Passer au contenu

Le tout premier PC portable avec processeur RISC V vient d’être annoncé (et il vaut mieux ne pas l’acheter)

Ce qui nous invite à la prudence dans l’achat de ce PC portable, c’est moins la technologie balbutiante de RISC V, dont on connaît les limites matérielles et logicielles, que le discours marketing halluciné des entreprises chinoises responsables de son développement.

Le premier PC portable fonctionnant avec un processeur RISC V pourrait voir le jour cette année. Le nom de cette plate-forme de développement développée par les entreprises chinoises Xcalibyte et DeepComputing est ROMA. Une machine qui intègrerait un processeur « jamais lancé » – gravé en 28 nm pour la version normale et en 12 nm pour la version pro – épaulé par 16 Go de RAM LPDDR4(X) et jusqu’à 256 Go de SSD.  Le PC serait facile à mettre à jour côté processeur, puisque les deux versions du CPU seraient montées sur un module (system on a module, SOM) qui s’enlève et s’insère comme une barrette de RAM (à la manière d’un Raspberry Compute Module).

Avec l’engouement mondial de cette architecture ouverte face aux « monopoles » de x86 et ARM, vous vous dites peut-être « C’est le bon moment pour acheter le PC portable du futur ! ». Eh bien, calmez vos ardeurs et gardez votre argent pour le moment. Car si cette machine actuellement en précommande pourrait bien voir le jour, il faut garder la tête froide.

Fiche technique du ROMA

La première raison est que, à moins d’être un développeur, il y a fort peu de chances que vous puissiez faire quelque chose de cette machine : l’écosystème logiciel est quasi inexistant, les versions de Linux à peine stables, idem pour le support. Il s’agit d’une machine de défricheurs, tournée vers l’éducation et le développement de programmes de bas niveau. Un appareil qui a surtout comme bénéfice d’être plus facile à transporter que les seules tours disponibles avec ce type de puce. Des puces dont les performances sont d’ailleurs pour l’heure au ras des pâquerettes.

Mais même si vous faites partie des rares utilisateurs à avoir intérêt à commencer à travailler sur un processeur RISC V, attendez tout de même un peu. Car le moins que l’on puisse dire, c’est que pour l’heure, cette machine sent le souffre.

Pot-pourri d’accroches marketing

Mettons déjà de côté que les deux entreprises chinoises (DeepComputing et Xcalibyte, qui appartiennent à la même personne) qui s’allient pour développer la machine sont inconnues au bataillon. Ajoutons à cela un doute légitime quant à la nature du processeur de la version Pro. Un composant encore « jamais annoncé », donc lancé pour la première fois avec cette machine. Qui de plus intègrerait GPU et NPU pour la vidéo et l’IA – mais quelles architectures ? Une fois encore, vu que RISC V est une architecture ouverte, on peut imaginer que les entreprises ont passé un accord avec une marque locale, comme StarFive et son Dubhe mais vu l’absence d’informations tangibles, il faut là encore rester sur nos gardes.

Mais finalement, le plus inquiétant est une phrase du communiqué que l’on retrouve sur le blog officiel de la fondation RISC V, qui agrège des mots marketing de manière tellement ridicule qu’elle vaut la peine d’être écrite en anglais : « A Web3-friendly platform with NFT creation and publication plus integrated MetaMask-style wallet, ROMA will create an even more integrated experience with future AR glasses and AI speakers operating entirely on RISC-V software and powered by RISC-V hardware ». Oui, cette machine « Web3 ready », sera prête pour les NFT, les portefeuilles de tupe MetaMask, les lunettes de réalité augmenté et les écouteurs amélioré par l’IA (mais qu’est-ce que c’est au juste ?). Et si vous trouvez cette phrase gratinée, on vous épargne celle sur le métaverse

RISC V viendra de Chine

Habitués que nous sommes à voir les travers du marketing à la chinoise – si vous pensez que les Américains survendent leurs produits, allez donc regarder les annonces des marques de l’Empire du Milieu ! – on peut imaginer que les ingénieurs du Roma ont laissé les rênes de la communication à des professionnels du marketing sous amphétamines.

Du point de vue technique et stratégique, il semble logique que le premier PC portable intégrant une puce RISC V vienne de Chine, ce pays agrégeant à la fois savoir-faire industriel, les usines de production et la nécessité, plus que les USA ou l’UE, de pousser des architectures processeurs alternatives à x86 et ARM. Mais même avec cela en tête, les zones de flous techniques et le discours halluciné autour de cette première machine invitent à la plus grande prudence.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.

Source : The Register