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Pourquoi il devient urgent que Free sorte sa nouvelle Freebox

L’opérateur perd pour la première fois de son histoire des abonnés sur le fixe, malgré une hausse du recrutement sur la fibre. Il va devoir prouver sa capacité à convertir ses clients ADSL au FttH avec le lancement des nouvelles Freebox prévues d’ici quatre mois.

Free nous avait habitué à une croissance continuelle du nombre de ses abonnés sur le fixe depuis le lancement en 2002 de sa première offre ADSL. Mais ce premier trimestre fiscal 2018 sonne le glas de cette belle dynamique. L’opérateur a perdu pour la première fois de son histoire des abonnés sur le fixe. 19 000 de clients en moins entre le quatrième trimestre 2017 et le premier trimestre 2018. Des chiffres publiés hier sur le site officiel de sa maison mère Iliad.

Si Free a réussi à convertir certains de ses fans à la fibre, passant ainsi de 556 000 à 646 000 abonnés FttH, le mouvement n’est pas suffisant pour compenser la désaffection des utilisateurs de l’ADSL.

Le nombre d'abonnés fixes et mobiles de Free.
Iliad/résultats financiers du premier trimestre 2018. – Le nombre d’abonnés fixes et mobiles de Free.

En outre, le revenu moyen par abonné perd 1,60 euro en un an, passant sous la barre symbolique des 33 euros. Autant de mauvais signaux envoyés au marché. Lors de la présentation des résultats financiers faite aux analystes ce 15 mai, le groupe a pris soin d’annoncer enfin officiellement le lancement d’ici l’automne de plusieurs nouvelles Freebox mais aussi de nouvelles offres commerciales fixes et mobiles dans les jours qui viennent. Malgré cela, la société mère Iliad n’a pas été épargnée et a perdu 20% en bourse.

Free doit rattraper son retard sur la fibre optique

On peut avancer plusieurs hypothèses à cette situation. Au mois d’avril dernier, les analystes de Morgan Stanley s’étaient montrés dubitatifs quant à la capacité du groupe Iliad à tenir ses objectifs de croissance pour 2020.
Ils pensent que Free va avoir du mal à tirer son épingle du jeu sur le marché de la fibre, très concurrentiel et moins rentable que l’ADSL. Le fait est que Free a longtemps tiré sa croissance de marges confortables faites sur l’ADSL. S’il a été l’un des premiers à déployer de la fibre optique de bout en bout en 2006, il a ensuite freiné des quatre fers. En 2012, il marque une pause, préférant mettre en avant le VDSL2 et se concentrer sur la construction de son tout nouveau réseau mobile.
A l’inverse, Orange, qui n’a pas les mêmes capacités d’investissements, il est vrai, a continué obstinément d’investir dans la fibre optique, ce qui lui permet aujourd’hui d’en récolter les fruits et de dominer à nouveau le marché.

Depuis l’année dernière, Free met les bouchées doubles pour combler son retard sur la fibre optique. En attendant, il multiplie les ventes privées où il brade ses vieilles box Crystal et Révolution, ainsi que ses forfaits mobiles. Ce qui lui permet d’augmenter le volume de ses abonnés mais pas de maintenir les revenus par tête.

Une box en retard et le conflit avec Netflix

Free pâtit aussi de plusieurs décisions qui ont écorné son image. La première, c’est d’avoir choisi de communiquer dès 2015 sur le lancement imminent d’une nouvelle Freebox alors qu’elle n’était pas prête. Trois ans que le suspense dure et que les fans restent en alerte. Une attente qui finit par lasser.
Certains ont pu passer à la concurrence pour profiter d’une box plus compacte, plus évoluée, compatible 4K et avec un Wi-Fi plus efficace que la Freebox Révolution qui date de 2011.

Free a bâti sa réputation sur sa capacité à innover technologiquement, ayant notamment inventé la formule de la box tripleplay. Or, ces dernières années, il n’a réussi à faire parler de lui qu’en pratiquant une politique commerciale très agressive sur le mobile. La question se pose aujourd’hui de savoir s’il peut encore nous surprendre en termes d’usages et de fonctionnalités. C’est la raison pour laquelle son salut passe par la sortie rapide de la Freebox V7.

Autre problème sur le fixe, Free a fait le choix de monter légèrement ses prix avec une offre Freebox Révolution qui coûte 39,99 euros par mois depuis l’intégration de l’option TV by Canal en 2016. Il n’est donc plus le FAI le moins cher du marché. Ce qui était également sa signature.

Enfin, un dernier élément a pu jouer en la défaveur de Free : son conflit avec Netflix. Depuis de longs mois, ses abonnés peinaient à visionner les vidéos de la plate-forme, faute d’accord d’interconnexion entre les deux parties. Le pire a été atteint au mois de janvier dernier avec une moyenne de seulement 1,39 Mbit/s de débit depuis Free, selon le baromètre de Netflix.
La situation s’est récemment améliorée et des abonnés ont pu constater l’existence d’un peering direct entre l’opérateur et l’éditeur à la fin du mois d’avril. Le dernier baromètre fait maintenant état de 2,62 Mbit/s comme on peut le voir ci-dessous.

Le Netflix ISP Speed Index pour la France depuis le lancement du service dans notre pays.
Netflix – Le Netflix ISP Speed Index pour la France depuis le lancement du service dans notre pays.

Les deux points forts qui distinguaient Free de ses concurrents sur le fixe, à savoir son avance technologique et ses prix cassés, ne sont plus d’actualité. Visiblement, l’opérateur ne semble pas parti pour tirer les tarifs vers le bas avec ses prochaines Freebox qu’il annonce “haut de gamme”. Il va donc falloir vraiment qu’il propose une box innovante pour parvenir à reprendre la main et se différencier à nouveau de ses rivaux.

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Amélie Charnay