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Olivier Midière (mission TIC & TPE)

‘ Il faut être vigilant avec une industrie qui cherche vraiment à manipuler le client. ‘

Le fondateur du cabinet de conseil EBC Net, également auteur de la trilogie L’aigle, le b?”uf et l’e-business, a été chargé par le ministère des PME de dynamiser l’usage des outils numériques au sein des
petites entreprises.Décision informatique : Quel est l’objectif de la mission ‘ TIC & TPE ‘ que vous a confiée Christian Jacob, le ministre des PME ?


Olivier Midière : Faire des propositions pour accélérer le développement des usages et des outils numériques dans les PME de moins de vingt personnes, soit près de 2 400 000 entreprises en France. Pour ce
faire, nous allons délivrer un ‘ passeport numérique ‘ aux utilisateurs qui auront suivi au moins huit des vingt modules de la formation que nous proposerons. Nous allons également labelliser
différentes offres logicielles et matérielles correspondant aux réels besoins des PME.


L’objectif est de faire souffler un vent numérique sur les entreprises, et d’en profiter pour dynamiser les réseaux d’appui que sont les CCI, les chambres des métiers ou les espaces publics numériques, soit plus de
600 structures-relais. Nous allons proposer une offre informatique, télécoms et Internet plus attractive par une aide au financement plus lisible en termes de prix et plus accessible. Si on veut entrer dans la société de la connaissance, il
faut dynamiser la demande et donc la structurer. Mais pas à n’importe quelle condition. Pour tout faire, le budget s’élève à 10 millions d’euros sur deux ans, ce qui est peu au regard du nombre d’opérations en cours.Concrètement, comment allez-vous toucher ces PME ?


Nous avons pour objectif de former environ 300 000 utilisateurs en deux ans. Pour ce faire, nous allons impliquer dans ce projet les fédérations professionnelles, les experts comptables, les acteurs de la formation…
Bref, nous avons une vraie puissance de feu pour croiser les entreprises par département. Il faut dire que l’enjeu est énorme. Pour rappel, l’informatique contribue à hauteur de 6 % de la valeur ajoutée en France, soit plus que
l’automobile.Et quels seront les bénéfices de cette formation ?


Elle donnera droit, notamment, à un certificat numérique pour sécuriser ses échanges électroniques, ses appels d’offres, ses télédéclarations de TVA, et autres démarches administratives en ligne. Dès que le passeport sera obtenu, nous
proposerons des conditions de financement automatique d’aide à l’équipement. En parallèle, nous mettons en place un réseau de 1000 revendeurs pour assurer la distribution mais aussi le service. Nous voulons un guichet unique et un référent qui
puisse suivre l’entreprise, au moins pendant un an.Vous travaillez en direct avec les fournisseurs informatiques. Quels enseignements en tirez-vous ?


Cette mission est intéressante, car elle offre la possibilité de créer un rapport de force avec les fournisseurs sous un angle utilisateur ; ce qui permet de leur mettre la pression et de les inciter à sortir de leur discours
complexe. Il faut être vigilant avec une industrie qui cherche à manipuler le client, quitte à lui vendre des équipements inadaptés. Ce qui est certain, c’est que cette opération n’a pas pour objectif de vendre de l’équipement, mais d’aider les
entreprises à gagner de l’argent. Les industriels doivent donc savoir que nous allons être hypervigilants et que nous ne leur donnerons pas carte blanche.


Je constate aussi qu’il manque des offres adaptées aux entreprises de moins de vingt personnes, par exemple en VoIP. Du coup, je préconise Skype ou un équivalent. Là, il peut y avoir un rapport de force avec des fabricants qui ne
voient pas forcément cela d’un bon ?”il. L’idée n’est pas d’utiliser ce qui sert l’industrie, mais ce qui est utile à l’entrepreneur.

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Fabrice Frossard