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Les enchères envahissent le territoire des petites annonces

Avant Internet, le marché de la vente d’objets entre particuliers était limité aux petites annonces et à leurs supports traditionnels, papier et Minitel. Avec l’arrivée des enchères en ligne, reste-t-il seulement une place pour les sites de petites annonces ?

 Petites annonces et enchères sont clairement en concurrence
, assène Marc Piquemal, directeur général du site français d’enchères en ligne iBazar. Notre secteur d’activité va, à terme, cannibaliser le marché des PA “. Faux ! lui répond Patrick Touzé, PDG de Mixad, qui édite à la fois des logiciels d’enchères et de petites annonces : ” Les enchères ne vont pas faire disparaître les petites annonces. Elles ne sont qu’un sous-segment du marché des annonces. “Le ton est donné. Entre les enchères et les petites annonces, la guerre est déclarée. Les partisans des deux camps s’accordent cependant sur le fait que PA et enchères diffèrent pour le moment sur deux points principaux : le public et les secteurs possibles.Ainsi, pour le dirigeant d’ iBazar, l’attirance des internautes pour les enchères tient à la culture même de ce domaine. ” Avec les PA, les acheteurs ont tendance à négocier le prix vers le bas. C’est une dynamique de négociation plutôt pénible. Avec les enchères, cela coûte moins cher de mettre son objet en vente, et l’on a une bonne chance de le vendre plus cher. Cela a un côté ludique.”

iBazar souhaite se renforcer dans les enchères immobilières et automobiles

Mais les enchères souffrent encore d’un déficit d’image. Jusque-là majoritairement cantonné aux objets d’art, ce système de vente n’a intéressé le grand public que depuis son arrivée sur Internet. Les annonces, elles, sont rentrées dans la culture hexagonale, que ce soit sur support papier, ou par les services télématiques. Patrick Touzé est persuadé que certains secteurs disponibles sur le marché ne sont pas adaptés aux enchères : objets, immobilier, emploi, rencontres. ” Les Français qui recherchent un bien immobilier pensent encore PA”, clame François Guilmoto, PDG du groupe Minitelorama.Marc Piquemal en est conscient : ” 80 % de notre marché est constitué de ce qui ne pourrait pas passer en PA “. Ce qui n’empêche pas iBazar d’afficher sa volonté de se renforcer dans les enchères immobilières et automobiles. Ces derniers secteurs ne demandent en effet qu’une légère adaptation des logiciels.Mais les spécialistes des petites annonces n’ont pas attendu pour réagir. Bonjour, à l’origine spécialisé dans les journaux gratuits de PA, dispose sur son site d’un module d’enchères. Quant à Minitelorama, un module complémentaire du site d’annonces immobilières est en préparation.Un troisième type d’acteurs a choisi… de ne pas choisir. Ainsi, Voila
(voir encadré), le portail de France Télécom, a passé un accord avec iBazar pour les enchères, et avec Mixad pour les PA. De même pour Free et World Online.Spécialistes de petites annonces et éditeurs se déclarent cependant incapables de prédire si l’un ou l ‘autre service l’emportera. ” On ne peut pas trop savoir quel sera le système gagnant. Il faut se rappeler que seuls 10 % des Français accèdent à Internet”, avoue François Guilmoto. ” Notre expérience est trop courte pour tirer des conclusions”, répond-on en écho chez Bonjour.

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Renaud Edouard, 01net.