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Les voitures sans conducteur d’Uber sont encore loin d’être… autonomes

Des documents internes montrent les performances très erratiques de la flotte de véhicules actuellement en test. L’homme doit encore intervenir régulièrement pour reprendre le volant.

C’est une mauvaise passe pour Uber et son projet de voiture autonome. Alors que Google l’accuse d’avoir volé les secrets de fabrication de son LIDAR, voici qu’une fuite révèle que les tests de la société de Travis Kalanick produisent des résultats très aléatoires sur les routes de Pennsylvanie, Arizona et Californie.
Le site Recode a eu accès à des statistiques internes :  les 43 véhicules d’Uber ont réussi à totaliser 33 000 km de conduite autonome la semaine dernière. Le résultat serait louable… si les pilotes n’avaient pas à prendre régulièrement le volant.

Une intervention humaine tous les 1300 mètres

En moyenne, les ingénieurs d’Uber doivent intervenir sur la machine tous les 1,3 km en moyenne. Une intervention que la société américaine appelle “désengagement”, comme on désengage un pilote automatique.

Ce retour à un mode manuel est lui-même réparti en deux catégories : les actions bénignes et les actions critiques. Dans le premier cas, il s’agit, par exemple, de corriger une trajectoire calculée avec imprécision par le système, de maintenir la voiture sur la voie parce que la signalisation est floue, parce que le système anticipe mal un virage ou parce que les conditions météorologiques mauvaises. Dans les cas critiques, il s’agit d’éviter un accident, qu’il concerne un piéton, une autre voiture ou un risque de dégât matériel.

Des progrès en dents de scie

D’autres chiffres engrangés depuis janvier posent question. Ils montrent une évolution par à-coups et même des périodes de régression. On peut ainsi voir ci-dessous l’évolution du nombre de kilomètres accumulé sans intervention critique : la progression y est clairement accidentée.

Graphique montrant le progression du nombre de kilomètres parcourus divisé par le nombre d'interventions critiques.
Recode – Graphique montrant le progression du nombre de kilomètres parcourus divisé par le nombre d’interventions critiques.

De l’inconfort pour les passagers

Ces interventions humaines ne représentent pas le seul problème. Les “expériences désagréables” telles que les décélérations brutales ou les coups de volant sont en hausse pour la première semaine de mars par rapport au mois de janvier. Un inconfort croissant pour les passagers. En janvier, ce genre d’incidents n’intervenaient que tous les 6,5 Km ou plus. Début mars, ce chiffre est tombé à moins de trois kilomètres en moyenne… La tendance ne serait donc pas au mieux…

Certes, il est encore tôt pour en tirer des conclusions rédhibitoires. Uber ne s’est lancé dans l’aventure qu’en février 2015. Pour comparaison, Google travaille depuis 2009 sur cette technologie via sa filiale Waymo qui accumule aujourd’hui des millions de kilomètres parcourus avec un nombre réduit d’incidents.
Les voitures d’Uber sont en pleine phase d’apprentissage. Mais la fréquence des situations où l’homme doit reprendre le contrôle sur la voiture interpelle et n’incite pas à la confiance. L’avenir des voitures autonomes d’Uber serait-il engagé sur une voie sans issue ?

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Amélie Charnay