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M. de Suzzoni et A. Steinmann (l’Ordinateur individuel)

‘ Le droit à la copie privée est laissé à la libre appréciation des juges. ‘

Bonsoir à toutes et à tous, nous avons le plaisir d’accueillir Marc de Suzzoni et Alain Steinmann !


Bonsoir à tous et bienvenue sur ce chat !julien : Que risque-t-on en téléchargeant de multiples fichiers pour soi-même sans les revendre ?


S’il s’agit de jeux vidéo ou de logiciels, c’est interdit et donc vous risquez les peines prévues par la loi. Si ce sont des fichiers musicaux protégés par le droit d’auteur, même sanction.marredesproblemes : Bonjour à vous. Aujourd’hui quelles sont les ‘ risques ‘ d’être attrapé en train de télécharger ? Auriez-vous des documents, des sites Internet à me proposer sur le P2P, car
actuellement je fais un TPE sur le piratage avec comme problématique : ‘ Pourquoi dépenser un centime alors que l’on peut tout avoir gratuitement ‘ ? Merci d’avance, cordialement.



Pourquoi dépenser un centime pour acheter une Ferrari alors que vous pouvez l’avoir gratuitement en braquant un garage ? C’est ce qui se passe avec la musique en ligne, sauf que c’est plus facile de télécharger un morceau sur eMule
que de braquer un garage. Et c’est moins risqué de télécharger que de braquer un garage (50 procès pour 8 millions de téléchargeurs). Donc les ‘ risques ‘ d’être attrapé aujourd’hui sont plutôt faibles,
50/8 millions mais ils existent…Neige : Ne pensez-vous pas que les peines de plusieurs années de prison sont disproportionnées ?


Ce sont les peines maximales qui ne sont pas appliquées pour l’instant. Rappelons que personne n’est allé en prison en France pour avoir téléchargé de la musique. Ainsi, Alain Oddoz a été condamné à 13 200 euros de dommages et
intérêts et d’amende pour avoir téléchargé 10 000 chansons.Dedé : Quel est votre point de vue sur l’appel du Nouvel Obs ? N’est-ce pas un peu dangereux ? L’artiste doit avoir la liberté de diffuser le fruit de son travail, sans être forcément pillé !!!
Votre point de vue de journalistes ?



L’Ordinateur Individuel et Micro Hebdo ont signé l’appel du Nouvel Obs, mais tous les journalistes ne sont pas d’accord. Résumons les points de vue des
‘ anti ‘
Nouvel Obs :


1 – Cet appel est bien joli mais il ne propose aucune solution.


2 – Il encourage à enfreindre une loi. Que cette loi doive être modifiée peut-être, mais en attendant il faut la respecter.Neige : Les FAI mettent l’accent sur le haut-débit et la vitesse de téléchargement. Ne poussent-ils pas au ‘ piratage ‘ ?


Bien sûr que si ! A quoi sert un accès de 20 Méga si ce n’est à télécharger des contenus illégaux ? D’autre part rappelons que certains FAI ont largement (il y a deux ans) fait la promotion du
peer-to-peer dans leurs publicités ( Wanadoo proposait de télécharger ‘ 1000 musiques en 24 h ‘). Et Tiscali faisait de la publicité pour le haut-débit sur KaZaa. Et à l’époque il
n’existait (presque) aucune offre légale.kath : Tout est une question de support en fin de compte… Enregistrer les chansons qui passent à la radio sur cassette audio n’a jamais valu à personne de telles sanctions non ?


Ce n’est pas une question de support mais de mode de rétribution des artistes. Lorsqu’une chanson passe à la radio, l’artiste et les ayants droit sont rémunérés. Lorsque vous téléchargez une chanson sur Kazaa, les seuls à toucher de
l’argent c’est le FAI qui vous a vendu l’accès et Kazaa qui vend de la pub dans son logiciel… Sur Internet aussi, il est possible d’enregistrer des radios en numérique, légalement et d’en faire des MP3 (cf. StationRipper).lannefab : Comment peut-on expliquer le prix des morceaux en téléchargement légal, aux alentours de 1 euro, sensiblement le prix de l’album divisé par le nombre de chansons ?


Prenons un titre vendu 1 euro sur iTunes : Apple récolte 4 centimes, les frais logistiques et informatiques engloutissent 25 centimes, la maison de disques prend 70 centimes et la TVA représente 16 centimes
(la TVA est dans les frais logistiques).


Donc comment expliquer le prix élevé ? Tout simplement les maisons de disques prennent une grosse part du gâteau.charlymike : Pourquoi ne pas traiter les fichiers musicaux comme des données cryptées lisibles par le seul lecteur/graveur ayant sa clef personnelle, donc lisible par le seul possesseur de la clef ?


Les systèmes de protection actuels sont suffisamment puissants pour empêcher la copie des titres diffusés légalement. Le problème n’est pas d’empêcher la copie des titres achetés sur iTunes. C’est d’empêcher la diffusion de fichiers non
protégés. Quant à protéger tous les fichiers comme vous le proposez, cela poserait deux problèmes :


– La liberté individuelle (si j’ai envie de créer un fichier musical pour moi et de ne pas le protéger pourquoi me l’interdirait-on ?)


– La logistique : il faudrait changer tout le matériel informatique de tout le monde en même temps…James Bond : Pourquoi trouve-t-on sur telecharger.com ?” par exemple ?” qui est légal, les logiciels KaZaa, eMule, etc. alors que les utiliser est illégal ?


Ces logiciels sont légaux et leur utilisation aussi. Ensuite c’est l’usage qu’on en fait qui est illégal. Exemple : Auchan vend des couteaux de boucher. Il est totalement légal de les vendre de les acheter et de s’en servir pour
découper son poulet dominical. En revanche, découper Maman en morceaux n’est pas légal. Les outils sont légaux, leur usage parfois et parfois pas.Neige : Quelle solution vous semble la mieux adaptée pour légaliser le peer to peer ?



Légaliser le peer-to-peer : pour quoi faire ? Le P2P est légal en soi. La véritable question, c’est : quel modèle pour la vente de musique en ligne. Sur ce point, le modèle d’abonnement de Napster to go
semble prometteur.Gloomy : Quelles sont les prochaines mesures allant être prises par les maisons de disques contre le P2P ? Le doigt d’honneur fait par la Snep à tous les pirates audio a-t-il porté ses fruits ?


Le téléchargement illégal de musique ne baisse pas parce que les gens ont un sentiment d’impunité. Donc les mesures : plus de procès, plus de lapidations en place publique pour faire peur. En revanche, on regrette que la vente de
musique en ligne n’évolue pas : à quand un catalogue digne de ce nom à des tarifs accessibles à tous ?popo : Grâce aux téléchargements, je pense qu’on découvre des artistes inconnus ce qui nous incite à acheter leurs CD. C’est mon cas.


Vous êtes malheureusement une exception, la plupart des gens se contentant de piller le catalogue. Exemple : à la rédaction, seulement 2 personnes sur 12 achètent des CD les autres piratent (on ne donnera pas de noms.
😉 ).TuTuX : Les majors refusent d’un bloc la licence légale en prétextant que ça reviendrait à taxer tout le monde. Or c’est exactement que qui est fait avec la redevance sur les CD vierges. N’est-ce pas de la démagogie ?


La ‘ licence légale ‘ c’est l’idée qui consisterait à taxer soit le matériel, soit les connexions Internet pour rémunérer les artistes. Mais le problème de cette taxe c’est que c’est ‘ l’effet
Minitel ‘ : nous les Français n’allons pas résoudre les problèmes de la musique en ligne de notre côté. Ainsi pourquoi un Français paierait une licence légale dans son abonnement Internet pour qu’un Chinois télécharge
gratuitement ? Et n’oublions pas que sur le P2P on trouve de tout : de la musique, des films, des jeux vidéos. Alors combien de taxes ? Comment répartir la taxe d’une licence légale ?francois : Un jugement récent a permis la relaxe d’un internaute poursuivi pour des chargements de film et MP3 sur le Net. Celui-ci n’a pas été reconnu coupable, car il ne diffusait pas ce qu’il chargeait. Cela signifie-t-il la
fin des poursuites par les majors ?



Cette affaire est en appel. Et pour l’instant, il y a une inéquité géographique sur les jugements. Pour des faits similaires, un tribunal peut relaxer un internaute tandis qu’un autre tribunal le condamnera. Le droit à la copie privée est
laissé à la libre appréciation des juges et pour l’instant, il y a plein d’interprétations de la loi. Mais il est vrai, qu’a priori, on a beaucoup moins de chances de se faire ‘ attraper ‘ si on ne partage rien. Mais si
tout le monde arrête de partager ses morceaux… Il n’y a plus de P2P.titiP89 : Est-il vrai que certains FAI (Free et d’autres) dénoncent les utilisateurs de P2P ?


Il n’y a pas de dénonciation, mais à partir du moment où un juge est saisi d’une plainte et qu’il ordonne à Free ou autre de lui fournir un nom et une adresse, le FAI n’a pas le choix. Par contre, à notre connaissance, les FAI n’espionnent
pas leurs abonnés et ne font pas de dénonciation lorsqu’il n’y a pas de plainte déposée.tylerdurden : De quel côté êtes-vous? Utilisez-vous Kazaa (ou autre) ou pas ?


Ah non on utilise pas Kazaa c’est trop pourri !Neige : OK, les artistes, les fournisseurs, les maisons de disques méritent un salaire. Mais ne trouvez-vous pas les CD trop chers ?


Alain : Personnellement, je trouve les CD trop chers, surtout au vu de la part qui revient aux maisons de disques. Lorsque l’on sait comment les maisons de disques traitent leurs artistes et utilisent leur argent (jet privé et
compagnie) on se dit effectivement que les CD sont trop chers.


Marc : Tout pareil, même si j’ai une certaine tendresse pour Pascal Nègre.Neige : Pensez-vous que les offres légales sont de qualité ?


Non pour plusieurs raisons :


1- catalogue anémique


2- qualité déplorable des fichiers


3- prix inaccessible pour une grande partie du public


4- impossibilité de copier sur le baladeur de son choix etc, etc.isma : Pensez-vous que cette répression durera encore longtemps ?


Jusqu’à ce que les maisons de disques retrouvent des revenus substantiels.tylerdurden : Contre le lobby des majors, un lobby des téléchargeurs doit-il se constituer ?


Parlez-vous des téléchargeurs légaux ou illégaux ? Si c’est les téléchargeurs illégaux, ça risque de faire réunion d’anciens délinquants…Quand : Ne peut-on trouver un système qui permette de payer une somme minime (10 centimes par exemple) pour chaque chanson téléchargée, après avoir pu l’écouter évidemment ?


Aux Etats-Unis, Napster to Go propose de télécharger autant de chansons que l’on désire dans son catalogue d’un million de titres pour 14,95 dollars/mois. C’est cher pour monsieur tout le monde, mais pour un gros consommateur de
musique, ça peut réduire le prix à la chanson à moins d’un 1 centime (pour Napster To Go, les chansons ne sont plus lisibles dès lors que l’on coupe son abonnement).


On aimerait bien, en France, une formule d’abonnement à 9 euros permettant de télécharger jusqu’à 100 titres par mois et de les écouter à vie, à condition de payer son abonnement !Merci à tous les deux, le mot de la fin ?


Vous retrouverez dans l’Ordinateur Individuel de mars un article de Marc détaillant les risques à télécharger sur le P2P et proposant des pistes pour aboutir à un système légal plus juste. Et ne manquez pas non plus
notre sélection de 60 logiciels gratuits .. à télécharger légalement bien sûr ! Bonne soirée à tous et merci d’avoir participé à ce chat !

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La rédaction