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L’envers de la gestion de la connaissance

Répondre au stress et au turn-over par un progiciel de gestion de la connaissance revient à transformer un problème de management en problème technique. C’est risqué.

La science-fiction, c’est du passé. Aujourd’hui, la technique résout tous les problèmes sans exception, même les plus complexes. C’est le nouveau marabout des décideurs ! L’informatique est arrivée comme le messie pour dénouer toutes les crises de management. Et la nouvelle potion miracle pour régler les problèmes de tension et de démission chez les informaticiens, c’est le progiciel de gestion de la connaissance. Sauf que, si l’approche est uniquement technique, non seulement elle ne résoudra rien mais se révèlera même pire que le mal.Ainsi, un ” grand opérateur télécom ” et quelques sociétés de conseil se sont laissés piéger. Leur diagnostic : des bataillons d’informaticiens, après s’être grassement fait former, vont chercher un poste ailleurs ?” une ingratitude désormais légendaire. Pas moyen de garder un chef de projet SAP ayant mené son premier projet d’intégration. Le petit jeune formé à l’administration de bases de données veut devenir consultant. Horreur ultime, l’expert en sécurité parle de s’en aller… et s’en va ! Le tout, bien sûr, avant même d’avoir pu, ou voulu, transmettre le flambeau à son successeur, qui va tout reprendre de zéro.Alors, la meilleure idée, dans l’urgence d’impératifs commerciaux étouffants, c’est… un système ! Un bon gros système informatique ! Qui donnerait envie de rester ? Pas tout à fait. Qui permettrait de travailler plus efficacement ? Pas forcément. Alors quoi ? Un bon gros système qui permet de remplacer un individu par un autre, un peu comme on change un sac d’aspirateur : cliniquement et sans se poser trop de questions.Résultat, les outils mis en place ” rassemblent des documents aux formats hétérogènes “, ” assurent une recherche efficace “, ” permettent le partage de la connaissance “, etc… Sauf que les éditeurs, dans leur hâte, ” oublient ” de crier gare et entretiennent le flou entre la technique et le management. Ces mêmes éditeurs ” oublient ” en fait de souligner la difficulté à organiser l’information, tâche qui peut être aussi restructurante que l’intégration d’un progiciel de gestion intégré. Dès lors, le ” rassemblement ” de connaissances se transforme en entassement, la ” recherche ” se mue en traque et le ” partage ” devient pillage. Pas de valorisation de l’individu, les erreurs sont individuelles, les réussites sont collectives. Exactement le contraire de ce qu’il faudrait. Lenvers de la gestion de la connaissance est pavé de mauvaises intentions.Prochaine chronique le lundi 29 janvier 2001

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Philippe Billard