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Le serveur universel prend la voie de Quicktransit

Le logiciel de Transitive est développé depuis neuf ans. Cet outil démulation fonctionne sur un large éventail de processeurs.

Ce n’est pas la première fois qu’un obscur éditeur prétend avoir une technologie d’émulation révolutionnaire. Mais, cette fois, les inconnus de Transitive Corporation sont pris très au sérieux. La jeune pousse de
sept personnes a développé un petit morceau de logiciel magique.Il s’agit de Quicktransit, un ensemble de bibliothèques capables d’émuler un environnement Power PC, Mips, X86 ou grand système IBM sur toute une série de processeurs (Itanium, Opteron, X86, et Power PC). Du coup, il est
possible d’imaginer un superserveur Power PC sous AIX exécutant à la fois des applications OS/390, Windows et HP-UX, par exemple. De quoi révolutionner le monde des serveurs.La technologie ne sera pas vendue à l’utilisateur final. Elle cible plutôt les fabricants de serveurs et les éditeurs de systèmes d’exploitation. L’objectif est de simplifier les migrations en assurant que les
applications de l’ancienne plate-forme fonctionneront sur la nouvelle ?” même après un changement de processeur.Transitive affirme que huit fabricants de serveurs testent actuellement sa technologie, et qu’ils vont annoncer des produits. Silicon Graphics a ouvert le bal avec un module qui sert à exécuter ses anciennes applications Irix sur
machines Mips sur ses nouvelles
stations de travail Prism Linux sous Itanium. On vient aussi d’apprendre que Rosetta ?” la technologie grâce à laquelle les futurs
Mac à processeur Intel exécuteront des applications Power PC ?” repose sur Quicktransit. Enfin, on murmure que Microsoft s’appuiera, lui aussi, sur Transitive pour
garantir la compatibilité ascendante à
sa future XBox Power PC (l’actuelle utilise une puce Intel).

Un compilateur dynamique

Quicktransit rappelle la technologie de ‘ code morphing ‘, utilisée par Transmeta pour recompiler le code X86 dans sa propre microarchitecture. Ici, pas de machine virtuelle, comme sur VMWare, ni de traduction
à la volée comme avec feu FX!32 de Digital. Quicktransit fonctionne plutôt comme un compilateur dynamique. Il analyse des blocs entiers de code binaire et les traduit dans un langage intermédiaire. L’ensemble est ensuite optimisé avant
d’être recompilé pour le processeur cible.Le secret de la performance résiderait dans la gestion du code récurrent. Transitive estime qu’une application passe, en moyenne, 90 % de son temps sur 10 % de son code. Le logiciel recherche donc les blocs les plus
fréquemment utilisés pour les optimiser au maximum.Il les stocke ensuite dans une antémémoire pour éviter de nouvelles traductions à chaque appel. Cette méthode aiderait à obtenir jusqu’à 80 % de la performance native. Les performances pourraient même être décuplées
lorsqu’il s’agit d’émuler une plate-forme ancienne sur une récente (un vieux grand système sur Power PC par exemple).

Prévoir des rustines logicielles

Toutes les applications ne peuvent pas toujours basculer d’une plate-forme à l’autre. Par exemple, SGI explique que certaines fonctions d’Irix, l’Unix maison, n’existent pas sous Linux. Il faut alors
soit les réécrire, soit les désactiver. Les éditeurs devront donc certifier leurs applications sur cet environnement et, le cas échéant, fournir une rustine logicielle. Enfin, il est à noter qu’aucun constructeur n’a mis Quicktransit
en production. Il faudra donc attendre pour vérifier son efficacité, sa performance, et sa fiabilité.Dans tous les cas, la technologie promet. On reste peut-être loin du serveur universel, multi-environnement, multisystème d’exploitation. Mais on pourra bientôt envisager de consolider, sur du matériel récent, ses très vieilles
applications qui tournent encore sur des serveurs surannés au fond de la salle informatique.

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Anicet Mbida