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MarchFirst fait faillite : la chute d’un mastodonte

La société de conseil internet a été victime d’un marché défaillant et des difficultés internes.

Ventes d’actifs, licenciements massifs et démissions en chaîne n’auront pas suffi à sauver MarchFirst. La plus grosse agence web d’outre-Atlantique s’est mise sous la protection du chapitre 11 du Code fédéral du commerce américain. Autrement dit, c’est la faillite qui vient conclure plusieurs mois de plans de restructuration et de tentatives avortées de sauvetage. Fin 2000, MarchFirst annonçait une première vague de licenciements de 10 % de ses effectifs. Puis, plus récemment, une seconde vague de dégraissage, associée à la vente de certains actifs et à la démission de plusieurs dirigeants.Pourtant, à sa création au début de l’année 2000, MarchFirst représentait 6 milliards de dollars et près de dix mille employés à travers le monde. Au-dessus du berceau, deux parents. D’une part, Whittmann-Hart, cabinet de conseil fondé en 1984, réputé et ayant atteint une taille respectable essentiellement par le biais de la croissance interne. D’autre part, USWeb/CKS, elle-même née en 1995 de la fusion de USWeb, société d’ingénierie internet, et de CKS, agence marketing, auxquelles sont venues s’ajouter une quarantaine de sociétés acquises en quelques années.

Les filiales européennes ne sont pas encore concernées

es deux entités fondatrices de MarchFirst ont des cultures différentes. Whittmann-Hart est spécialisée dans le back office pour les entreprises de taille moyenne, tandis que USWeb est concentrée sur le front office, internet et le design, plutôt pour les grandes entreprises. Ces caractéristiques qui, réunies, auraient dû faire le succès de MarchFirst, semblent plutôt avoir été un frein à son développement, l’intégration de toutes les entités se révélant plus difficile que prévu.A cela sont venus s’ajouter le ralentissement économique aux Etats-Unis, l’effondrement de la clientèle des start up et la concurrence des grands cabinets de conseil. Résultats: un chiffre d’affaires en baisse de 42% au quatrième trimestre 2000 et de graves difficultés financières. Malgré l’apport en décembre de 150 millions de dollars par Francesco Partners, fonds d’investissement privé, les dettes de l’agence web restent trop importantes et s’élèvent à 53 millions de dollars, dont 12 millions pour Microsoft, 10,5 millions pour Credit Suisse First Boston et 5 millions pour PNC Bank.La mise en faillite permet aujourd’hui à MarchFirst de gérer plus facilement son plan de liquidation et de vendre ses bureaux et ses filiales. Ainsi, après une première cession des actifs de Whittmann-Hart, grand perdant dans l’affaire, car rentable avant la fusion, à la start up Divine Interventures, un second accord porte sur HostOne et la participation dans le fonds de capital-risque Blue Vector. Havas Advertising récupère McKinney & Silver et Epic Software & Services s’est intéressé aux bureaux de New York, New-Jersey et Boston.Les discussions se poursuivent pour le reste de ses bureaux et filiales américaines et étrangères. Si la mise en faillite ne concerne pas les filiales implantées en Europe, des évolutions sont à attendre dans les prochaines semaines, notamment en France. Mais la direction générale de la filiale française ne souhaite pas s’exprimer sur le sujet actuellement.

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Corinne Montculier