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Pénurie d’informaticiens: les syndicats épinglent les sociétés de services

Les organisations professionnelles du secteur des NTIC ont proposé, mi-novembre, l’élaboration d’un plan de rattrapage pour pallier la pénurie des informaticiens en France. La CGT et la CFDT réagissent : la vision à court terme du patronat ne peut régler les problèmes de fond.

Contrairement aux arguments avancés par le Syntec Informatique le 14 novembre dernier, la pénurie d’informaticiens ne s’expliquerait pas uniquement par des lacunes en formation initiale. Selon Yvan Bérand, secrétaire général du Betor-Pub (CFDT pour les sociétés de service), “15 000 informaticiens cadres ont quitté la branche des sociétés de services en 1999”.Il estime que si les entreprises cherchaient réellement à garder leurs informaticiens, la pénurie évaluée à près de 30 000 employés, ne serait pas aussi importante.

Obsolète à 35 ans

Yvan Bérand porte d’ailleurs un regard fataliste sur cette question : ” Les innovations technologiques vont vite. Lorsque que les sociétés clientes abandonnent des systèmes informatiques vieillissants, les informaticiens en pâtissent. Quel intérêt pour l’entreprise de services d’investir dans la formation de collaborateurs chevronnés payés entre 20 000 francs et 25 000 francs par mois, alors qu’ils peuvent embaucher des jeunes diplômés pour près de 15 000 francs ? Concrètement, à 35 ans, les informaticiens expérimentés mais “obsolètes” sont donc invités à partir. “Le secrétaire général de la CFDT déplore également la sous-représentation des femmes dans la profession. Il l’explique par des logiques d’entreprise incompatibles avec la condition féminine : “Quand les informaticiennes attendent un enfant, elle n’ont guère le choix. Les pressions sont telles qu’elles doivent partir définitivement, raconte-t-il, c’est d’ailleurs la seule profession intellectuelle où, en dix ans, la proportion de femmes a diminué.”

Une logique de profit immédiat

Les réactions de la CGT sont plus féroces. Noël Lechat qualifie la proposition de plan de rattrapage de Syntec Informatique de “coup médiatique derrière lequel se cache une mauvaise foi évidente non dénuée d’arrières pensées”. Selon la CGT toujours, “Le seul objectif du Syntec Informatique est de reculer la limite d’âge pour la formation en alternance, non au regard de l’évolution de carrière des salariés, mais pour leur profit immédiat.”. L’abolition de la limite d’âge pour la formation en alternance pourrait en effet provoquer une précarisation de certains postes.Tous, Syntec informatique inclus, prônent une amélioration de la qualité de vie des informaticiens, et surtout la mise en place effective de l’observatoire paritaire des métiers, qui permettrait d’adapter la formation à la demande du marché. Seul problème : un accord pour la création de cet observatoire a été signé en mars 2000, mais il n’aurait toujours pas été envoyé au ministère de l’Emploi.

Penser sur le long terme

Cependant, cette pénurie ne pourra être vraiment réglée qu’en réfléchissant sur le long terme. Au-delà de l’observatoire, la CGT demande “l’enrichissement des responsabilités et le développement de nouvelles compétences”. La CFDT souhaite quant à elle une “amélioration de la formation et des évolutions de carrière”.En filigrane, les pratiques manageriales des sociétés de services sont donc remises en question par les syndicats. En ce sens, seul un changement de la conception du métier d’informaticien dans son quotidien et dans ses perspectives permettrait de régler le problème de façon durable.

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Mélusine Harlé