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Pourquoi Apple pourrait utiliser de la mémoire chinoise dans ses iPhone (et pourquoi c’est important)

S’il s’agit à l’origine de diversifier ses sources d’approvisionnement en mémoire flash à la suite d’un incident industriel, le choix d’un groupe chinois comme fournisseur a une haute valeur stratégique. Pour Apple, comme pour la Chine.

Le géant Apple pourrait être amené à introduire, pour la première fois de son histoire, le fournisseur de mémoire flash chinois Yangtze Memory Technology Co., selon des analystes financiers consultés par Bloomberg. Filiale de Tsinghua Unigroup, géant des semi-conducteurs chinois, Yangtze Memory Technologies Co. est la seule entreprise chinoise à maîtriser le développement et la production de mémoire 3D NAND, même si le marché de masse appartient pour l’heure à d’autres pays : USA avec Micron, Corée du Sud avec SK Hynix et Samsung, et Japon avec Kioxia (rejeton de Toshiba).

À la source de cette décision potentielle, vient un incident de chez Kioxia justement : le japonais, inventeur de la mémoire flash et qui contrôle presque 20% de la production mondiale, a subi un gros problème industriel. Une contamination chimique de deux de ses usines de production qu’il partage avec Western Digital pourrait lui faire perdre jusqu’à 16 exaoctets de production.

Lire aussi : Les USA mettent un frein aux ambitions de la Chine sur les puces mémoire (nov. 2018)

Oui, c’est beaucoup, cela représenterait « environ 10% de la consommation (mémoire) du marché en un trimestre », selon un analyste. Une usine de semi-conducteurs fait énormément appel à la chimie, et il suffit qu’un produit soit mal dosé, mal élaboré ou mal stocké pour mettre à genou tout le site de production. Apple étant un très grand consommateur de mémoire, tant RAM (mémoire vive) que NAND (stockage flash), et une entreprise reine de la chaîne d’approvisionnement, la mise en place de relations avec un nouveau partenaire lui permet de se diversifier.

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Soutenir un fleuron chinois (et s’acheter les faveurs de la Chine ?)

Dans le contexte actuel de pénurie de semi-conducteurs, le fait qu’Apple étudie un autre fournisseur est totalement normal. Le fait qu’il soit chinois est moins anodin, notamment dans cette période de tensions sino-américaines. Le fait qu’il soit, dans le marché de la mémoire, un outsider, l’est encore moins.

La Chine n’a toujours pas bousculé les historiques de RAM et de la NAND sur les marchés mondiaux et a même connu de nombreux déboires dans la création de ses chaînes de production. Tsinghua Unigroup, maison mère de Yangtze Memory Technology Co., qui est notamment connue pour ses puces ARM UniSoc, souffrait l’an dernier d’un grave problème de dette – 26,16 milliards d’euros !

Lire aussi : Un des fleurons chinois des semi-conducteurs cherche un sauveur pour échapper à la faillite (juillet 2021)

En mettant de l’argent dans une filiale de ce groupe, Apple renflouerait non seulement ses fonds, mais elle lui permettrait aussi de monter en puissance en termes de volumes de production. Même avec des volumes modestes – un analyste financier consulté par Bloomberg parle de « 5% du volume total de mémoire de l’iPhone SE », et « entre 3% et 5% du futur iPhone 14 ». Ce qui nous renseigne déjà sur le niveau potentiel de qualité des modules mémoire de la firme chinoise : ils semblent suffisamment bons pour aller dans son futur terminal haut de gamme.

En soutenant un fleuron chinois, Apple apporterait ainsi sa pierre à l’édifice du plan « Made in China 2025 », date à laquelle le pays souhaite maîtriser la production de certains composants clés. Un « beau » geste pour Apple, pour qui la Chine est le premier atelier et l’un des plus gros clients mondiaux. Mais qui va un peu à contre-courant de la tendance actuelle qui est de tenter de rapatrier (et conserver !) une partie de la production de semi-conducteurs si ce n’est en occident, au moins dans des états amis.

Sources : Bloomberg (1), (2)

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