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Philippe Douroux (Soft2you) : ” On en revient finalement aux fondamentaux “

Philippe Douroux, vice-président finance et business development de Soft2you, héberge et développe des applications professionnelles. Il préside aussi le chapitre français du cercle d’entrepreneurs américain YEO…

Philippe Douroux, vice-président finance et business development de Soft2you, héberge et développe des applications professionnelles. Il préside aussi le chapitre français du cercle d’entrepreneurs américain YEO (Young Entrepreneurs Organisation).

Le Nouvel Hebdo :
Comment avez-vous vécu personnellement le boom internet et des start-up ?
Philippe Douroux : J’avais suivi les débuts du net et du groupware, si bien que je pouvais estimer le potentiel de ces nouvelles technologies. J’avais déjà fondé deux sociétés technologiques. C’est du côté du business que j’ai eu dû mal à comprendre. Comment des sociétés qui perdaient autant d’argent pouvaient obtenir des valorisations phénoménales ? Après avoir pensé à une folie passagère, je me suis remis en cause, peut-être que je n’avais pas assimilé les nouvelles règles des affaires.Pourtant, en juillet 2000, Soft2you, dont vous êtes cofondateur, lève 6,1 millions d’euros. Pensez-vous que votre parcours d’entrepreneur y a été pour quelque chose ? Nous avons levé des fonds après la période d’euphorie. Dans le paysage des start-up de l’époque, notre équipe jurait, même si nous avions un mot à la mode : ASP. Je suis persuadé que le fait d’être une équipe d’entrepreneurs expérimentés a compté. Nous avions de la bouteille, géré des sociétés et déjà connu des échecs.En France, d’habitude, avoir connu un échec de création est perçu négativement…J’espère que la situation actuelle des start-up va faire évoluer cette idée, car l’échec est une expérience importante dans l’apprentissage de l’entrepreunariat. Le retournement de situation de la nouvelle économie va justement faire le tri entre les vrais entrepreneurs, ceux qui vont relancer des activités même si la première a échoué, et les autres.Comment avez-vous perçu le développement du capital-risque ? C’est très positif, cela ouvre des perspectives aux entrepreneurs. J’ai créé ma première société dans les années 1990, je faisais de l’import-export de parfums et de biens de consommation avec la Russie. Je n’ai eu bien sûr à l’époque aucun investissement extérieur. Lors des premières rencontres de YEO, au début 2000, nous avons très souvent abordé la question du capital-risque. Ceux qui étaient positionnés sur des business traditionnels restaient prudents et sceptiques, même s’ils étaient alors très sollicités. Ils ont attendu que la période de folie se calme pour s’approprier l’idée du capital-risque.Avec le net, de nouvelles rencontres entre entrepreneurs ont vu le jour. C’est aussi le cas de YEO ? Il est vrai que les clubs se sont multipliés d’un coup mais ils sont restés centrés sur la notion de start-up et non sur celle de l’entrepreunariat. C’est grâce au YEO américain embryonnaire que j’ai découvert, il y a 10 ans, la Russie. Des chapitres européens ont commencé à se former. J’ai sauté sur l’occasion début 2000. Les critères de recrutement sont simples : avoir moins de 40 ans, fonder ou cofonder sa société et réaliser un chiffre d’affaires d’au moins 1 million de dollars (1,2 million d’euros). Nous n’avons pas cherché à recruter l’année dernière de nouveaux membres : nous n’avions pas envie de nous retrouver avec 80 % de start-up.Comment voyez-vous la création d’entreprise aujourd’hui ? On en revient aux fondamentaux : les investisseurs n’imposent plus des cycles d’un an. Tout le monde se rend compte qu’on ne s’improvise pas entrepreneur du jour au lendemain, et qu’il faut au moins 2 à 4 ans pour construire une boîte solide. La différence par rapport aux années 1990 c’est qu’on peut partir aujourd’hui sur des tailles d’entreprises plus importantes.

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Laure Deschamps