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Mac OS X, iOS : les logiciels d’Apple seraient-ils sur le déclin ?

Les deux derniers OS d’Apple ont connu de nombreux problèmes. Au point que Marco Armant, créateur d’Instapaper et développeur très écouté, pense que le géant américain aurait perdu sa domination en la matière. Un mal profondément ancré.

Que les armes le cèdent à la toge », comme le disait si bien Cicéron, en faisant référence au fait que les développeurs et ingénieurs doivent bien souvent passer la main aux gars du marketing. Jamais, une déclaration d’un consul romain n’aura aussi bien collé à la réalité d’une société de la Silicon Valley.

Alea Jacta Est ?

Et cette société, c’est Apple. Un géant où le marketing – qui a toujours été central – aurait pris la main. Au grand regret de certains utilisateurs et de certains développeurs. C’est le cas de Marco Armant, programmeur reconnu et assez écouté de la communauté Apple. Le créateur d’Instapaper s’est fendu d’un post intéressant sur son blog : « Apple a perdu la domination fonctionnelle ». Intéressant par le problème qu’il soulève et par les réactions qu’il suscite pour l’instant.

Il y explique, pour résumer ses propos, que le marketing en tant que priorité est un danger pour le développement de bons produits. De son point de vue, le matériel produit par Apple n’a jamais été aussi bon. Mais « la qualité du logiciel pique du nez ces dernières années », affirme-t-il, au point qu’il est « inquiet pour son avenir ». Marco Armant déclare ainsi : « Nous devons maintenant traiter les lancements de systèmes d’exploitation et d’applications Apple avec le même scepticisme extrême et la même appréhension que celle appliquée par les services informatiques à Windows. »

Des calendriers de sortie irréalistes

Sans forcément rejoindre cette position tranchée, difficile de ne pas y prêter attention après le coup de Trafalgar qu’a été le lancement d’iOS 8 –surtout de sa première mise à jour– et les bugs qu’Apple semble avoir de la peine à chasser de Mac OS X – notamment pour la gestion de certains problèmes avec les réseaux Wi-Fi.

Depuis 2006, soit un an avant son lancement, l’iPhone a bouleversé les plannings de développement d’Apple. Des cycles de plus en plus courts, car un nouvel appareil signifie un nouvel OS. Ces dernières années, Mac OS X s’est calé sur le même rythme. Chaque année, les deux systèmes d’exploitation se doivent de débarquer avec leurs lots de nouveautés afin de pouvoir être « vendu » au grand public. Pour Marco Armant, le problème semble être « plutôt simple : ils en font trop, dans un calendrier irréaliste ».

Il continue en remettant l’utilisateur au cœur de son propos – et de celui d’Apple – « Nous n’avons pas besoin d’une mise à jour majeure du système d’exploitation chaque année. […] Nous avons besoin que nos ordinateurs, téléphones et tablettes fonctionnent bien d’emblée pour que nous puissions profiter de nouvelles fonctions sorties à un rythme tenable, sain et graduel ».

Changement de méthode

En réponse à ce post, un ancien développeur de Mac OS X met en perspective le nouveau rythme de publication en remontant au départ de Bertrand Servlet de la tête du développement des logiciels. Après son arrivée, Craig Federighi a mis en place une nouvelle méthode de développement, un « système de sprint » ou milestone, avec des cycles de développement plus courts et plus intensifs. Il explique notamment qu’il lui semble « que des réécritures massives ou l’ajout de beaucoup de fonctions seraient très difficiles à introduire et si c’était le cas, cela n’arriverait pas avant que les deux tiers du cycle de développement soit terminé ». Ce qui pourrait expliquer que des bugs de dernière minute subsistent quand toutes les briques sont juxtaposées.
Pour un actuel développeur d’Apple, le problème n’est pas dans la méthode introduite par Craig Federighi. Loin de nier qu’il existe un problème, il pense « à son humble avis » que tout est lié au fait que des fonctions inutiles sont privilégiées « au détriment de fonctionnalités essentielles et de la qualité »… Il conclut son court message par une sorte d’appel à l’aide qui montre bien que le souci est bien identifié et assimilé en interne, au moins à un bas niveau : « J’espère que Marco et d’autres continueront d’écrire des articles de ce genre pour qu’au final Tim ou quelqu’un en lise un et change tout cela. La pression de la base n’a pas fonctionné jusqu’à présent ».
La pression de la base, non. Et celle des utilisateurs ?

A lire aussi :
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– 10/11/2014

Source :
Blog de Marco Arment

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Pierre Fontaine