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Viacom défie YouTube et Google

L’action judiciaire engagée par le géant des médias contre YouTube constitue le plus grand défi jamais lancé à la stratégie de domination du marché de l’image sur Internet développé par Google.

Viacom, propriétaire ?” entre autres ?” des réseaux télévisés MTV et Comedy Central, accuse Google de violation massive et intentionnelle du droit d’auteur, en autorisant les utilisateurs de YouTube à charger des
extraits de ses émissions à succès. Il estime que près de 160 000 clips vidéo non autorisés ont été téléchargés sur le site et vus plus de 1,5 milliard de fois.‘ C’est un événement fondamental dans les relations entre les médias et Internet ‘, écrit Aryeh Bourkoff, un analyste de la banque suisse UBS, dans une note à sa clientèle. Derrière cette
action judiciaire se profile en effet une bataille beaucoup plus vaste entre les médias traditionnels et les sociétés Internet dont l’enjeu ?” l’audience et les recettes publicitaires en ligne ?” se compte en milliards de
dollars.
Viacom a été très offensif ces derniers mois lors de négociations avec YouTube sur le paiement de droits d’utilisation de ses
émissions. Le groupe a fini par réclamer le mois dernier au site de retirer plus de 100 000 clips vidéos mis à disposition de ses visiteurs.‘ La stratégie de YouTube est d’éviter de prendre des mesures directes pour empêcher les violations sur son site, engrangeant ainsi à son profit un trafic et des revenus importants tout en transférant la charge et
le coût élevé de la surveillance de YouTube aux victimes de ses infractions ‘,
a estimé Viacom.En vertu du Digital Millennium Copyright Act (DMCA) voté en 1998, YouTube n’empêche pas les contenus protégés par le copyright d’être téléchargés sur son site, mais les retire à la demande des propriétaires des droits.
‘ Je pense désormais que Viacom ouvre la porte à la contestation des fondements du DMCA ‘, souligne un analyste de Forrester, James McQuivey. Google a répondu qu’il était convaincu que YouTube
respectait les droits de copyright concernés par l’action engagée par Viacom. ‘ Nous ne laisserons pas cette affaire affecter la croissance continue et la forte performance de YouTube ‘, a déclaré le
moteur de recherche, dont le titre a perdu 2,6 % atteignant 443,03 dollars mardi 13 mars sur le marché Nasdaq.

Bataille juridique sur le copyright américain

Selon l’avocat conseil de Google Alexander Macgillivray, la jurisprudence des tribunaux américains a clairement établi que les services Internet étaient protégés contre toute responsabilité en matière de copyright quand ils agissent
rapidement, comme le demande la loi, pour retirer des contenus à la demande des détenteurs des droits. Mais Douglas Lichtman, professeur de droit à l’université de Chicago et consultant de Viacom, n’est pas d’accord, estimant que le DMCA n’est pas
un ‘ chèque en blanc ‘ contre l’usage massif de matériel sous copyright. ‘ C’est un texte équilibré destiné à faire quelques exceptions ‘, estime-t-il.
‘ YouTube veut prendre d’abord et négocier après. On ne peut pas faire fonctionner un marché de cette manière ‘, renchérit le conseil juridique de Viacom Michael Fricklas.Charlene Li, spécialiste du secteur Internet, est en tout cas persuadée que les poursuites engagées par Viacom représentent un ‘ énorme défi ‘ aux modèles d’entreprises qui sous-tendent de
nombreuses start-up de la Silicon Valley. ‘ La question est : jusqu’où doivent-elles aller pour montrer qu’elles font des efforts ?, souligne-t-elle. Viacom attaque le fait que YouTube n’ait pas
utilisé une technologie de protection de la copie aujourd’hui disponible. ‘
Les autres groupes de médias comme Time Warner ou General Electric, propriétaire de NBC Universal et News Corp, suivent l’affaire avec attention et approuvent Viacom sans aller jusqu’à le suivre en justice, partagés entre leur désir de
gagner vite un marché à forte croissance d’audiences plus jeunes et celui de bâtir eux-mêmes des supports concurrents.Quoi qu’il arrive, estime l’analyste Jordan Rohan, l’initiative de Viacom ne risque guère de freiner la croissance explosive de la vidéo sur Internet. ‘ Les start-up sont très enthousiastes et il y a peu
d’obstacles à franchir,
explique-il. Je ne pense pas quune action à un milliard de dollars va convaincre toutes ces start-up vidéo de faire leurs bagages et rentrer à la maison. ‘

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Reuters