort. L’écran d’infodivertissement est livré de série, même sur le niveau de finition inférieur (Expression), mais il faut compter sur Extreme pour pouvoir profiter de la connectivité MediaNav qui permet de télécharger des applications et d’accéder au service de cartographie de Dacia. Rappelons que le Pack Sleep est une option à 1 490 euros en première monte et 1 790 euros en deuxième monte.

Quelques défauts dénotent sur l’offre à 30 000 euros. Dacia n’offre toujours pas un son à la hauteur avec ses haut-parleurs à bord de la finition Extreme, l’avertisseur d’angle mort s’active parfois sans raison, la connectivité sans fil CarPlay a sauté à plusieurs reprises et enfin, sur voie rapide, l’écoulement de l’eau en cas de pluie gêne beaucoup la visibilité sur les rétroviseurs latéraux. L’isolation est aussi légère, même si le 3 cylindres n’est heureusement pas très bruyant quand il fonctionne à l’essence.

Et à long terme ?

En attendant que le Pack Sleep ne soit disponible sur le Dacia Duster 2024 (premières livraisons entre avril et juin), il faudra donc opter pour un Jogger pour pouvoir dormir en Dacia. Et au final, ce sera toujours un moyen de s’équiper de l’une des plus spacieuses des berlines, avec jusqu’à 7 places, pour un prix raisonnable et une marque qui a la décote très faible. En revanche, la structure en bois du Pack Sleep nous laisse un peu dubitatifs, tant elle réagit assez vite à l’humidité (difficulté à élargir le sommier en largeur avec un temps pluvieux).

Après 1 500 kilomètres, et pour notre dernière nuit, nous avons aussi noté que la malle avait légèrement bougé dans le coffre malgré ses fixations, si bien que le sommier s’orientait plus d’un côté que de l’autre. Le matelas, quant à lui, prend beaucoup de place et on aimerait voir Dacia proposer sur une prochaine version améliorée un couchage qui puisse se plier en cinq plutôt qu’en trois parties, ne serait-ce que pour pouvoir le garder à bord lorsque l’on déplie le sommier, sans devoir le placer sur le toit, sur le sol, ou en le coinçant au-dessus des sièges avant.

Il ne faudra pas compter sur une version différente pour le Pack Sleep du Duster. Celle-ci sera sensiblement la même. Le système fonctionnera de la même manière, et l’espace ne sera pas plus grand tant le SUV reste assez profilé et pas forcément plus haut que le Jogger (seulement en termes de hauteur de caisse).

Bilan : notre avis sur le Pack Sleep Dacia

Dacia veut se faire une nouvelle image de marque. Et le Pack Sleep est particulièrement bien pensé dans la lignée de cette nouvelle identité. Comme Decathlon, Dacia veut faire de l’outdoor, et de l’aventure sa nouvelle identité, sans pour autant oublier ses points forts : un attrait en terme de prix qui font des Dacia des achats malins.

Après une semaine à bord du Dacia Jogger, nous rendons les clés avec un petit pincement au coeur d’un voyage qui ne nous aura rien coûté mis à part du carburant. Malgré la tempête à Gibraltar, nous aurons pu dormir avec une vue sur le Maroc, et une autre avec les falaises de la plage d’Arrifana, au Portugal. Le tout sans aucune réservation, et sans aucun camping sauvage.

L’expérience se vivra surtout seul, ou très bien accompagné, le temps d’un week-end. Dacia est arrivé à répondre à la problématique de dormir en voiture avec une solution confortable et sécuritaire, qui permet de faire de bonnes nuits même en cas de vents violents et de pluie, comme nous avons pu l’expérimenter. La sensation de dormir sur un sommier surélevé permet d’avoir d’une bonne vision sur les alentours sans devoir se relever. C’est aussi un bon moyen psychologique de se sentir dans un espace plus chaleureux.

Le plus sympathique serait de trouver, prochainement, une Dacia avec des portes coulissantes, un sommier plus pratique à installer sans devoir extraire le matelas, et une garde au toit plus importante pour pouvoir s’asseoir. Un accès plus aisé aux rangements serait aussi utile, tout comme une petite accroche pour un vide-poche, afin de ne pas devoir laisser ses petits objets sur le matelas pendant la nuit.

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