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Les places de marché vont-elles supplanter l’EDI ?

Face aux places de marché qui ambitionnent de capter les échanges du commerce interentreprise, l’EDI évolue pour ne pas disparaître

Même s’il ne faut pas aller jusqu’à dire que l’EDI [Échange de données informatisé, Ndlr] est mort, il faut néanmoins se rendre à l’évidence concernant son espérance de vie. Avec les nouvelles technologies et notamment XML, on peut anticiper un accroissement des échanges électroniques par le web aux dépens de l’EDI”, lance Michel Zottola, directeur technique de Rightworks, un spécialiste des places de marché concurrent d’Ariba et de Commerce One.
Les prévisions du Gartner Group abondent en ce sens : les places de marché devraient générer plus de 1 000 milliards de dollars (1 161,6 milliards d’euros) dans le monde à l’horizon 2004, soit environ 40 % des transactions électroniques. Dans ce cadre, l’EDI, la technique d’échange de données structurées entre les systèmes d’information, va-t-il dispara”tre au profit des technologies web ?
Pour les détracteurs de l’EDI, l’arrivée massive des technologies Internet va profiter aux petits fournisseurs qui verront diminuer le coût du ticket d’entrée dans le commerce électronique. Leur credo : à travers une place de marché, une commande peut arriver directement dans le PGI d’une grande société… comme dans la boîte aux lettres électronique d’une TPE. C’est donc la possibilité de commercer d’égal à égal avec les grosses structures, sans pour autant investir dans des infrastructures lourdes et coûteuses exigées par l’EDI. Sa mise en ?”uvre implique en effet un langage commun (la norme Edifact), ainsi qu’une station de travail à chaque bout (traducteur). L’investissement de base est évalué à 50 000 F (7 622,50 ?), une somme importante pour une TPE. Surtout si elle ne prévoit pas de gérer de gros volumes de données. D’ail-leurs, certains voient dans l’EDI beaucoup d’inconvénients, notamment un coût et un temps d’implémentation élevés, et préconisent de l’abandonner au profit des technologies d’échan-ge par Internet. “C’est un faux débat que d’opposer l’EDI à Internet. L’EDI est totalement complémentaire en ce sens qu’il traite des flux très importants alors que les technologies web n’en sont, pour l’heure, pas capables”, précise Pierre Lemoine, président de l’Edoni, association ayant pour but d’étudier et de promouvoir l’EDI.

La sécurité joue pour l’EDI

Même son de cloche chez Gencod EAN France, organisme de concertation dont le rôle est de définir et de diffuser des standards internationaux de communication EAN pour améliorer l’efficacité de la chaîne d’approvisionnement : “À l’instar des technologies Internet, l’EDI permet l’échange de données. La seule différence c’est que l’EDI communique sur des réseaux à valeur ajoutée, alors que les places de marché empruntent le Net. Notons que contrairement à l’EDI, qui a le mérite d’être entièrement sécurisé et de s’appuyer sur la norme internationale Edifact, aucun standard ne régit, pour l’instant, les logiciels de gestion des achats sur le Net”, précise Thérèse Angué, directeur général de Gencod EAN France. Et de conclure : “La technologie EDI a encore de belles années devant elle. Quoi qu’il en soit, elle demeurera l’outil le plus performant pour la gestion des transactions sur les places de marché B-to-B, et donc un processus intégré de ces dernières.”L’initiative ebXML (e-Business XML), menée par Oasis (Organisation pour le développement des normes d’information structurée), et l’UN/Cefact (l’instance de normalisation de l’EDI), tente de concilier les deux mondes. Elle a pour ambition d’intégrer les technologies d’échange, telles que l’EDI et XML, aux applications commerciales. Il s’agit de capitaliser sur les apports de l’EDI, notamment en matière de sécurisation et de sémantique des données, tout en tirant le meilleur parti des technologies Internet et surtout de XML. La mission de ebXML est de proposer une plate-forme XML qui permette l’utilisation des informations commerciales partout dans le monde de manière sécurisée, cohérente et interopérable. La norme devrait être prête avant la fin 2001.

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CHRISTELLE LEVASSEUR