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Serveurs d’applications, concentration en vue

Après sept années d’existence, le marché du serveur d’applications entame sa concentration. Le début des grandes man?”uvres marque l’avènement d’IBM et de BEA Systems.

N’en restera-t-il que deux ? On peut se poser la question tant ce marché, qui a regroupé des dizaines d’acteurs, connaît des remous et tend vers une consolidation autour de deux acteurs principaux.Dont IBM WebSphere, qui marque des points face à son grand rival BEA WebLogic, avec 31 % des parts d’un marché évalué à 1,18 milliard de dollars au niveau mondial pour 2001, contre 34 % (Gartner Group).L’un joue de sa force de frappe marketing et améliore constamment un produit précurseur, l’autre tire bénéfice de son virage J2EE effectué en 1998 avec le rachat de Tengah, de WebLogic.Paradoxalement, en dépit d’un marché en pleine croissance, les concurrents, tel Sun Microsystems, restent à la traîne. Et malgré le rachat des serveurs d’applications de NetDynamics en 1998, de Forté en 1999 et de Kiva, Sun ONE Application Server (ex-iPlanet) plafonne en troisième position avec 9 % du marché mondial. En réaction, l’éditeur décide de fournir gratuitement son logiciel en version Platform Edition pour séduire les utilisateurs avec des applications de plus haut niveau.” Cette annonce s’inscrit dans une stratégie globale. Seules les versions Standard et Enterprise Edition sont payantes, pour les déploiements qui nécessitent de la répartition de charge ou une tolérance aux pannes “, analyse Jean-François Labro, directeur marketing de Sun ONE. Une stratégie difficile à croire, tant le virage, au vu des investissements en R&D, prend la forme d’un plan de sauvetage.Les autres éditeurs se partagent les miettes et souffrent des mêmes affres financières. Ainsi, du côté de HP, les rumeurs de vente des activités de middleware NetAction, dont le serveur d’applications HP-AS, se précisent.” La part de marché gagnée est faible, et cela coûte très cher en développement et en maintenance “, confie un responsable de chez HP France. En pleine négociation avec Oracle pour cette vente, HP s’apprêterait à distribuer le produit de BEA.Pour Oracle, qui dispose déjà avec 9iAS d’un serveur J2EE et d’une technologie de conteneur d’EJB acheté en licence à Orion en 2001, cet intérêt s’inscrit dans une démarche d’amélioration de son serveur d’applications resté dans l’ombre du marché.Quant à SilverStream, le repositionnement est arrivé à temps. Le serveur d’applications maison ne s’est jamais imposé et l’entreprise a été récemment rachetée par Novell, qui s’intéressait à ses technologies de services web.

Un choix délicat

À l’évidence, les remous du marché prouvent que les serveurs d’applications sont loin d’avoir convaincu les entreprises. Leur prix prohibitif et leur champ d’application les destinent en priorité aux grands comptes désireux de doter leurs sites marchands d’une infrastructure transactionnelle lourde, au prix de coûteux développements d’EJB Java ou de composants COM+. Des critères qui condamnent l’utilisation d’un serveur d’applications, même dans une PME importante.Or les alternatives existent : un serveur web capable d’exécuter des servlets, des pages JSP ou ASP, suffit à la plupart des besoins des sites marchands. Pour les plus petits acteurs, de simples scripts Java ou Visual Basic suffisent.De plus, la plupart des serveurs HTTP du marché sont gratuits : c’est le cas du serveur Apache ou de Microsoft IIS, livré en standard avec Windows 2000 Server. Conscients du problème, les éditeurs de serveurs d’applications J2EE soucieux d’élargir leur clientèle ont très vite positionné leurs produits comme moteur d’exécution de portails.

La nouvelle chance des services web

Très tôt distancé par Java, Microsoft s’est aperçu des coûts de développement et d’exploitation de son architecture à base de composants COM. L’américain s’est engagé il y a trois ans dans la bataille des services web, dont le principal avantage est de rendre accessible des applications depuis Internet, et ce, quelle que soit l’architecture d’exécution, J2EE ou .NET.Reste qu’il a les arguments pour séduire : contrairement aux serveurs Java, la plate-forme .NET est quasiment gratuite. Le serveur MTS, qui joue le rôle de middleware transactionnel pour composants COM, le CLR (la machine virtuelle de Microsoft) ou le middleware orienté message MSMQueue seront inclus dans le futur Windows .NET Server.” Les entreprises sont pragmatiques, estime Alain Le Hégarat, responsable marketing .NET de Microsoft France, elles regardent de moins en moins comment fonctionne un serveur par rapport à ce qu’il peut apporter. Le fait de livrer la plate-forme .NET dans notre OS diminue en outre les coûts de déploiement. “Autre avantage, les services web sont basés sur des standards comme XML, d’où “des temps de développement réduits”, poursuit-il. Novell ne s’y est pas trompé : l’américain vient de racheter le serveur Java de SilverStream car, celui-ci, soucieux d’échapper aux aléas du marché, s’était transformé en machine à produire des services web avec ses modules eXtend Composer et Director.

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Olivier Bibard et Francisco Villacampa