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‘ Le Wi-Fi communautaire : satisfaisant et frustrant à la fois ‘

Le directeur du développement de Fon en France, Jean-Bernard Magescas, a quitté ses fonctions le 2 mars dernier. Retour sur les enjeux en cours.

01net. : En 2009, où en est Fon en France ?


Jean-Bernard Magescas : Il y a en France plus de 80 000 points de connexion actifs vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Nous avons un accord, conclu à l’époque avec Neuf Cegetel et confirmé par
SFR-Neuf, pour équiper toutes les box nouvelle génération d’un morceau de logiciel permettant aux abonnés Neuf Wi-Fi de partager leur connexion avec des utilisateurs Fon. A l’origine, on voulait que toutes les
box de tous les abonnés puissent accueillir ce logiciel sans changer de matériel.Cela n’a pas été possible ?


Le parc de box était très hétérogène, avec des clients AOL, Erenis, Club Internet [opérateurs tous rachetés par Neuf, NDLR]. Et pour chacun de ces FAI, on trouvait des
box différentes entre anciens et récents abonnés. Il y avait deux autres problèmes : d’une part les box n’avaient pas de capacité mémoire suffisante, d’autre part, elles fonctionnaient sur des pilotes propriétaires qui ne
pouvaient pas accepter un nouveau signal Wi-Fi. Le code ne pouvait pas être modifié sans l’accord des concepteurs, qui devaient se trouver quelque part entre la Californie et Canton…Donc il a fallu changer tout le parc. Les Neuf box 4 et 5 ont été développées par Neuf, intégrant du Linux et assez de mémoire. Au final, entre la prise de décision en février 2006 et la mise en service en
octobre 2007, il s’est passé dix-huit mois. Chez Fon, on pensait qu’en trois mois ce serait réglé…Fon évoque depuis quelques temps un autre partenaire qui ne se dévoile toujours pas. Avez-vous rencontré les mêmes difficultés ?


Vu ce qui s’est passé avec Neuf-SFR, ils vérifient que tout ce qu’ils veulent faire est possible, que cela va fonctionner sur leur nouvelle génération de matériel. On ne sait pas quand ils vont faire une annonce.Le développement de Fon en France a donc été ralenti ?


La France est un marché particulier. C’est l’un des rares pays où le Wi-Fi est intégré dans les box des FAI [quand les autres utilisateurs font appel à des routeurs sans fil, NDLR]. Donc, pour
développer la communauté Fon, il faut que notre matériel soit chez les opérateurs. C’est pour cela qu’on est allé voir Neuf. En même temps, Fon s’est mis à développer ses propres routeurs [les fonera, NDLR]. Ils sont apparus en
décembre 2006. On devait aussi développer tous les aspects communautaires mais on n’a pas pu faire tout ce que l’on voulait.Ces lourdeurs sont-elles les mêmes dans d’autres pays ?


Le surlendemain de notre accord avec Neuf, nous étions à Londres pour signer avec British Telecom. Ils n’ont lancé le service qu’en octobre 2008. Avec ces sociétés, vous êtes dans l’industrie, vous traitez avec des mastodontes.
C’est à la fois satisfaisant et frustrant.Dans ce contexte, vous êtes aussi très remonté contre le projet de loi Création et Internet, et son impact sur le partage de connexion. Quel est le problème ?


Tout ce qui relève du Wi-Fi, dans ce texte, est très flou, que ce soit les objectifs visés [la sécurisation de l’accès à Internet, NDLR] et les modalités d’application. J’ai
envoyé une lettre au premier ministre François Fillon, mais je n’ai jamais eu de réponse.Cela dit, on parle beaucoup de Création et Internet, mais il existe déjà des textes qui impliquent les prestataires techniques dans des démarches policières.


Tous les opérateurs sont régulièrement contactés par des services judiciaires et d’enquête. Et on fait tous exactement la même chose : on fournit des login, des adresses IP, des heures d’ouverture et fermeture de session. La
première raison, c’est de pouvoir innocenter le partageur d’accès. Ensuite, la police fait son travail. Les problèmes arrivent quand un utilisateur partage de son propre routeur Wi-Fi et n’enregistre pas ses données de session.

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Propos recueillis par Arnaud Devillard