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Microsoft-Yahoo! : les réactions à chaud

Si l’offre de rachat annoncée par Microsoft n’a pas surpris les observateurs, beaucoup d’inconnues subsistent. Quelle sera la réponse de Yahoo! ? Comment contrer Google ? Les réponses sont contrastées.

‘ Il n’est pas sûr que Yahoo! dise OUI ‘


Vincent Bonneau (IDATE)


‘ Sur le papier le “premium” c’est-à-dire la prime à l’achat (62 % de plus que cours actuel du titre) que propose Microsoft aux actionnaires de Yahoo! peut sembler important. Mais si l’on remet
les choses en perspective et si l’on regarde ne serait-ce que deux mois en arrière, ce n’est pas le cas. Car entre temps la capitalisation boursière de Yahoo! a fondu comme neige au soleil, et le contexte général des marchés n’est pas totalement
étranger à cette évolution. Il n’est donc pas certain que Yahoo! accepte l’offre de Microsoft.


Et pourtant, le rapprochement de ces deux acteurs est intéressant. Ils ont dans bien des cas des business similaires. Sans pour autant être en concurrence frontale au niveau géographique. Par exemple au niveau des portails,
Yahoo! est fort aux Etats-Unis et Microsoft, en Europe. Idem pour les messageries instantanées. Sans parler des positions traditionnellement fortes d’un Yahoo! au Japon. Quant à la publicité en ligne, si des synergies sont possibles entre Yahoo! et
Microsoft, l’avance de Google est aujourd’hui considérable car, quand ils ont des budgets à placer, bien des annonceurs passent par des agences spécialisées qui choisissent de traiter avec le numéro un du marché c’est-à-dire
Google. ‘

‘ L’audience de Yahoo! conjuguée à l’agressivité de Microsoft sur la publicité en ligne ‘

Tariq Krim (PDG de Netvibes)‘ La publicité en ligne comme le marché du “search” est actuellement archi-dominée par Google. Yahoo! a eu plusieurs occasions de se positionner fortement sur ce marché. D’abord avec le rachat
d’Overture, ensuite avec le lancement de sa plate-forme publicitaire Panama. Mais ils n’ont pas su ou pu réussir la monétisation de ce savoir-faire qui leur tendait les bras. De même, Yahoo! ne s’est pas imposé sur le terrain des “réseaux
sociaux”. De son côté MSN, le portail de Microsoft est loin d’être une machine à cash. Reste pourtant deux points forts, et pas des moindres. D’une part l’audience de Yahoo! qui est toujours l’une des portes d’entrée du Web, et l’agressivité
actuelle de Microsoft au plan publicitaire (Microsoft a récemment pris le contrôle de la régie publicitaire du réseau social Facebook, moyennant une prise de participation minime dans le capital de la start-up). ‘

‘ Attention aux lois antitrust ! ‘



Andrew Frank (Vice-président du cabinet d’analyses Gartner)‘ L’existence de lois antitrust peut poser problème pour une opération de cette taille. C’est vrai pour le marché américain, mais aussi pour l’Union européenne où l’on a vu que les autorités n’ont pas l’habitude
de rester les bras croisés dans ce domaine. ‘

‘ A priori ce nouvel équilibre est une bonne chose pour le search et les internautes ‘


Marc Mayor (DG de MySpace France)


‘ A priori, l’opération a du sens d’un point de vue concurrentiel pour Yahoo! qui était en perte de vitesse, y compris sur le marché français. (…) Un acteur qui domine le search comme Google,
avec plus de 85 % de parts de marché, ce n’est pas la meilleure des choses tant pour la recherche en ligne que pour les internautes. (…) Le marché de l’Internet est très jeune. Il peut toujours y avoir des bouleversements
technologiques ou économiques quels que soient les acteurs en présence. Il y a toujours de la place à prendre pour de nouveaux entrants sur le search comme sur le Web 2.0. ‘

‘ Préserver les revenus d’Office sur le long terme ‘



David Mitchell (Vice-président IT Research du cabinet d’études Ovum)‘ Avec cette opération, les deux acteurs ont beaucoup à gagner, notamment dans le domaine de la publicité en ligne. Mais plus spécifiquement pour Microsoft, on peut voir dans se rapprochement une chance de
préserver sur le long terme les revenus générés par sa suite bureautique Office. Car sur ce point Yahoo! dispose d’une grande capacité de distribution, et d’une certaine avance technologique sur Google. On peut donc imaginer la mise à disposition en
ligne en version payante ou avec de la publicité de ces outils bureautiques, à un moment où Google malgré quelques lancements symboliques, n’est pas encore un acteur de poids sur ce marché. ‘



‘ Sans commentaire ‘


Google‘ Cette annonce est trop prématurée pour faire le moindre commentaire. Qui plus est nous n’avons pas pour habitude de commenter les activités de nos concurrents. ‘

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Propos recueillis par Hélène Puel et Philippe Crouzillacq