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Manifestation contre la loi sur le renseignement, nous y étions

Alors que le projet de loi sur le renseignement est débattu pour la première fois devant l’Assemblée nationale, les défenseurs des libertés citoyens battent le pavé pour empêcher le vote d’un « Patriot Act à la française », jugé liberticide.

 « Je suis sur écoute », « Non à la surveillance de masse », « #UnfollowMe », « Protégez nos libertés ». Telles ont été les slogans scandés aujourd’hui, 13 avril, près de l’Assemblée nationale, où plusieurs centaines de personnes se sont réunies vers 12h30 pour manifester contre le projet de loi sur le Renseignement. Ce texte est examiné ce lundi pour la première fois par les députés.
Plusieurs associations, regroupées dans « l’Observatoire des libertés et du numérique » avaient appelé à protester contre ce projet de loi, parmi lesquelles le syndicat de la magistrature, le syndicat des avocats de France, Amnesty International, Attac, la Ligue des droits de l’Homme, le Syndicat National des Journalistes, le SNJ-CGT, Solidaires, la Quadrature du Net ou Droit au Logement.

Les manifestants, dont le symbole est un œil barré d’une croix, dénoncent « un texte présenté à tort comme une loi antiterroriste (…) qui donne aux services de renseignement des pouvoirs de surveillance massifs sans contrôle réel », et le « choix de la procédure d’urgence ».
Parmi les personnes présentes, Cécile Duflot. « Tout pouvoir a été donné à l’autorité administrative et au Premier ministre. C’est un projet de loi qui touche au sens même de la constitution », a-t-elle affirmé. « Si vous réclamez un droit à l’intimité, on vous dit que vous laissez faire les terroristes », s’est insurgée l’ancienne ministre.

« Nous sommes aujourd’hui du bon côté de la démocratie. Notre courage est le même que celui des Assange et des Manning » a fait valoir Jérémie Zimmermann, co-fondateur de la Quadrature du net, en référence à ces lanceurs d’alerte. « Cette loi est faite pour qu’il n’y ait plus d’affaire des fadettes, pour qu’on ne puisse plus prendre les services (de renseignement) les doigts dans le pot de confiture quand ils font quelque chose d’illégal ».

« Ce projet de loi passe complètement à côté de l’objectif: les attentats de janvier ont montré qu’on avait besoin de discernement et de surveillance ciblée, là on a une surveillance de masse, généralisée et sans contrôle effectif » a déclaré à l’AFP Florian Borg, président du Syndicat des avocats de France. « Demain si vous voulez manifester contre l’EPR de Flamanville, vous pouvez être fiché, surveillé, écouté, n’importe quel militant peut être ciblé », a-t-il poursuivi, dénonçant « une loi dangereuse et intrusive ».

Même son de cloche du côté du Syndicat de la magistrature. Laurence Blisson, secrétaire générale, estime que les amendements adoptés en commission des lois n’ont apporté que des améliorations marginales à ce texte profondément liberticide.

« Premièrement, il faudrait renforcer l’indépendance de la CNCTR [la commission de contrôle créée par la future loi] et lui donner un vrai pouvoir d’autorisation et de contrôle. Deuxièmement, il faudrait ne pas légaliser les techniques de surveillance généralisée. Enfin, il faudrait revoir les conditions du débat parlementaire, qui se trouve entravé par la procédure d’urgence », explique-t-elle.
Le Premier ministre Manuel Valls ne semble pas être dans cette approche. Quelques heures après cette manifestation, dans l’Hémicycle, il a souhaité que « ce texte recueille le soutien le plus large et qu’il soit adopté le plus vite possible. Il en va de la sécurité de la Nation et de notre souveraineté ».

A lire aussi :
Loi sur le renseignement : un dernier élan désespéré contre la surveillance de masse, le 26/03/2015

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Gilbert Kallenborn, avec AFP