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Les ventes de portables explosent, mais les soucis de gestion s’aggravent

Petit, autonome, le portable ne semble avoir que des avantages. Les ventes ont d’ailleurs explosé. Mais il reste un tel casse-tête qu’il n’est pas prêt de remplacer le PC de bureau.

Ce n’est pas un secret. Les utilisateurs sont de plus en plus mobiles, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur de l’entreprise. Mais, pour la première fois, ce phénomène se répercute très largement sur les ventes d’ordinateurs portables. En France, les ventes de ces appareils ont augmenté de 30 % au cours de l’année 2000 (marchés grand public et professionnel), selon GFK. Alors que celles des PC de bureau ont stagné, voire baissé. La demande mondiale a d’ailleurs largement dépassé les prévisions des analystes. En milieu d’année dernière, IDC estimait qu’il se vendrait, dans le monde, environ 25 millions de portables. Fin 2000, ce sont près de 30 millions de machines qui ont été écoulées.Plusieurs facteurs expliquent cette évolution. Le premier est d’ordre socio-professionnel.
L’utilisateur travaille de plus en plus souvent dans un bureau qui n’est pas le sien “,explique ainsi Fabien Prehel, responsable de la gamme solutions mobiles de Compaq. Il n’est pas rare, en effet, de voir des cadres ?”uvrer dans une salle de réunion, dans une autre entreprise ou chez eux. GFK estime qu’environ 20 % des utilisateurs ont poursuivi leur travail chez eux en 2000.

40% plus cher qu’un PC de bureau

Le second facteur est technologique : l’écart entre portable et PC de bureau a nettement diminué. Graveur de CD, lecteur de DVD, grands écrans, les portables sont aujourd’hui aussi bien équipés que les micros de bureau. S’agissant des performances, avec leurs processeurs à 850 MHz, ils n’ont plus grand chose à envier aux ordinateurs de bureau. Seul domaine où ils restent en retrait : l’accélérateur graphique, pour l’affichage en 3D notamment. Mais c’est rarement un handicap pour des applications bureautiques.Il n’empêche. Même si l’écart de prix entre PC nomade et sédentaire tend à diminuer, le portable coûte, en moyenne, encore 40 % plus cher. Ce n’est donc pas demain qu’il remplacera la majorité des PC de bureau. D’autant que son usage en entreprise est en général synonyme de casse-tête technique. A commencer par l’incompatibilité des composants entre marques différentes. Pas question en effet d’installer une batterie Compaq sur un portable Toshiba. Lecteurs de CD-ROM, mémoires, batteries, stations d’accueil…, aucun élément n’est interchangeable entre constructeurs, contrairement aux PC de bureaux. Résultat, les entreprises sont quasiment obligées de se constituer une flotte homogène, machine et pièces détachées, en ne faisant appel qu’à un seul fournisseur.

Des coûts dassistance 40% supérieurs

Pire. Ce caractère hétérogène se retrouve également pour les portables d’une même marque. Il y a encore deux ans, au sein d’une même enseigne, les machines ne présentaient jamais d’options communes. Ce n’est que sous la pression des clients que certains constructeurs ont remis de l’ordre dans leur offre. Dell, arrivé un peu tard sur le portable, fait figure de précurseur dans ce domaine. Les Latitude CP lancés en 1997 et les modèles plus récents fonctionnent avec des options communes : baie modulaire (lecteur de CD, de disquette et de DVD), alimentation, disque dur et mémoire. Même effort pour les stations d’accueil : celles commercialisées il y a cinq ans peuvent héberger les derniers modèles. Quant aux nouvelles, elles sont capables d’accueillir les anciens portables. Plus récemment HP, IBM, Compaq et Toshiba ont adopté la même stratégie. Mais avec une constante… malheureuse : l’homogénéité n’est assurée que pour les gammes les plus chères, celles estampillées ” grands comptes “. Il est toujours impossible d’échanger le CD-ROM ou la batterie entre un modèle Latitude et Inspiron de Dell ou un Tecra et un Satellite de Toshiba. Pour contourner ces incompatibilités, des spécialistes de la connectique tels que Xircom, Belkin ou Mobility Electronics proposent depuis quelque temps des stations d’accueil universelles, indépendantes des constructeurs. Ces boîtiers multiports, reliés au connecteur USB du portable, sont particulièrement intéressants pour les ultraportables, souvent dépourvus, pour des questions de taille, de modem ou d’adaptateur réseau. Mais ils restent encore chers. La Portstation de Xircom, par exemple, coûte environ 4000 F équipée des modules modem, Ethernet et port parallèle. Trop chers également les cartes et les points d’accès réseau sans fil 802. 11. Vendus respectivement 1200 et 6000 F, ces produits évitent de multiplier les câbles et facilitent la connexion réseau des itinérants. Au final, les stations d’accueil et les accès sans fil, qui contribueraient sans doute à une meilleure diffusion du portable au sein des entreprises, grèvent tellement le budget achat qu’ils restent hors de portée de la plupart des utilisateurs.Non seulement les portables coûtent cher à l’achat, mais ils reviennent aussi plus cher à l’usage. Les principaux problèmes rencontrés sont des difficultés de connexions à distance et un temps d’installation par machine supérieur à celui des modèles fixes. Le Gartner Group estime d’ailleurs que les coûts d’assistance des utilisateurs de portables sont 40 % supérieurs à ceux des utilisateurs de PC de bureau. Ainsi, la gestion d’une flotte de mobiles requiert, en moyenne, cinq fois plus de personnel d’assistance selon l’institut d’étude. De quoi donner des ulcères aux directions informatiques.Côté sécurité, en revanche, les constructeurs ont fini par trouver des remèdes ces dernières années. Parmi les systèmes de verrouillage, on retiendra celui proposé par Compaq, HP et IBM, qui consiste à placer un mot de passe directement sur le disque dur. En cas de perte, il empêche de lire le disque, même s’il est installé dans une autre machine. Une bonne solution pour protéger les données confidentielles. Contre le vol de la machine, toutefois, personne n’a trouvé de système idéal. Il existe bien des tatouages dissuasifs, des câbles antivols ou des alarmes. Mais, une fois de plus, ces dispositifs ne font qu’ajouter au prix d’une solution déjà chère. On comprend pourquoi la plupart des entreprises s’équipent davantage de portables par nécessité que par choix.

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Ludovic Arbelet et Vincent Berdot