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L’Europe cherche la bonne réponse au phénomène Chine

Externalisations et délocalisations sont devenues opportunités pour les uns et traumatismes pour les autres. Des petites phrases émises ici et là participent toutefois à l’élaboration d’un consensus sur l’attitude à
adopter par les industriels européens face à ces phénomènes.

Le bal des petites phrases traçant une vision des industries européennes de ‘ l’aval ‘ de l’électronique sur la conduite à adopter face aux externalisations et délocalisations a commencé en
octobre dernier : ‘ Seules 20 % de nos fabrications sont externalisées ‘, a alors affirmé Jorma Ollila, p-dg de Nokia, aux Echos, pour justifier la nécessité
d’une grande réactivité au sein du groupe, ajoutant que ‘ la logistique est encore très importante, mais [que] la conception et la partie logicielle des produits priment ‘.Et le patron de la division terminaux de Nokia, Anssi Vanjoki, de préciser : ‘ Ceux qui sont contraints de sous-traiter à l’extérieur perdent le contrôle [d’un maillon de la chaîne de
développement] et doivent négocier en permanence [avec leurs sous-traitants]. ‘Sans le faire exprès, Carlos Ghosn, p-dg de Nissan, a apporté sa pierre à cette réflexion au dernier Forum économique mondial de Davos en répondant à une question de la Tribune : ‘ Si nous ne réexportons pas
nos voitures fabriquées en Chine, c’est que nos coûts chinois sont aujourd’hui supérieurs à nos coûts japonais
[…]. Nous sommes confrontés, en Chine, à une main-d’?”uvre moins formée, moins efficace
qu’au Japon, à une pléthore de fournisseurs, à des pratiques industrielles et managériales qui ne sont pas optimisées
[…]. Mais ne vous y trompez pas, les Chinois apprennent vite […]. Il
ne faut pas être fermé ou protectionniste. Il faut accepter les délocalisations car on ne peut pas protéger des emplois qui ne produisent pas
[assez] de valeur ajoutée. ‘

Recherche et réactivités…

Dans son édition du 26 janvier dernier, la Tribune interviewe Philippe Carli, p-dg de Siemens France, sur le thème du lien qui existe entre R&D et production : ‘ Il est plus facile de mettre un produit en
fabrication avant nos concurrents si l’on garde un pied dans la fabrication. Cela permet aussi d’optimiser la conception du produit et son coût… Plus un produit est innovant, plus il est complexe, et plus il est important de
maîtriser sa production… Mais la fabrication de produits simples doit être externalisée, de même que des développements de produits standards : le coût d’un ingénieur est de 60 à 80 euros de l’heure en Allemagne contre
20 euros en Chine ; je ne pense pas toutefois que la R&D de haut niveau sera affectée. Notre problématique en Europe est plutôt d’arriver à trouver des compétences : la France et l’Allemagne, à elles deux, ne forment
pas plus de 10 000 ingénieurs par an ! ‘
Il est aussi des sociétés qui ne font pas de commentaires mais qui prouvent que leur modèle intégré fonctionne : si Sagem est devenu n?’ 1 en France sur le marché des mobiles en décembre, supplantant même Nokia,
c’est bien que la société a su introduire les bons produits au bon moment, et à un prix acceptable par le marché. Or il s’agit là du produit qui connaît la plus violente concurrence sur le marché de l’électronique !Toutes ces réflexions soulignent que l’importance de plusieurs maillons de la chaîne de développement d’un produit est peut-être parfois trop sous-estimée. Nous retiendrons, en amont, la très bonne connaissance des goûts
et des besoins des clients : trop de sociétés cherchent d’abord à ‘ vendre leur produit ‘ et non pas à ‘ produire exactement ce que le client souhaite, au bon prix ‘.Cette phase n’est pourtant pas forcément très coûteuse et peut être effectuée avec des collaborations extérieures, éventuellement des écoles spécialisées. Deuxième maillon important, une conception très rapide, avec le plus de
savoir-faire possible.Troisième maillon ?” et c’est là où l’externalisation est délicate ?”, savoir passer très vite d’un prototype à une production de série. Quatrième maillon pour lequel l’externalisation est
encore plus délicate, rectifier le tir, qu’il s’agisse d’ergonomie, de fonctionnalité, ou de coût. Externaliser reste donc possible et est même souvent souhaitable. Mais pas à l’autre bout de la terre quand il faut être
réactif. Et avec des relations entre partenaires qui soient beaucoup plus imbriquées qu’elles ne le sont aujourd’hui : il faudra bien, un jour, parvenir à une notion de société virtuelle entre plusieurs sociétés participant à un
même projet. Une société où les employés répondent en toute transparence à un seul chef de projet, même s’ils sont rétribués par différentes sociétés, réelles celles-là.* Rédacteur en chef d’Electronique International HebdoPour consulter Electronique et Electronique International Hebdo en ligne :
http://www.electronique.biz

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Jean-Pierre Della Mussia*