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“Nous pourrions réserver de bonnes surprises au marché “

Le président d’Infogrames laisse entendre que ses pertes pourraient être moindres que prévues, et ne croit pas au projet de diversification de TF1.

Comment se présente l’activité de fin d’exercice ? Le trimestre en cours (*) est marqué par des activités nord-américaines très satisfaisantes. Sur un plan plus général, nous sommes toutefois pénalisés par le lent démarrage de la Playstation 2 de Sony et nous restons inquiets dans cette phase de transition. Le consommateur a est attentiste, car il n’y a pas pour le moment de produits à la hauteur des capacités des nouvelles machines. Nous attendons beaucoup du quatrième trimestre car nous annonçons de grandes sorties : Alone in the Dark, Astérix, Le Mans.Vous maintenez donc les dernières prévisions du marché, dont une perte de 50 millions d’euros (328 millions de francs)? Les révisions faites par les analystes tournent autour des 700-750 millions d’euros ( 106,7-114 millions de francs) de chiffre d’affaires sur l’année, je n’ai pas de raison de les modifier. Quant au montant de la perte, si on me donne cette flexibilité, je l’accepte, le marché aura peut-être de bonnes surprises.D’autres acteurs, comme TF1, se penchent sur le marché du jeu. Craignez-vous cette concurrence ? Non, parce que télévision et jeu vidéo sont deux métiers trop différents. Si j’avais un seul conseil à donner à Patrick Le Lay [président de TF1, ndlr], ce serait de ne surtout pas croire que le jeu peut être un dérivé du programme audiovisuel. De plus, le secteur demande des investissements tels qu’un nouvel entrant aurait vraiment du pain sur la planche.Comment se passe l’intégration d’Hasbro ? Les effectifs sont passés de 700 à 300 salariés. Nous avons provisionné un peu moins de 30 millions de dollars (33,2 millions d’euros) pour la restructuration. L’intégration est ultra-rapide, Hasbro a d’ailleurs généré 7 millions de dollars de ventes pour son premier mois d’exploitation sous les couleurs d’Infogrames.La faiblesse du cours de Bourse pénalise-t-elle la croissance externe ? Il n’y a pas de société qui nous intéresse en France. Nous pêchons en Asie. Mais c’est un travail de longue haleine et il n’est pas sûr que cette expansion doive se faire par des acquisitions.L’audiovisuel est-il un relais de croissance pour Infogrames ? Il est beaucoup trop tôt pour cela. Je ne vois pas un seul exemple d’un produit audiovisuel dérivé d’un jeu qui ait été un succès. Nous avons, nous aussi, des contrats à Hollywood. Dans ce métier, cela fait partie de l’armada marketing…On ne retrouve pas votre discours sur le ” global gaming ” (jeu sur TV, téléphone, PC). Infogrames planche à la fois sur ce qu’on appellerait de la recherche fondamentale et sur des technologies émergentes. Mais pour le moment, les applications sur téléphone ne sont pas attractives. Avec les marques d’Hasbro, on entrera dans un univers vraiment grand public. Mais l’audiovisuel, tout comme le livre, appartient à la branche narrative de l’expression. Le jeu fait partie de la famille immersive.Marier les deux familles, c’est bouleverser les fondamentaux de ces deux métiers. Je crois beaucoup plus, comme relais de croissance, à des applications fondées sur des expériences plus immersives.Les activités internet ont grevé vos comptes en 2000. Que va devenir Games.com, héritage d’Hasbro ? L’équipe a été réduite de 140 à 10 salariés. Games.com c’est un formidable générateur d’audience qui intéressera forcément des gens qui ont une stratégie d’audience.Games.com est sur le marché. Et Gamecitizen.com ? La société était dans la corbeille de DTI, notre filiale canadienne. Elle fait partie des actifs transmissibles. Infogrames n’est pas un gestionnaire d’audience. Les observateurs s’inquiètent de la tendance inflationniste du coût des programmes…Aujourd’hui, on développe 50 % des productions que l’on édite, le reste étant acheté . Il faut ” décorréler ” la qualité d’un titre à son coût de développement. Chez Infogrames, deux types de projet coexistent : ceux au budget défini d’avance ?” 1,2 million de dollars maximum pour les consoles et 500 000 dollars pour les PC ?” et ceux qui définissent leur propre genre, les hits. Ces derniers sont des prototypes. Un Driver coûte 4 millions de dollars, un Unreal Tournament, 5 millions de dollars. À quoi s’ajoutent les coûts marketing : un franc en développement induit le double en marketing.Des hits, combien en risquerez-vous dans l’année ? Nous prévoyons de risquer une dizaine de hits par an. Soit 170 à 180 millions de dollars en développement cette année.Certains process sont externalisés dans des pays à main d’?”uvre bon marché, comme le Viêtnam…Il y a effectivement des talents au Viêtnam sur le ” game design “. Nous faisons dessiner là-bas toutes les voitures de notre jeu les 24 Heures du Mans pour PS2 et X-Box. Le résultat est remarquable. L’économie, par rapport à la production en Europe, est de l’ordre des deux tiers. Et le poste graphique représente 40 % des coûts de développement d’un jeu.Les géants comme AOL Time Warner sont des prédateurs possibles d’Infogrames…Infogrames est opéable, mais une attaque hostile difficile. Et nous ne sommes pas approchés aujourd’hui pour une OPA amicale . Nous sommes plutôt dans une logique d’acquisitions, avec 140 millions d’euros de cash et de 250 millions de ligne de crédit disponibles.
(*) L’exercice 2000-2001 d’Infogrames sera clos le 30 juin.

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Jean-Michel Cedro et Amaury Mestre de la Roque