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Pour Satya Nadella, PDG de Microsoft : l’entreprise est passée d’une culture du « je sais tout » à celle du « j’apprends tout »

Rachat d’Activision Blizzard, investissement dans OpenAI, vie personnelle… Satya Nadella, le patron de Microsoft, était interrogé par Business Insider dans une interview publiée le 22 octobre dernier. Le PDG est revenu sur les éléments clefs qui ont marqué son arrivée à la tête du groupe en 2014, et les neuf années qui ont suivi.

Voilà près de dix ans que Satya Nadella a pris les commandes de Microsoft. Le patron de l’éditeur de logiciels, qui a su prendre le virage de l’IA et qui vient de racheter Activision Blizzard, était interviewé par Business Insider, le 22 octobre dernier. Ses choix stratégiques, ses erreurs, le PDG est revenu sur les étapes clefs de son parcours chez Microsoft, ainsi que sur certains épisodes de sa vie personnelle.

Après avoir grandi en Inde dans une famille de classe moyenne – son père est économiste fan de Marx, et sa mère professeure de théâtre sanscrit – le jeune homme d’alors finit ses études d’ingénieur aux États-Unis. Mais c’est la naissance de son fils, souffrant d’une infirmité motrice cérébrale, qui va profondément bouleverser la vie du tout jeune cadre de l’entreprise, qui rejoint Microsoft dans les années 90. « La naissance de Zain nous a fait grandir très vite, ma femme et moi », raconte-t-il à nos confrères, évoquant « une vie qui a changé du tout au tout », et un long processus d’acceptation.

À l’époque, se remémore-t-il, celui qui est encore « cadre de premier niveau dans l’entreprise » a à peine trente ans. « Je n’étais personne, (…) et une grande partie de ce que j’ai vécu à l’époque a façonné ce que je voulais devenir. (…) Je sais que cela m’a changé en tant que dirigeant, et que cela m’a fondamentalement changé en tant qu’être humain », confie-t-il. Son fils est décédé en février 2022. 

« Il est trop tard pour changer, alors sois toi-même et vois ce qui se passe »

Dans les années 90, date à laquelle il fait ses premiers pas dans l’entreprise cofondée par Bill Gates, Microsoft est au sommet de sa gloire. « À ce moment-là, les gens se promenaient sur le campus en pensant qu’ils étaient “un cadeau de Dieu pour l’innovation”. J’aime à dire que nous étions devenus des “je sais tout”. Plus tard, je me suis rendu compte (…) qu’il fallait changer radicalement notre façon d’être pour devenir des “j’apprends tout” ». En 2014, un membre du conseil d’administration lui demande, à l’annonce du départ de Steve Ballmer, s’il veut devenir PDG. Celui qui est considéré comme un « étranger interne », rapportent nos confrères, demande conseil au patron sortant, qui lui répond : « Il est trop tard pour changer, alors sois toi-même et vois ce qui se passe ». 

Quelques semaines plus tard, il prend la tête de l’entreprise. En neuf ans, celui qui aime truffer ses discours de références littéraires fait passer la valeur de l’entreprise de 400 milliards de dollars à environ 2 500 milliards de dollars. Sa marque de fabrique : mettre l’accent sur les compétences humaines plutôt que sur les indicateurs de performance, soulignent nos confrères. Pour le PDG de 56 ans, la meilleure qualité pour innover, c’est d’avoir de l’empathie. « Cela a à voir avec le “design thinking”, (la façon de concevoir les nouveaux produits, ndlr) », qu’il résume comme « la capacité de répondre à des besoins non satisfaits et non formulés », précise-t-il. 

Le rachat d’Activision Blizzard ? Un retour aux sources pour Microsoft

Ses plus grosses erreurs ? Ne pas choisir les bonnes personnes ou garder les mauvaises, et son « abandon de ce que j’appellerai le téléphone mobile tel qu’il était défini à l’époque », confie-t-il. Ce dernier choisit en effet de mettre fin à l’aventure de Microsoft dans le mobile, avec Nokia. Quant au feu vert enfin reçu pour le rachat d’Activision Blizzard mi-octobre, contre 69 milliards de dollars (c’était seulement 7,5 milliards pour la plate-forme de codage GitHub en 2018, et 26,2 milliards pour LinkedIn en 2016), le patron évoque un évident retour aux sources.

« Quand je pense à Microsoft, je pense peut-être aux outils de développement, aux logiciels propriétaires et aux jeux, trois choses que nous faisons depuis le tout début », rapporte-t-il. Microsoft serait en passe de devenir « l’un des plus grands éditeurs de jeux, mais aussi une entreprise qui construit des plates-formes pour ces jeux » estime-t-il. De quoi garder l’entreprise à l’abri de toute faillite ? Pour ce dernier, « la longévité n’est pas un objectif ». Les sociétés « devraient continuer à fonctionner, seulement si elles servent un objectif social, par exemple en produisant quelque chose d’innovant et d’intéressant. Elles devraient se demander si elles font quelque chose d’utile pour le monde ou non », ajoute-t-il.

Grâce à l’IA, un médecin dans la poche

Le PDG est ensuite longuement revenu sur l’intelligence artificielle (IA) – l’entreprise s’est associée à OpenAI, le développeur de ChatGPT, en janvier dernier. Comme tous ses concurrents, elle compte mettre tous ses produits à la sauce IA, à l’image de son Copilot qui permettrait « d’augmenter le travail humain ».  Grâce à l’IA, « huit milliards de personnes peuvent avoir un médecin, un gestionnaire, un mentor, et plus encore dans leur poche. C’est une véritable démocratisation de la connaissance ».

De quoi détrôner Google de son monopole sur la recherche en ligne  (le géant du numérique détient plus de 90 % du marché) ? Pas forcément, notamment parce qu’utiliser des ChatGPT et Bing Chat ou Bard à la place de Google Search nécessite « un changement d’habitude des utilisateurs » qui « s’avère être beaucoup plus difficile qu’on ne le pense. Le moteur de recherche de Google est tellement ancré dans les habitudes, que le changement se fait lentement », précise-t-il.

À lire aussi : Procès contre Google aux États-Unis : un tremblement de terre au pays de l’antitrust ? 

Le Règlement européen sur l’IA ? « Nous devrions reprendre les propositions et les retravailler »

Dernier sujet évoqué : l’intelligence artificielle (IA) et la nécessaire mise en place d’un système de contrôle et de règlementation, qui passera par « une certaine coopération mondiale », à l’image de ce qui existe dans le domaine atomique. À la table des négociations, la Chine doit être présente, estime le chef d’entreprise. « Et pour que les normes mondiales fonctionnent, les États-Unis et l’Europe doivent s’unir », ajoute-t-il, appelant à l’extrême prudence en la matière. Commentant le Règlement sur l’IA de l’Union européenne, le patron de Microsoft explique n’être pas certain « que toutes les propositions faites soient bonnes ».

« Nous devrions reprendre les propositions et les retravailler, en les affinant », poursuit-il, questionnant la mise en œuvre de ces règles. Pour ce dernier, il faut « s’assurer que nous n’édictons pas trop de réglementations qui entravent l’innovation ». Mais « si nous sommes assez ingénieux », poursuit-il, « nous pouvons nous servir de cette technologie pour faire beaucoup de choses ».

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Source : Business Insider


Stéphanie Bascou
Votre opinion
  1. @Stéphanie Bascou,
    Je crois que vous avez fait une erreur dans les chiffres : “En neuf ans, celui qui aime truffer ses discours de références littéraires fait passer la valeur de l’entreprise de 400 milliards de dollars à environ 2,5 milliards de dollars” !!! Vouliez-vous écrire 2 500 milliards de $ plutôt, non ? Je pense que s’il avait fait passer la valeur MS de 400 milliards à 2,5 milliards il y a fort longtemps qu’il aurait été remercié par le CA 😉

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