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« Stoppez le vote ! » : San Francisco a peur de ses voitures autonomes

La métropole de San Francisco et la Californie risquent de ne pas tomber d’accord, ce jeudi, lors du plus important vote réglementaire sur le libre accès à la voiture autonome. Selon son issue, ce vote déterminera le développement de la technologie pour ces trois prochaines années, mais aussi le fonctionnement de la ville où Waymo et Cruise font du robotaxi une réalité.

Une importante échéance pour le libre accès aux voitures autonomes dans San Francisco est planifiée dans deux jours sous la forme d’un vote, et les dirigeants de la ville plaident pour que l’État de Californie ne leur force pas la main. Dans la métropole, les robotaxis ont provoqué de nombreux embouteillages et incidents, et les élus auront l’opportunité d’accorder ou non aux deux plus importantes sociétés du marché un accès total, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, aux services de courses sans conducteur.

San Francisco est plutôt fermé à l’idée que le oui ne l’emporte. Non pas qu’il s’agirait d’une volte-face de la métropole sur le développement d’une technologie sur laquelle elle a toujours été aux avant-postes, mais qu’il s’agirait de ne pas précipiter les choses et repousser l’échéance en attendant que la technologie des robotaxis ne soit plus aboutie. De nombreux groupes de contestation se sont formés ces derniers mois et ont appuyé la position de la Transportation Authority du comté de San Francisco, qui déclarait au mois de janvier 2023 :

« Une série de déploiements limités avec des extensions progressives – plutôt que des autorisations illimitées – offrent la meilleure voie vers la confiance du public dans l’automatisation et le succès de l’industrie à San Francisco et au-delà ».

Un « va-et-vient » normal pour ce type d’entreprises et les régulateurs, rétorquaient Waymo et Cruise, qui se disaient compréhensifs de la situation, sur une technologie impliquant de passer par des expérimentations à de plus en plus grandes échelles afin de pouvoir peaufiner la technologie, et s’ouvrir à un champ d’actions suffisamment grand pour pouvoir aussi rentabiliser le développement. À l’heure actuelle, les robotaxis ont un terrain d’application limité à SF, et si « le CPUC dit qu’il ne peut pas fonctionner 24 heures sur 24, vous avez effectivement un marché adressable total réduit », expliquait un associé de la société de capital-risque Trucks, à nos confrères de The Verge.

« Ils ne sont pas prêts », s’exclamait aussi la cheffe des pompiers de la ville, Jeanine Nicholson, au Los Angeles Times, implorant elle aussi le retardement de l’échéance votée ce jeudi. En parallèle, au mois de mars, Tesla rappelait plus de 360 000 véhicules à cause d’un bug concernant son logiciel de conduite autonome.

Incidents et congestion du trafic

Dans le département de Jeanine Nicholson, à San Francisco, ont été recensé pas moins de 66 incidents depuis mai 2022, dans lesquels des voitures autonomes ont gêné la circulation de véhicules d’urgence. Pour le Department of Motor Vehicles (DMV) de la Californie, ce sont aussi 75 collisions impliquant des voitures autonomes rien qu’en 2023 qui ont été recensées, dont l’une a tué un chien. Depuis 2014 et les premiers essais en voiture autonome californienne, il y aurait eu 619 collisions.

Le détail du rapport historique de la DMV de Californie permet de se pencher sur chacun des incidents. La plupart sont issus des deux principaux acteurs du secteur – Waymo et Cruise – mais l’on constate aussi des voitures de Mercedes, Poni(.)ai, Zoox, Apple (en Lexus RX 450h), ou encore WeRide. Pour se défendre, Waymo et Cruise mentionné notamment le recensement de 20 piétons tués par des automobilistes en 2017 et 39 l’année dernière selon les données officielle de la ville San Francisco.

Pour le reste, les élus de la ville et les groupes d’opposition pointent aussi du doigt les embouteillages provoqués par les prototypes autonomes en libre accès. Ces derniers entraînent de plus en plus de situations loufoques dans lesquelles les automobilistes et les bus se retrouvent face à des voitures autonomes avec leurs warnings, arrêtées sur les voies, des intersections ou des emplacements interdits, bloquant la circulation. Une vidéo publiée sur TikTok faisait une compilation de ces scènes filmées, tout en appelant les habitants à protester contre le vote du jeudi 13 juillet prochain en plaçant des cônes de travaux sur le capot de la flotte de Waymo et de Cruise.

« Il y a un espoir. Nous pouvons riposter. De façon drôle d’abord – tout ce dont vous avez besoin est un cône et une voiture autonome vide. Placez délicatement le cône sur le capot – vous venez de créer un apaisement temporaire de la circulation ! De manière responsable aussi – branchez-vous sur la réunion de la CPUC de la semaine prochaine (13/07) à 11h et écrivez des commentaires publics » peut-on lire d’un internaute sur Twitter, qui partageait la vidéo.

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Source : The Verge