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Mobile, fibre, ADSL… Quelle est l’empreinte environnementale des opérateurs télécoms ?

Le gendarme des télécoms a passé au crible l’empreinte environnementale des opérateurs. Il va falloir rester vigilant sur les émissions de gaz à effets de serre liées à la consommation électrique.

L’Arcep a pour mission depuis fin 2021 de collecter les indicateurs de l’empreinte environnementale du secteur des télécoms. L’autorité vient de publier sa première enquête annuelle à partir de données récoltées auprès des quatre plus gros opérateurs.

Des émissions carbones à surveiller

A première vue, il y a de bonnes nouvelles puisqu’ils ont réussi à réduire leurs émissions carbone*. Les quatre principaux acteurs ont émis 362 000 tonnes équivalent Co2 en 2020, en recul pour la deuxième année consécutive, et de 4 % en un an en 2020. Toutefois, il faut prendre ces chiffres avec la plus grande prudence.

La pandémie a fait nettement baisser les déplacements et donc les émissions liées aux véhicules en raison de la réduction temporaire d’activité. Cela pourrait donc repartir à la hausse, même si les opérateurs ont réussi à améliorer l’efficacité énergétique de leurs bâtiments depuis 2019. 

Et surtout, dans le même temps, les émissions dues à la consommation électrique augmentent. Cela est dû aux usages qui ont explosé depuis la crise sanitaire et aux déploiements de réseaux qui se sont intensifiés. Et la tendance n’est pas près de s’inverser. Il va donc falloir surveiller cet indicateur avec la plus grande prudence à moyen terme. 

* pour les détails sur le périmètre pris en compte, voir encadré en bas de l’article.

Les émissions de gaz à effet de serre concernant les scopes 1 et 2 dans le premier graphique. En-dessous, la consommation énergétique des réseaux fixes et mobile.
Arcep – Les émissions de gaz à effet de serre concernant les scopes 1 et 2 dans le premier graphique. En-dessous, la consommation énergétique des réseaux fixes et mobile.

Les réseaux consomment de plus en plus

Certes, la consommation énergétique des réseaux a pesé moins de 1 % sur la consommation totale de la France en 2020. Pour autant, elle n’a cessé de progresser entre 2016 et 2020 et atteint désormais 3 800 GWh. Elle correspond essentiellement à l’utilisation d’électricité et provient à 85 %  des réseaux d’accès fixes et mobiles, soit la partie finale qui sert à relier les abonnés au réseau de l’opérateur. Les réseaux de collecte et les cœurs de réseaux ne pompent que 15 % du total. 

Si l’on regarde en détail cette consommation énergétique, plusieurs enseignements se dégagent suivant les technologies. C’est le réseau mobile qui est le plus gourmand, à hauteur de 58 %, contre 27 % pour les boucles locales fixes. Cela est dû au fait qu’il y a davantage de cartes SIM en circulation que d’abonnements fixes.

On sait également à présent que les réseaux d’accès cuivre ont consommé, en moyenne, environ 35 kWh par abonnement en 2020, contre moins de 10 kWh sur les réseaux fibre. Le passage du cuivre à la fibre optique devrait donc faire baisser la consommation énergétique des réseaux fixes.

N’oublions pas cependant que décommissionner le cuivre et déployer la fibre optique va induire des émissions de gaz à effets de serre supplémentaires, entre autres impacts environnementaux, comme nous le faisions déjà observer en début d’article. Gagner en consommation d’un côté peut aussi s’accompagner d’une augmentation de l’impact dans d’autres domaines. La facture environnementale n’en sera ainsi pas forcément allégée.

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Des progrès à faire en reconditionnement et recyclage

Le troisième indicateur suivi par l’Arcep concernait les téléphones mobiles, leur vente, leur reconditionnement et leur recyclage. En 2020, les quatre principaux opérateurs ont vendu 155 000 téléphones reconditionnés, soit 2 % du total de leurs ventes de terminaux mobiles. Ce chiffre s’élève à 13 % au niveau national. Ils ont donc des progrès à faire dans ce domaine, principalement auprès des entreprises qui rechignent à investir dans du matériel de seconde main. La collecte des terminaux non utilisés laisse aussi à désirer puisque 53 % d’entre eux restent aux mains de leur propriétaire. Et, le nombre de téléphones collectés a chuté avec la crise sanitaire. Il faut espérer que cette pratique reparte à la hausse.

Cette enquête est une première mouture que l’Arcep promet d’enrichir. La prochaine fois, les données d’autres acteurs seront compilées comme celles des fabricants ou des opérateurs de centres de données.

Source : l’Arcep

Le scope 1 et le scope 2.
Arcep – Le scope 1 et le scope 2.

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Amélie CHARNAY