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NVIDIA obligée de brader ses GPU en Chine

En raison des restrictions américaines qui entravent les performances de ses GPU, d’une concurrence de plus en féroce, et d’une directive de Pékin intimant les entreprises du pays d’acheter des puces conçues par des entreprises locales, NVIDIA n’est plus dans une situation sereine qu’autrefois en Chine.

Le succès de NVIDIA sur le secteur de l’intelligence artificielle est incontestable : ses GPU tels que les H100, des accélérateurs destinés aux centres de données, se vendent comme des petits pains (selon TechPowerUp, l’année dernière, NVIDIA a dominé le marché des GPU pour l’IA à hauteur de 90 %). En mars dernier, l’entreprise a dévoilé ses GPU Blackwell, qu’elle présente comme les puces IA les plus performantes du moment, et rapidement prévenu que l’offre initiale ne satisferait pas la demande. En outre, NVIDIA prévoirait une nouvelle génération de GPU dès l’année prochaine, Rubin. Bref, à première vue, tout semble aller pour le mieux.

Des sanctions qui mettent des bâtons dans les roues de NVIDIA

En raison des sanctions américaines qui limitent la vente de certains composants en Chine sur la base de leurs performances, la situation de NVIDIA dans l’Empire du Milieu est un peu plus compliquée. Néanmoins, jusqu’ici, la société dirigée par Jensen Huang s’en sortait plutôt bien : profitant du retard de ses concurrents locaux, elle y commercialise des versions tronquées de ses GPU. Parmi ces produits, citons la H20, dérivée de la H800, pour les centres de données – une solution qui a finalement été lancée dans le pays en début d’année – ou encore la GeForce RTX 4090D, pour prendre l’exemple d’un produit grand public.

Nvidia H20 Sxm L20 L2 Chinese Ai Gpu Specifications
Spécifications H20 © NVIDIA

Selon un rapport de Reuters, l’horizon est toutefois en train de s’assombrir en Chine pour NVIDIA. Le journal rapporte que les débuts de la H20 sont moins bons que prévu : l’offre est excédentaire (donc la demande plus faible qu’elle n’avait été anticipée). En conséquence, l’entreprise a été contrainte de revoir sa tarification à la baisse d’environ 10 %.

En outre, NVIDIA serait désormais confrontée à une concurrence féroce de la part de Huawei. La marque chinoise, qui a eu du mal à se défaire des sanctions américaines, lesquelles ont notamment entravé ses capacités de fabrication, sort la tête de l’eau depuis quelques mois. Elle commercialise notamment des GPU Ascend 910B délivrant une puissance de calcul équivalente à celle du GPU A100, à en croire un rapport de SemiAnalysis.

Concrètement, selon Reuters, NVIDIA écoulerait ses H20 à 100 000 yuans l’unité, alors que Huawei vend ses 910B à plus de 120 000 yuans l’unité. Le serveur à huit cartes NVIDIA se négocierait à un prix d’environ 1,1 million à 1,3 million de yuans par serveur, tandis que ceux de Huawei se vendraient plutôt entre 1,3-1,5 million de yuans par serveur. Et malgré cet écart de prix, les clients chinois, pour lesquels le patriotisme économique n’est pas un simple affichage mais bien un dogme, privilégieraient la puce de Huawei.

Des décisions politiques délétères pour NVIDIA

De fait, un précédent un rapport de The Information allègue que des sociétés telles qu’Alibaba, Baidu, ByteDance et Tencent ont reçu l’ordre de Pékin de s’émanciper des puces fabriquées à l’étranger, comme celles de NVIDIA. Un juste retour des choses face à la politique américaine, sommes-nous tentés de penser.

Ceci étant, Reuters souligne que le marché chinois a contribué à hauteur de 17 % au chiffre d’affaires de NVIDIA pour l’exercice 2024. Néanmoins, mercredi dernier, lors de la présentation des résultats financiers de l’entreprise, les mots d’ordre étaient la prudence et l’incertitude.

Tandis que la part mondiale de la Chine dans l’industrie de l’IA devrait dépasser les 30 % en 2035, selon un rapport du cabinet d’études de marché chinois CCID Consulting, Hebe Chen, analyste de marché chez IG, estime que « NVIDIA est sur la corde raide et s’efforce de trouver un équilibre entre le maintien du marché chinois et les tensions avec les États-Unis ».

Du côté de NVIDIA, Colette Kress, sa directrice financière, a déclaré mercredi que « le chiffre d’affaires pour les centres de données en Chine est en baisse significative par rapport au niveau précédant l’imposition des nouvelles restrictions sur le contrôle des exportations en octobre ». Elle a ajouté : « Nous nous attendons à ce que le marché chinois reste très compétitif à l’avenir » ; pour le dire autrement, que NVIDIA y soit de plus en plus contestée.

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Source : Reuters


Rémi Bouvet
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