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Le processeur perd le Nord

Pour remplacer le transistor dans les processeurs, certains chercheurs envisagent d’utiliser des aimants miniatures. A la clé : des puces consommant moins d’énergie, dont on pourrait corriger les bugs, ou que
l’on pourrait mettre à jour…

Le transistor. S’il est un composant électronique indispensable à l’informatique, c’est bien lui. C’est même le composant de base des processeurs qui équipent les PC. Son rôle ? Jouer
l’interrupteur : en appliquant un courant sur l’une des électrodes du transistor (appelée la grille), on peut contrôler le courant entre les deux autres électrodes (la source et le drain).En assemblant plusieurs transistors, on crée des ‘ portes logiques ‘, qui permettent d’effectuer une opération (un calcul booléen du type ‘ 0 AND 1 ‘ par exemple) et en mettant des millions de portes
logiques les unes à la suite des autres, on peut effectuer des calculs complexes.Jusqu’à présent, les transistors sont ‘ gravés ‘ en projetant des rayons ultraviolets sur des couches de résine. Cette technique a été améliorée d’année en année pour graver des transistors toujours plus fins et donc
placer toujours plus de transistors dans un processeur de taille constante.Malheureusement, une fois gravés, les transistors ne peuvent plus être déplacés, c’est pour cela qu’on ne peut pas ‘ mettre à jour ‘ un processeur ni même y ‘ corriger un bug ‘. D’où
l’idée de plusieurs chercheurs de l’université de l’Indiana, dévoilée par le magazine Science : remplacer les transistors par des aimants minuscules, d’environ 110 nanomètres de diamètre
(110 milliardièmes de mètre).Ainsi,ce n’est plus en appliquant un courant que l’on effectue une opération mais en utilisant le champ magnétique de chaque nano-aimant. Lorsque le champ d’un aimant donné est orienté nord-sud, le champ magnétique
de l’aimant voisin est orienté, lui, sud-nord. Ce qui permet aussi de créer des portes logiques en utilisant le champ magnétique de plusieurs aimants pour effectuer une opération.Les premières simulations de processeurs conçus à l’aide d’aimants miniatures laissent entrevoir une vitesse de 100 MHz, une ‘ paille ‘ si on la compare à celle des processeurs à base de
silicium qui fonctionnent à plus de 3 GHz (3 000 MHz). Mais c’est déjà bien. Car de tels processeurs peuvent être reprogrammés plus facilement : il suffit de changer la position des aimants. Autre avantage, ils consomment
beaucoup moins d’énergie.En revanche, il faut encore trouver comment isoler les millions d’aimants de ces processeurs des perturbations électromagnétiques extérieures. Il faudrait pour cela concevoir un boîtier de protection faisant office de cage de
Faraday, pour éviter par exemple de faire planter son PC simplement en allumant son four à micro-ondes !* Rédacteur en chef délégué de L’Ordinateur IndividuelProchaine chronique mardi 21 février

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Alain Steinmann*