Le palmarès 2010 du haut débit

Pour la troisième année consécutive, voici notre palmarès des fournisseurs d’accès à Internet (FAI), élaboré en partenariat avec IP-Label. La société d’études a établi son classement 2009 à partir des quelque 701 millions de mesures réalisées en région parisienne et à Marseille. Si le paysage français du haut débit a peu changé en 2009, avec les mêmes acteurs que lors de notre précédent dossier, les performances de la majorité d’entre eux ont sensiblement évolué. Et pas forcément en bien. Principale tendance de l’année : l’augmentation progressive du temps de chargement des pages Web, constatée chez tous les FAI. La méthodologie d’IP-Label tente d’atténuer les effets de l’alourdissement général du panel de sites servant aux mesures ; la dégradation, même minime, de cet indice provient en partie de l’intégration de marqueurs invisibles sur ces pages Web, permettant d’établir des statistiques. Celles-ci n’étant pas forcément localisées en France, cela occasionne des échanges de données avec des serveurs situés à l’étranger… et des ralentissements de chargement. Autre remarque sur les résultats de l’année : les FAI ont nettement amélioré leur service de téléphonie. Les notes qu’ils obtiennent sont quasiment toutes proches de la perfection, grâce notamment à une forte diminution du nombre de communications ratées et une progression de la qualité audio. Certes, les utilisateurs ne sont pas à l’abri de parasitages, d’erreurs de connexion ou de fluctuations de la qualité sonore durant une communication longue, mais ces problèmes sont généralement passagers.La marge de progression est plus grande sur la télévision : si certains FAI comme Orange et Darty ont été plutôt stables sur l’année (mais pas sans heurts pour ce dernier), d’autres ont connu de grandes disparités dans leurs résultats, notamment Alice et SFR. Deux informations importantes doivent cependant être soulignées. La première : ces mesures n’ont qu’une valeur d’indicateur général des performances qu’un fournisseur d’accès est capable de délivrer sur une année. Sur les réseaux nationaux des FAI, des incidents en plus grand nombre ont pu se produire en certains points, tandis que d’autres étaient totalement épargnés. IP-Label n’a de cesse de le préciser : “ Il ne convient pas de se risquer à une extrapolation [des résultats obtenus] au niveau national ”. D’autant plus, et c’est là notre deuxième remarque, que d’autres perturbations, indépendantes du réseau, peuvent survenir : nous en avons listé quelques-unes en page 26. Ainsi, vous pouvez subir des pannes ou des lenteurs chez vous alors que, pour IP-Label, tout se passe bien ; l’inverse est également possible. Donc, pas d’interprétations hâtives !

Des services de téléphonie en nette amélioration

D’excellentes performances sur la télévision (très stable tout au long de l’année) et sur la téléphonie, de bonne qualité. Mais sur l’accès à Internet, les temps de chargement sont de plus en plus élevés.

Une meilleure position que l’an dernier, mais l’année 2009 n’aura pas épargné le FAI : disponibilité en baisse, instabilité du décodeur TV en juin, soucis d’acheminement des appels internationaux…

Une offre dans la moyenne. Des résultats corrects avec quelques petits soucis sur l’Internet et la téléphonie. Le service TV en revanche a manqué de stabilité, malgré une excellente qualité d’image.

Après un début d’année médiocre, Free a progressé de manière spectaculaire sur le dernier trimestre, en particulier sur l’accès à Internet.

Espérons que cette embellie ne soit pas limitée dans le temps.

Constat inverse de celui de Free : les performances d’Alice se sont dégradées, en particulier sur la partie télévision à partir de septembre. Le FAI ne parvient à se distinguer que sur la téléphonie, très stable.

Même s’il est hors classement pour cause de mesures incomplètes, Numericable a obtenu d’excellents résultats tout au long de l’année, qui auraient pu le faire monter sur la première marche du podium.

Comme Numericable, le manque de mesures (elles n’ont commencé qu’en septembre) empêche Bouygues de figurer dans le classement. Sur la période des tests, il se place virtuellement au deuxième rang.

Ça bouge aux extrêmes

Après avoir stabilisé le marché autour d’offres à 30 euros/mois, les FAI tentent de lancer d’autres offres, soit à bas prix, soit à très haut débit… et parfois les deux. Numericable a dégainé le premier en décembre avec un forfait à 19,90 euros par mois, mariant très haut débit (jusqu’à 100 Mbit/s par fibre, ou 30 mégas en câble traditionnel, selon éligibilité), téléphonie vers 45 destinations et un bouquet TV réduit aux seules chaînes de la TNT, accessible avec un adaptateur… non fourni. Alice a rapidement répliqué en proposant une offre “ découverte ”, Alicebox Initial, avec Internet à haut débit par ADSL, téléphonie vers 60 destinations et un bouquet de 60 chaînes. Si Alice se dit déçu du nombre de clients qu’il a réussi à convaincre avec cette offre, Numericable, de son côté, s’estime satisfait des premiers retours. Le câblo-opérateur pourra bientôt compter sur de nouveaux partenaires pour promouvoir le très haut débit (et rentabiliser ses investissements dans la fibre) : après Darty, c’est Auchan qui s’apprête à commercialiser une offre à petit prix s’appuyant sur le réseau de Numericable/Completel (voir notre actualité en page 16). Ils seront rejoints par Bouygues Telecom avant l’été…

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Christophe Gauthier