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Steve Ballmer, PDG de Microsoft : ” Nous avons le droit d’ajouter ce que bon nous semble à Windows “

Le successeur de Bill Gates s’exprime sur ses démêlés judiciaires, ses rapports exécrables avec Sun et sa stratégie dans les services. Sans langue de bois.

Sun lance une offensive, Liberty Alliance, destinée à contrer votre stratégie Passport dans l’identification des internautes. Êtes-vous inquiet ?Je n’ai jamais vu quelque chose d’aussi idiot, d’aussi mal fichu que ce truc-là ! Cette initiative est née pour mourir. Ils essaient de nous contrer, mais ils n’ont même pas AOL avec eux. Qu’espèrent-ils donc ? Moi, je considère la concurrence comme légitime, mais à condition qu’il y ait quelque chose en face. D’ailleurs, si vous donnez le choix aux gens entre le système Passport, de Microsoft, Magic Carpet, d’AOL et Liberty Alliance, de Sun, vous pouvez être sûr qu’ils choisiront l’une des deux premières options. Et ce, dans une proportion de 99 %.Tout de même, certains utilisateurs vous reprochent une mainmise sur leurs données personnelles…Mais non ! Nous demandons en réalité très peu de renseignements à nos clients. Ils donnent leur nom ?” et encore, ils peuvent mettre n’importe quoi ?” puis ils fournissent tout simplement un mot de passe et une adresse. Où est donc l’atteinte à la vie privée ? Pour le reste, c’est toujours la même histoire. Dès que Microsoft annonce le lancement d’un produit ?” appelons-le ” Z ” par hypothèse ?” les gens de Sun commencent par dire que c’est nul. Un mois après, ils ont leur propre réplique, un énorme machin qui s’appelle ” Super Z “, par exemple. Voilà, c’est comme ça qu’ils procèdent. Après le lancement de Windows XP, ne craignez-vous pas l’ouverture d’un nouveau procès antitrust, venant cette fois-ci de la Commission européenne ?Je ne sais pas. Par contre, je peux vous parler de la situation aux États-Unis. La justice a estimé, de façon très claire, que nous avions le droit d’ajouter ce que bon nous semble à Windows. À une condition : que tout cela ait pour but de profiter, à l’arrivée, au consommateur. C’est ce que nous faisons. Pour le reste, les autorités judiciaires ont demandé à ce que nous parvenions rapidement à un accord. Et de faire des propositions dans ce sens. Voilà où nous en sommes. [Depuis, un accord a été trouvé, ndlr]. Le reste, ce sont des rumeurs que je lis, comme vous, dans la presse. L’activité des services est réputée comme l’une des plus lucratives de l’informatique. Faut-il s’attendre à une offensive de Microsoft ?Ce business est intéressant, mais ce n’est pas le c?”ur de notre activité. Si votre question est : ” Allez-vous vous attaquer de front à EDS, Cap Gemini, Accenture et autres IBM Global Services ? “, la réponse est non. Leur métier est différent du nôtre. Nous n’allons pas leur manger la laine sur le dos.Que devient votre participation dans Lernout & Hauspie, le spécialiste belge de la reconnaissance vocale, qui vient de faire banqueroute ?Je suis déçu. C’est une boîte qui a eu ?” comment dire… ?” des problèmes [présentation de comptes frauduleux, ndlr]. Mais il y a beaucoup de gens de valeur dans cette compagnie. Je préfère m’arrêter là sur ce sujet.Autre partenaire: Intel. Les difficultés de ce groupe paraissent sérieuses. Remettent-elles en cause le désormais fameux couple ” Wintel” ?Non. Nos logiciels tirent le meilleur parti des possibilités qu’offre Intel en termes de processeurs. Ainsi, Windows XP, par exemple, notre dernier produit, est spécialement optimisé pour le Pentium 4. J’irai même plus loin : les relations entre Microsoft et Intel n’ont jamais été aussi bonnes. Reste que je suis, comme Andy Grove, leur ancien patron, paranoïaque. Je crois que seuls les paranoïaques survivent. Il dit n’avoir jamais prononcé cette phrase, que c’est une invention de journaliste…Oui, c’est ce qu’on dit toujours dans ces cas-là ! C’est toujours le journaliste qui invente !À ce propos, vous avez sûrement lu Breaking Windows, l’ouvrage que vient de publier David Bank, du Wall Street Journal. Microsoft y apparaît comme déchiré entre les partisans de Windows et ceux d’internet. Est-ce vrai ?Non. Bien sûr que non. Comme tous les auteurs, il a choisi de dramatiser la situation. Sa thèse ne correspond aucunement à la réalité de notre société. Je reconnais qu’il y a eu, à une certaine période, des problèmes de personnes au sein de l’entité Microsoft. Cela a pu se traduire quelquefois par des petites tensions. Mais il n’y a jamais eu de problèmes de stratégie. Pour vous donner un exemple, je continue de déjeuner une fois par mois avec Brad Silverberg [le père du système d’exploitation Windows 95]. Même s’il a quitté depuis longtemps la société, nous sommes restés les meilleurs amis du monde.

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Propos recueillis par Pierre-Antoine Merlin, lors d'une rencontre avec la presse à Paris