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Les grandes écoles jouent encore les couveuses

Pour les rares étudiants créateurs d’entreprises, Centrale et l’Essec lancent le Catalyseur, incubateur ” new look “.

Deux prestigieux établissements français, l’École centrale et l’Essec, viennent de s’associer dans un projet destiné à favoriser la création d’entreprises innovantes : le Catalyseur. “Encore un incubateur”, diront les sceptiques. Il est vrai que depuis la loi sur l’innovation en 1999, de nombreuses grandes écoles se sont dotées de telles structures, à l’image de Supélec, ou de l’Institut polytechnique de Lyon qui, avec 13 autres établissements d’enseignement supérieur, avait lancé Crealys dès la fin 1999. Pourquoi continuer à pousser un secteur en panne ?L’engouement dont les élèves faisaient preuve pour la création de start-up s’est évidemment dégonflé en même temps que la “bulle”. Les grandes écoles accentuent néanmoins leurs efforts vers la création d’entreprises. “Les pouvoirs publics se sont étonnés de notre initiative. Mais favoriser la création d’entreprises fait partie de la culture de Centrale. Et puis de telles expériences contribuent à élargir les réseaux des centraliens”, explique Jean-François Galloin, responsable de la filière entrepreneurs de Centrale Paris.

Catalyseur ouvert

On continue, mais on s’adapte. Les deux écoles, déjà dotées chacune d’une pépinière traditionnelle, mettent ici en action un projet d’un genre nouveau. Si le Catalyseur et les pépinières partagent un même dessein, à savoir la naissance d’une jeune pousse, ils n’ont, concrètement, que peu de chose en commun.Tout d’abord, le Catalyseur n’est pas destiné aux seuls projets maison. Une tendance présente dans d’autres écoles, comme à l’ENST Bretagne (École nationale supérieure des télécoms).“Nous avons devancé la volonté de l’État en créant notre incubateur dès 1997 afin d’y soutenir un projet interne : Antenne SA. Depuis, nous avons accueilli une quinzaine de sociétés. Avec le bouche à oreille, nous sommes aujourd’hui très sollicités par des gens extérieurs à l’école. Ce qui n’est pas plus mal, car d’une promotion de 200 élèves ne sortiront que 2 ou 3 créateurs d’entreprise”, note Pierre Tremembert, directeur du pole entrepreunariat-incubation.En revanche, l’École des mines de Paris donne la préférence à ses élèves, même si elle a choisi une forme d’ouverture en s’alliant aux incubateurs de Paca-Est ?” issus des universités de Nice et Toulon ?” et d’Agoranov qui regroupe 12 grandes écoles parisiennes. “La création d’un incubateur propre à l’établissement ne se justifiait pas, car en interne, les projets restent limitées”, convient Jacques Prud’homme, chargé de mission de Pollen, le pôle essaimage et entrepreneuriat de l’École.Ensuite, le Catalyseur répond à la nouvelle donne par ses méthodes. Les entrepreneurs en herbe sont mis en contact avec un parterre d’investisseurs dès la sélection de leur projet.

Projets ultrafrais

Ce premier échange a lieu dans le cadre du Club de capital-risqueurs, créé pour l’occasion et dont les membres figurent parmi les grands noms de la place : AGF Private Equity, Dassault Développement, France Telecom, Part’ Com, Partech International, Spef Ventures, Sofinnova Partners et la SGAM. Ainsi, les investisseurs ont accès à des dossiers de toute première fraîcheur.Si un de ces partenaires s’intéresse à un projet, il prend en charge la moitié du ticket d’entrée dans le Catalyseur. En contrepartie, l’entrepreneur s’engage à faire appel en priorité à ce premier bailleur lorsqu’il cherchera des capitaux. L’accès à la structure d’accompagnement n’est donc pas gratuit. Philippe Lukacs, directeur du Catalyseur, justifie la formule : “Nous ne prenons pas de participation dans le capital, pour éviter qu’il soit dilué. Notre rémunération est constituée d’un forfait de 50 000 euros dont les capital-risqueurs paient la moitié. Puis, l’Essec et Centrale se réservent le droit d’accorder une bourse à un projet très innovant, ce qui réduit la facture à zéro pour l’entrepreneur.” Le Catalyseur se distingue enfin par son accompagnement à la carte. L’entrepreneur est soutenu jusqu’à la maturité de son projet par un pair, (ancien de Centrale ou de l’Essec) qui lui transmet son expérience. Parallèlement, le jeune patron reçoit une formation sur les fondamentaux de l’entreprise : établir un contrat, lire un bilan… Plus précieux encore, il profite du réseau des anciens élèves des deux écoles. On ne perd pas les bonnes habitudes…

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Hélène Puel