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Les intégrateurs de solutions d’EAI rentrent dans le rang

Avec l’arrivée des forfaits, la mise en ?”uvre des solutions d’intégration d’applications d’entreprise ?” pilotées par les architectes du système d’information ?” se rapproche des implémentations plus classiques.

“Aujourd’hui, nous constatons une accélération sensible du nombre de projets d’intégration de solutions d’EAI (intégration d’applications d’entreprise)”, remarque Roger Concalves, associé chez Accenture. Si la mise en place de progiciels de gestion intégrés (PGI) ?” ou, plus récemment, de solutions de gestion de la relation client (GRC) ?” a toujours nécessité une forte dose d’EAI, cette montée en puissance doit aussi correspondre à une normalisation. A l’instar des intégrations plus classiques, les grandes SSII et les cabinets de conseil commencent donc à proposer des interventions forfaitaires. Même si les conditions d’application de ces forfaits sont à surveiller de près. Dans ce package, les fonctions proposées, la durée d’intervention et, bien évidemment, le prix sont fixés. Pour calculer ce forfait, les SSII se basent, la plupart du temps, sur le nombre de systèmes à intégrer, de processus métier et de flux interapplicatifs à prendre en compte, et de connecteurs spécifiques à développer. Sans oublier le niveau de complexité des processus.

Les risques sont évalués avec précision

Si l’utilisateur peut être déjà heureux de cette professionnalisation, celle-ci contraint, en plus, l’intégrateur à une plus grande rigueur. Ainsi, les facteurs de risques éventuels doivent être identifiés, évalués et intégrés à la charge globale et au délai que les sociétés de services se proposent de tenir. “Nous sommes vigilants sur des points comme le niveau d’urbanisation du système d’information concerné et la qualité des spécifications fournies, précise Jean-Luc Blanc, directeur des études et du conseil de CGI France. Sans oublier la maturité des technologies employées, et l’adhérence du projet à d’autres se déroulant parallèlement.” Cette démarche peut éventuellement être appuyée. “Le forfait nécessite un ?”il extérieur. Aussi planifions-nous des audits qualité toutes les trois semaines”, explique Georges Abou Harb, associé en charge de l’EAI chez Unilog.Pour tenir leurs engagements et, ainsi, ne pas perdre d’argent, la plupart des intervenants ont mis au point des méthodologies qui servent non seulement à sécuriser l’avancement du projet, mais aussi à former les nouveaux venus. Qu’elle ait ou non un nom de code ?” Business Integration Methodology pour Accenture, ou Unified Process chez Valtech ?”, cette méthode est tout simplement une trace des retours d’expérience de la société de services ou de conseil.

Des projets menés avec des équipes de petite taille

Autre recette : le découpage du projet en plusieurs parties ?” ou lots ?”, plus facilement gérables. “Le premier lot nous permet, par exemple, de réaliser les prototypes nécessaires, de lever les risques identifiés et d’affiner nos métriques pour les lots ultérieurs”, expose-t-on chez CGI. Enfin, si les sociétés de services n’y pensent pas, les gros éditeurs le font pour elles. “Nous mettons à la disposition de nos partenaires une méthode appelée Gear. Nous leur demandons de s’investir dans cette démarche et de se l’approprier”, affirme Philippe Bessis, responsable des partenariats pour Webmethods France. Et d’ajouter : “Un partenaire intégrateur est déterminant pour qu’il n’y ait pas de rupture entre notre discours et la façon dont les mises en ?”uvre sont réalisées chez le client.”Les équipes chargées d’appliquer ces méthodologies ne diffèrent pas beaucoup de celles nécessaires à la mise en place d’un PGI. Même si toutes les sociétés de conseil s’accordent sur la nécessité d’un management extrêmement fort. Il ne faut pas non plus s’attendre à l’arrivée, dans son entreprise, d’une armée d’informaticiens : pour un projet de taille humaine ?” une entreprise sur un pays ?”, une équipe de moins de dix personnes s’avérera suffisante. “Pour un projet de progiciel de gestion où j’ai soixante-dix développeurs, cinq personnes seront présentes pour l’EAI”, reconnait Roger Concalves.Les compétences nécessaires ? En premier lieu, une personne chargée de l’analyse des interfaces. C’est elle qui définit les flux et les formats des données échangées. Elle doit être imprégnée des standards des processus et des formats d’échange propres au secteur d’activité. Les connaissances techniques, quant à elles, varient selon les outils. Maîtrise de XML, de HTTP, des grands systèmes, de Cobol et de CICS chez Axway, SQL et bases de données chez Sunopsis, ou encore connaissance des PGI et des outils de GRC, d’UML et de Java pour Webmethods.

Installer l’outil d’EAI n’est qu’une étape

En plus de la prise en compte des processus métier dans les grandes solutions d’EAI ?” Seebeyond, Webmethods, Tibco Software, etc. ?”, les SSII doivent faire appel à des compétences dans la maîtrise des dits flux. Pour l’associé d’Accenture, l’EAI est une boîte très packagée, “pas un truc avec lequel bidouilleurs et experts s’amusent “. ” Le technicien met plus de temps à analyser le système d’information qu’à comprendre notre solution”, ajoute Alain Dumas, PDG de Sunopsis. La mise en ?”uvre pratique de la solution va au-delà de celle de l’outil d’EAI (définition des règles de transformation et des messages). Elle passe aussi par l’assistance à la mise en production, par les tests de performance et de volumétrie et par la définition de l’architecture technique. “Le profil clé, c’est l’architecte du système d’information, assène Franck Lechef, directeur technique de Valtech. Il cumule les fonctions de l’architecte technique, qui détermine où installer les serveurs d’intégration, les adaptateurs, le système de log, etc., et celles de l’architecte applicatif, qui découpe le système d’information ou le projet en briques élémentaires.” Comme le résume Alain Prudhomme, directeur de l’offre chez Sopra, l’architecte du système d’information sait appréhender un système complexe sans rester dans le détail de tous les composants.Elaborer un projet sans ces compétences peut s’avérer très risqué : sécurité ou formats des messages pivots manquants, pas de regroupement des flux, etc. “Ce sont des problématiques simples, mais elles ne font pas partie des préoccupations habituelles”, certifie Franck Lechef. Un tel profil nécessite une longue expérience du système d’information. Les éditeurs ne s’y trompent pas. Une majorité n’acceptent pour partenaires que des sociétés ayant réalisé au moins un projet d’EAI. “Cela demande d’être vieux, ou d’avoir vieilli prématurément”, plaisante le directeur technique de Valtech. Ce dernier considère qu’un architecte “sérieux” aura de sept à huit années d’expérience, et qu’il sera vraiment expérimenté avec “douze ans de bouteille”.

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Renaud Edouard