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Les couloirs de l’information

‘ Pas de doute, il existe un monde invisible : mais à quelle distance se trouve-t-il du centre-ville et jusqu’à quelle heure est-il ouvert ? ‘*

Un coup de tonnerre vient de retentir, en ces temps radieux de dialogue digital multicanal temps réel haut débit. Que dis-je, un coup de tonnerre ? Un branle-bas tectonique, une implosion paléozoïque, qui nous renvoie avec nos
PDA Blue-tooth et autres machines Wi-Fi vers la préhistoire de la communication.En effet, d’après le cabinet de conseil ISR, quel est le média qui crève l’audimat chez les salariés d’entreprise : le web, les blogs, le RSS ou autres torrents de bits ? Eh bien, non. Le journal Le
Monde
le révèle, c’est : ‘ Radio moquette, une fréquence dont l’audience continue d’augmenter. ‘Dans une vie antérieure, je travaillais dans une compagnie internationale de machines d’affaires, qui s’interrogeait déjà sur l’efficacité de sa communication interne. Elle réalisa un grand sondage auprès de ses employés :
‘ Comment êtes-vous le mieux informé sur votre compagnie ? ‘On pouvait choisir le journal interne, l’assemblée annuelle, les kick off meetings… ou, en fin de liste, les bruits de couloirs. Naturellement, tout le monde cocha les bruits de couloir.L’autre question était : ‘ Comment désirez-vous être mieux informé ? ‘ Il fallait se décider entre vidéoconférence, Minitel interne, messagerie électronique (eh oui, elle
existait déjà dans cette société), bref, plein de bidules digitaux modernes. Naturellement, tout le monde cocha de nouveau les bruits de couloir.Un quart de siècle et quelques milliards de pages web plus tard, rien n’a changé. C’est même pire : ils étaient 59 % à louer Radio moquette il y a cinq ans, les voilà 67 % aujourd’hui… Et s’ils poussent à
fond les manettes de cette Radio moquette, ils n’en sont pas pour autant satisfaits. Le tapis du couloir n’est qu’un pis-aller du vouloir être bien informé qui nous taraude tous. ‘ T’as vu ce qu’il raconte, le boss ? Qu’est-ce ça veut dire, à ton avis ? ‘ La machine à café ronronne, les rumeurs rumeurent et les cadres rament. Mais dans un dernier éclair
qui zèbre le paysage dévasté de la communication, la conclusion de l’étude ISR tombe tel un couperet : les entreprises où la rumeur interne enfle sont aussi celles qui voient baisser leurs cours en Bourse.Si j’étais PDG, je n’aurais qu’un mot d’ordre : en rang un par un devant la machine à café, la tête baissée et en silence, s’il vous plaît !* Woody Allen

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La rédaction