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Spotify : des « artistes mystère » s’incrustent dans les historiques de lecture des abonnés

Des chansons d’artistes inconnus apparaissent depuis quelques mois dans les historiques de certains utilisateurs de Spotify. Mais ces derniers ne les ont jamais écoutés, laissant penser à un hack de leur compte.

Qui sont ces artistes qui s’incrustent dans les historiques de lecture des abonnés Spotify ? Un journaliste de la BBC y a remarqué la présence de plusieurs noms qu’il ne connaissait absolument pas, des musiciens qu’il n’avait jamais écoutés. D’autres abonnés ont également constaté que ces mêmes artistes étaient présents dans leurs historiques, voire parfois en tête de leurs écoutes annuelles. Eux non plus n’en avaient jamais entendu parler.

En creusant un peu, Jonathan Griffin a identifié plusieurs artistes intrus : Bergenulo Five, Bratte Night, DJ Bruel ou encore Doublin Night. Ces groupes n’ont aucune présence ou presque sur Internet, ailleurs que sur Spotify ou sur d’autres services de streaming pour certains. Toujours troublant quand on connaît désormais l’importance d’une présence en ligne pour un artiste en 2019. Le journaliste a d’ailleurs tenté de contacter certains d’entre eux, en vain. Que ce soit directement ou par l’entremise de Spotify.

Des morceaux d’une à deux minutes

Le plus en vue de ces artistes mystère, Bergenulo Five, avait deux albums disponibles dans le catalogue du site de streaming suédois : Sunshine Here et Hit It Now. Chacun était composé d’une quarantaine de morceaux longs d’une à deux minutes seulement et baptisés de titres banals composés d’un seul mot : Awake, Winter, Coming, etc. L’ensemble de ces deux albums cumulaient plus de 60 000 écoutes. Depuis, les artistes ont disparu du catalogue.

Sur Last.fm, un site de recommandation de musique, ce Bergenulo Five ne rassemble presque que des commentaires négatifs. « Qu’est-ce que c’est que ce spam ? », s’interroge un utilisateur. « Tellement ennuyeux », constate un autre. Sur Reddit, un abonné témoigne : « Ce Bergenulo Five continue d’être joué sur mon compte et j’ai tout essayé, changer de mot de passe, me déconnecter de partout. Je ne peux pas l’arrêter ! ».

La faute incombe-t-elle à Facebook ?

Comment ces artistes peuvent-ils être joués sur des comptes dont les abonnés n’ont jamais écouté leurs chansons ? Une piste pourrait être les jetons d’accès accordés par certains réseaux sociaux pour se connecter à Spotify, Facebook en tête. Fin septembre 2018, la société dirigée par Mark Zuckerberg annonçait un hack massif. Des pirates ont pu accéder à 50 millions de comptes à cause d’une faille de la fonction « Aperçu du profil en tant que ».

Si Facebook a réinitialisé tous les jetons d’accès de ces comptes, les premières constatations d’écoutes non désirées sur Spotify sont apparues pour la première fois quelques jours après, dès le début du mois d’octobre. Impossible de certifier que le problème vienne de ce bug, mais c’est une piste à explorer de manière approfondie.

Déjà une affaire de « faux artistes »

« Nous prenons très au sérieux la manipulation artificielle de l’activité de streaming sur notre service, a simplement déclaré la société suédoise dans un communiqué. Spotify dispose de nombreuses mesures de détection pour surveiller la consommation du service afin de détecter, d’enquêter et de traiter cette activité. » Surtout, Spotify a nié que les écoutes attribuées à ces artistes soient dues aux jetons d’accès de Facebook.

Cette affaire en rappelle également une autre datant de l’été 2017. De « faux artistes » avaient alors été repérés sur des playlists de Spotify. Eux non plus n’avaient aucune présence en ligne et ne composaient des albums de musique au kilomètre, le plus souvent des morceaux calmes inclus dans des listes de lectures « relaxation » ou équivalentes. Mais à l’époque, les lectures étaient bien réelles, c’était leur mise en avant systématique qui était soulignée, non pas des écoutes fantômes, à l’insu des abonnés.

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Jean-Sébastien Zanchi