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Motorola reste serein dans la tourmente des télécoms

Pas encore prêt pour la 3G, Motorola ne s’inquiète guère de la concurrence asiatique. Explications de son directeur technique, Dennis A. Roberson.

Alors que les actions de nombre d’équipementiers ont été reléguées au rang d’actions ” pourries ” (junk bonds), Motorola continue d’afficher une sérénité déconcertante dans un monde des télécoms en pleine déliquescence.” Vous savez, nous valons plus que Lucent, Nortel et Ericsson réunis “, explique Dennis A Roberson, le directeur technique (CTO, Chief Technology Officer) de Motorola. Et de livrer une explication limpide : ” Nous avons anticipé la chute du marché et commencé à établir des plans de rigueur alors que nos concurrents continuaient de clamer que l’année 2001 serait une bonne année. “Aujourd’hui, la cible principale du constructeur américain est clairement la troisième génération de téléphonie mobile.” Nous investissons autant dans le W-CDMA (norme retenue dans les pays européens, NDLR) que dans le CDMA 2000 (plutôt pour les marchés américains et asiatiques) “, explique Dennis A. Roberson. Le CTO de Motorola reste confiant : pour lui, on comptera des utilisateurs 3G en Europe dès l’année prochaine ” même si ce marché ne sera pas encore de masse et, même si, aujourd’hui, nous ne sommes pas prêts “.Et les concurrents qui clament l’être ? “Ceux-là ne sont pas francs. Il est temps que les constructeurs adoucissent un peu leur arrogance. Elle n’est pas bonne pour l’industrie”, estime-t-il. Une arrogance qu’il affirme avoir mise de côté depuis deux ans.Pour justifier d’une arrivée en 2003 de l’UMTS, Dennis A. Roberson explique que les constructeurs ont largement tiré les leçons des erreurs du GPRS (retard dans la compatibilité et la disponibilité des terminaux).A la question d’une avance asiatique dans le développement de terminaux à écrans larges et couleur, le CTO répond avec un haussement d’épaules : “s’ils sont effectivement en avance avec leurs écrans couleur, nous sommes plus en avance qu’eux dans l’embarquement de l’électronique dans les terminaux”. Par ailleurs, le constructeur sera en mesure de lancer des terminaux couleur d’ici à la fin de l’année en Europe.

Le financement douteux de la 3G

Combien Motorola a-t-il signé de contrats pour la fourniture de réseaux 3G (W-CDMA et CDMA 2000) dans le monde ?Sans ambages, le CTO répond “moins qu’on ne l’aurait voulu”. Mais il reste confiant car “la plupart des contrats signés sont en cours de renégociation. Certains fournisseurs n’ont en effet pas honoré les commandes de leurs clients.”Il explique également que la difficulté du marché actuel contraint les équipementiers à impliquer fortement les opérateurs dans leurs efforts de développement : “Quand le marché s’est retourné, les constructeurs ont commencé à demander à leurs clients de financer l’engineering des produits 3G pour prouver qu’ils ont bien l’intention de lancer cette nouvelle génération.”Cependant, il dénonce la manière dont ont été signés certains contrats de fourniture d’équipements, avec des crédits fournisseurs pouvant atteindre jusqu’à 150 %.” Dans ce contexte, des constructeurs comme Nokia ont acheté leur business et se sont retrouvés dans une situation de payer pour travailler “, déplore-t-il. Décidément, Motorola n’a pas l’intention de jouer les figurants dans un marché devenu houleux.

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Jérôme Desvouges