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WAP à la croisée des chemins

Les premiers services WAP ont déçu les premiers utilisateurs. Mais il est sans doute encore trop tôt pour juger de ses possibilités réelles.

Après l’internet sur le PC, l’internet sur le téléphone mobile. Constructeurs, fournisseurs de services et opérateurs en jubilaient déjà. Une ère nouvelle s’ouvrait. Las, il y a loin de la coupe aux lèvres, et la réalité est plutôt morose : configuration du mobile relevant du casse-tête, interopérabilité non garantie automatique- ment avec n’importe quel mobile, temps de connexion pouvant atteindre jusqu’à quatre minutes et panoplie de services maigrichonne. Bref, le WAP (Wireless Application Protocol), pierre angulaire technologique de l’internet sur les mobiles, a du plomb dans l’aile.“Attention, il ne faut pas faire retomber sur WAP les limites techniques du GSM, prévient Philippe Chassany, président de Pyweb, société de services spécialisée dans la conversion à la volée de contenus de pages web pour les mobiles. Sur le GPRS, prochaine génération de réseau cellulaire, le WAP aura des performances bien supérieures.”Sans doute. Mais si le GPRS peut transmettre une quarantaine de kilobits par seconde, se servira-t-on encore de son téléphone mobile pour afficher des pages HTML dégradées en WML (Wireless Markup Langage, format d’affichage du WAP) ? Les assistants personnels disposeront alors de navigateurs directement compatibles HTML : c’est, par exemple, la position de Microsoft, qui fait néanmoins partie du forum WAP pour le moment. Nick Jones, du Gartner Group, prévoit même que des technologies misant sur la transmission d’applets Java détrôneront le WAP. “Peut-être en 2004 ou 2005. Mais, modère Philippe Chassany, d’ici là, le WAP a une belle fenêtre d’opportunité, car il y aura toujours des petits écrans qui auront besoin des micro-navigateurs WML.”Une autre menace plane sur le WAP : la technologie complètement propriétaire i-mode du Japonais Docomo. Celui-ci compte déjà treize millions d’utilisateurs chez lui et, encouragé par ce succès, les opérateurs locaux NTT-Est et NTT-Ouest (*) prévoient de proposer une version pour le réseau filaire ! “C’est vrai, i-mode fonctionne déjà en mode paquets et offre des temps de connexion plus courts, reconna”t Philippe Chassany. Reste à savoir si les opérateurs oseront parier sur une technologie propriétaire.” Justement, plusieurs d’entre eux en ont fait mention, comme Cegetel ou le Finlandais Sonera.Mais, pour autant, le clan WAP continue de se mobiliser. Nokia, Infinite. com, Ericsson, Phone. com et CMG proposent des passerelles WAP, tandis que IBM vient d’annoncer que la version 3.5 de son Websphere Transcoding Publisher saura traduire des pages HTML et XML en WML (ainsi que HDML le format de Phone. com).(*) Docomo est une filiale de l’opérateur national japonais NTT, qui a depuis éclaté en deux opérateurs locaux : NTT-Est et NTT-Ouest.

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Jean-Pierre Soulès