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On a testé le Steam Controller, la manette de nouvelle génération signée Valve

Célèbre pour son système de distribution de jeux vidéo Steam, Valve signe ici sa première incursion dans le monde du matériel.

Impossible n’est pas Valve : après les rôles d’éditeur et de distributeur de jeux vidéo, l’américain endosse celui de concepteur de matériel avec le lancement de son Steam Controller, une manette de jeu nouvelle génération qui veut faire le pont entre les mondes du PC et de la console. Le fruit d’années de travail et de remise à plat du plus essentiel des accessoires de jeu.

Hasard du tirage

En précommande depuis des mois depuis Steam, son logiciel de distribution de jeux vidéo, la manette n’était théoriquement disponible qu’à partir du 10 novembre.

Seuls les détenteurs de Steam Box, ces PC validés par Valve, devaient recevoir le précieux engin à partir du 16 octobre. Mais nous avions commandé la chose et, bien que non détenteur de Steam Box – erreur de casting ou complot des Illuminati ? – c’est bien vendredi 16 au soir que nous avons reçu le précieux paddle.  

Packaging simple et élégant

Sans fioritures, la boîte de cette manette nouvelle génération comprend tout ce dont on a besoin pour jouer de suite : le Steam Controller en lui-même, un dongle USB pour un usage sans-fil, une base USB et un câble micro USB de 1,5 m de long à deux usages.

Ce dernier à deux usages : soit il sert de connecteur à la base sur laquelle on branche le dongle USB,  soit il fait office de câble d’alimentation de la manette si les piles sont vides, à la manière d’un pad Xbox pour PC.

La documentation est minimaliste, mais il faut dire qu’il n’y a pas grand-chose à faire : une fois le dongle branché sur notre PC sous Windows 10, la manette a été immédiatement reconnue et a fonctionné comme un charme… dès que Steam a été lancé.

Amis gamers nomades, attention à ne pas perdre ce précieux dongle puisqu’aucun magasin physique ne commercialise la manette de Valve : il semble donc pour l’heure impossible de le remplacer.

1 cache-pile = 2 boutons

Sous la manette, un loquet permet de retirer un capot plastique en dessous duquel on insère les piles nécessaires à l’usage sans fil. Un mécanisme astucieux permet de maintenir les deux piles livrées en place et facilite grandement l’extraction des piles une fois en fin de vie. Parenthèse écologique : n’achetez pas de piles mais des batteries rechargeables, les pangolins vous remercieront.

Encore plus malin : une fois le capot remis en place, ce dernier ajoute deux boutons à l’arrière de la manette. Sa face intérieure cache en effet deux picots plastiques qui viennent presser deux boutons cachés sous chacun des symboles en forme de flèche de l’autocollant.

L’héritage et la rupture

Comme toute manette moderne qui se respecte, le Steam Controller comporte les 4 boutons ABXY à droite, héritage de la Super Nintendo et devenu standard depuis. A cela s’ajoute deux fois deux boutons supérieurs L1/L2 et R1/R2 hérités de la première Playstation, un stick analogique gauche et deux gâchettes inférieures que l’on a retrouvé pour la première fois sur feue la Dreamcast de Sega.

Ça, c’est pour la partie classique. Car à côté de cela, Valve a cherché à faire du neuf : la coque arrière qui cache les piles (lire plus haut) propose deux boutons contrôlables avec les annulaires gauche et droits. L’incontournable petite croix directionnelle a disparu et fait place à une grande roue sur le côté gauche tandis qu’à droite, le stick analogique s’est effacé au profit d’une surface ronde et semi-rugueuse qui émule la souris.

Le logo Playstation/Microsoft est remplacé par le célèbre bras mécanique de Valve Software et on retrouve deux boutons flèche gauche et flèche droite en lieu et place de Start et Select. Le paddle ne comprend pas de prise microphone ou casque. Logique : ceci étant une manette pour joueur PC, tout équipement sonore est considéré comme branché à la machine via les prises jack ou USB.

Souris sous Windows

Le pad tactile droit sert non seulement de souris dans les jeux mais aussi sous Windows – idéal pour rentre fou quelqu’un qui n’aurait pas réalisé que l’adaptateur Bluetooth est branché sur son PC. Doté d’une assez forte inertie, il s’avère assez pratique à l’usage, même si on vous met au défi de faire vos retouches Photoshop avec. Le bouton R2 (pourtant à droite) sert de clic gauche tandis que L2 (pourtant à gauche) sert de clic droit. Cette incohérence sur le papier est en fait normale à l’usage – sans doute a-t-on le réflexe de cliquer gauche avec la main droite puisque c’est de ce côté que l’on pilote la souris. Fait amusant : cette surface émet un petit son dès qu’on l’utilise, un genre de couinement qui varie selon l’intensité du geste.

Steam only ?

Sitôt branchée, sitôt reconnue, et sitôt reconnue, sitôt mise à jour ! On sent que Valve suit de très près sa précieuse manette et il y a fort à parier que de nombreuses autres évolutions logicielles devraient avoir lieu dans les mois qui viennent. L’interconnexion entre Steam et la manette est très forte, trop à notre goût. Lorsque Steam est lancé, le Controller peut servir à piloter votre ordinateur. Mais une fois Steam fermé, la surface “souris” est désactivée et le Controller devient presque inutile.

En voulant tester la compatibilité avec un ancien jeu – Rayman Forever en édition Good Old Games – nous avons fait les découvertes suivantes avec Steam lancé en tâche de fond : en filaire, le Steam Controller n’est pas reconnu… en mode sans fil, il est reconnu mais impossible à paramétrer, tant et si bien que seuls les boutons de déplacement et le bouton de saut, placé à l’arrière de la manette, fonctionnent (impossible de lancer le poing donc).

Finalement, toujours en mode sans fil, une fois que Steam est fermé, la manette n’a plus aucune interaction sur ce vieux jeu DOS, pourtant parfaitement jouable avec un pad Xbox 360. Bilan : le Steam Controller semble avoir besoin que le logiciel Steam soit lancé en tâche de fond pour interagir avec Windows et d’autres programmes… et sa compatibilité avec des jeux non Steam est au mieux incomplète. Espérons que des mises à jour corrigent ce défaut.

Croix absente, ABXY trop petits

Ce n’est pas évident au premier coup d’œil, mais la manette est plus encombrante que celle de Xbox : non seulement elle est un peu plus volumineuse mais en plus la surface sur laquelle sont réparties les commandes est plus large – dessus comme dessous.

On ne parle pas de la DualShock 3 de Sony, petit poucet de la compétition. Mais si le Steam Controller semble plus adapté aux grandes mains, paradoxalement ses boutons ABXY sont vraiment trop petits ! On glisse trop facilement de l’un à l’autre et la confusion est fréquente – chose qui n’arrive jamais sur un pad de Xbox ou PlayStation.

Valve a sans doute été forcé de réduire la surface qu’ils occupent pour insérer le rond tactile, mais le résultat est un peu bancal. A force d’habitude on doit sans doute s’y faire, mais en venant de la Playstation ou de la Xbox on est  un peu déstabilisé.

Dernier reproche : la disparition de la croix directionnelle. Comme on va le voir dans les tests, les jeux de combat et de plates-formes se pilotent bien mieux avec une petite croix qu’avec le dispositif de Steam.

Les jeux testés

Nous n’avons bien sûr par terminé 100 jeux en un week-end avec ce Steam Controller, mais nous l’avons tout de même frotté à pas mal de titres. Citons Bastion, Borderlands 2, FEZ, Kings Bounty : Crossworlds, Metal Slug 3, Retro City Rampage DX, Rogue Legacy, Tomb Raider (le reboot de 2013), Trine 2, Call of Duty : Modern Warfare 3, et Super Meat Boy. Du FPS, de l’action, de la plateforme 2D et vue de dessus bref, un large panel de jeux auquel il manque cependant du combat et du jeu automobile. Mais ça, ça sera pour le test complet !

Ca marche avec les jeux cools

Aucun souci avec les platformers d’exploration type FEZ, ni avec les jeux « PC purs » comme Kings Bounty. Dans le premier cas, le stick analogique est suffisant pour diriger le personnage, dans le second, la surface tactile quoi que plus lente que la souris la remplace avantageusement puisque l’usage du clavier dans ce jeu est nul. Au passage, on peut tout à fait penser jouer à Civilisation vautré dans son canapé avec cette manette tant sa surface tactile est précise, bien plus que tous les sticks analogiques que nous avons déjà testés. Bastion, quoi qu’un peu plus énergique, reste un bon candidat et nous avons pu terminer sans encombre la première course-poursuite de Tomb Raider et évoluer sans trop mourir dans Rogue Legacy.

C’est moins probant avec les jeux speed

La précision digne d’une souris du Steam Controller a un revers : la manette est moins adaptée aux jeux nerveux. A cause de l’absence de croix directionnelle autant que par la lenteur de la surface tactile face à un stick analogique. Déjà pas trop fans de FPS à la manette, nous nous sommes pris une déculottée dans Call Of Duty. Le passage à la manette de Xbox a été un petit soulagement mais nous avons finalement terminé le niveau avec le bon vieux couple clavier + souris. La lenteur et la sur-précision du pad Steam le rend un peu trop mou pour Trine 2 et il est carrément largué sur Super Meat Boy, jeu nerveux s’il en est. Nous avons connu de petits problèmes de continuité de trajectoire sous Metal Slug 3 – l’inclinaison de l’arme du personnage se bloque – et Borderlands était jouable, sans plus.

Totalement paramétrable, ouvert aux hacks

Tout nouveau modèle doit lutter contre le poids des habitudes et non seulement il faut se déshabituer, mais en plus laisser le temps à Valve et aux éditeurs logiciels de construire des préréglages équilibrés pour les milliers de jeux. Steam propose d’ailleurs de choisir les réglages de base, des réglages éditeurs – encore absents à l’heure actuelle – ou des modèles proposés par la communauté – ce qui fut notre salut.

On peut non seulement paramétrer la manette dans chaque jeu, mais sous Steam on peut aussi demander à chaque bouton d’émuler n’importe quelle touche du couple clavier/souris. Mieux : conscient qu’il y a encore du chemin à faire, Steam a confié à Polygon être ouvert à toute amélioration et devrait diffuser de manière gratuite les plans physiques de sa manette pour que la communauté y apporte son grain de sel via l’impression 3D.

Un pad encore jeune

En l’état, le Steam Controller ne semble pas prêt à remplacer un pad Xbox ou le duo clavier + souris. Il faut plutôt le voir comme une troisième voie, une manette qui combine le potentiel des deux et permet de jouer à certains jeux PC de manière bien plus confortable qu’avec une manette Xbox, le tout roulé en boule dans le sofa et non prostré face à l’ordinateur. Les améliorations logicielles sauront-elle faire évoluer son potentiel ?

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