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Une étude mesure les premiers effets de la loi Hadopi

Une enquête menée par des universitaires bretons montre que le vote de la Hadopi n’a pas créé d’électrochoc parmi les « pirates ». L’efficacité de la loi reste à prouver.

Le groupement d’intérêt scientifique breton M@rsouin (1) a publié lundi 8 mars 2010 les résultats d’une enquête cherchant à évaluer des premiers effets de la loi Hadopi contre le téléchargement illégal sur les pratiques des internautes français.

Pour ce faire, 2 000 personnes, représentatives de la population de la région Bretagne (et non de la population française dans son ensemble), ont été sondées entre novembre et décembre 2009. Soit quelques mois après le vote de la loi et avant les premiers envois de courriels d’avertissement, attendus d’ici à cet été. Il s’agissait donc de mesurer l’impact du seul vote de la loi.

L’étude du M@rsouin révèle que 15 % de ceux qui utilisaient les réseaux P2P avant le vote de la loi ont cessé de le faire après. Parmi eux, seulement un tiers a renoncé à toute forme de piratage numérique, les deux autres tiers se sont tournés vers d’autres pratiques illégales comme le streaming ou le téléchargement direct sur des sites d’hébergement…

Les pirates ne sont pas des « radins »

« La réduction du nombre d’internautes qui utilisent les réseaux peer to peer s’est donc accompagnée d’une hausse des autres formes de piratage non prises en compte par la loi Hadopi (+27 %). Cet accroissement fait plus que compenser la diminution du nombre d’utilisateurs des réseaux P2P », notent les auteurs. Selon eux, dans l’ensemble, le vote de la loi Hadopi a fait progresser le nombre de pirates (P2P et autres pratiques) de 3 %.

D’après l’étude, la moitié des acheteurs de vidéo et d’audio sur les plates-formes légales fait partie des pirates (27 % « P2P » et 23 % « non P2P »). « La loi Hadopi conçue pour soutenir les industries culturelles, pourrait paradoxalement, en coupant la connexion à Internet des adeptes du peer to peer, éliminer 27 % des acheteurs de vidéos et de musique sur Internet. »

L’étude souligne aussi que la part des acheteurs est plus élevée parmi les « pirates Hadopi » (47%) et « non Hadopi » (36%) que chez les internautes non pirates (17 %). « La consommation de contenu illégal semble s’accompagner d’une disposition à payer pour du contenu légal. Dès lors, les explications qui verraient dans le peer to peer ou le streaming gratuit un moyen de découvrir et d’expérimenter des artistes ou des œuvres pour finalement consommer plus et/ou différemment ne peuvent pas être rejetée ». Les pirates ne sont donc pas des radins numériques !

Les auteurs indiquent que l’étude devra être renouvelée dans quelques mois, pour mesurer cette fois les effets des premiers courriels d’avertissement envoyés aux internautes.

(1) Môle armoricain de recherche sur la société de l’information et les usages d’Internet. Créé à l’initiative du conseil régional de Bretagne, ce groupement fédère onze centres de recherche en sciences humaines et sociales travaillant sur les usages des technologies de l’information et de la communication des quatre universités bretonnes et de deux écoles (Télécom Bretagne, Ensai).

Consulter l’étude du M@rsouin : « Une première évaluation des effets de la loi Hadopi sur les pratiques des internautes français »

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Guillaume Deleurence