Passer au contenu

Le Kalisto jusquà la lie

La Commission des opérations de Bourse ayant refusé une deuxième fois le plan de refinancement que lui avait présenté son PDG, Nicolas Gaume, il ne restait plus à Kalisto qu’à déposer son bilan. Ce qui a été fait la semaine dernière. Une page de l’histoire du jeu vidéo made in France vient d’être tournée.

On se souvient que la société était en difficulté depuis plus d’un an, après une bonne dizaine d’années d’euphorie. Créée en 1990, Kalisto avait connu la gloire et la renommée internationale avec des titres comme Cogito, S.C.Out, Fury of the furies et, ses deux chefs-d’?”uvre, Dark Earth et Nightmare Creatures. Bref, d’excellents jeux qui ont permis à la société de Nicolas Gaume de se développer et de croître rapidement, allant même ouvrir des bureaux à Londres, à Los Angeles, à Tokyo et à Shangaï. Surtout, Kalisto a su rester à sa place, celle d’un développeur de jeux, sans essayer de devenir son propre éditeur, comme en rêvent encore trop de jeunes entrepreneurs aux dents longues.Malheureusement pour lui, Nicolas Gaume aura peut-être eu trop tendance à s’endormir sur ses lauriers. Et à donner dans la facilité. Les jeux moyens (quand ils n’étaient pas carrément mauvais), développés à la va-vite mais bénéficiant, parfois, de ces licences prestigieuses qui aident à vendre les pires daubes(*), se sont succédé à un rythme effréné. Pour ne prendre qu’un exemple, je pense que personne n’aura oublié ce ratage mémorable que fut le Cinquième Elément, dont la qualité était inversement proportionnelle à celle du film dont il était adapté… Probablement aussi le fringuant PDG aura-t-il passé trop de temps sur les plateaux de télévision, à répondre aux questions intriguées des journalistes économiques, découvrant que l’on pouvait réussir en fabriquant des jeux.En tout cas, cette histoire nous prouve, une fois de plus, que s’il est un business dans lequel l’erreur est interdite, c’est bien celui des jeux vidéo. Les joueurs y sont volages. Ils veulent des jeux de qualité et, à de rares exceptions près, ne s’attachent pas à une marque ou à un nom en particulier… sauf quand cette marque les a déçus. La pire chose qui puisse arriver à un éditeur ou un développeur, c’est que son nom devienne synonyme de ratage ?” il suffit, pour s’en convaincre, de voir les difficultés qu’éprouve Cryo à conquérir les hardcore gamers !D’une certaine façon, Nicolas Gaume peut s’estimer heureux : tenir plus de dix ans, c’est assez rare pour un développeur de nos jours. Il lui reste encore quelques mois (le temps que l’administrateur judiciaire examine toutes les possibilités de sauvetage de la société), pour prouver qu’il a raison de se déclarer “ convaincu de la valeur des productions de jeux en cours et de la très grande qualité des équipes.” Peut-être avec Nightmare Creatures 3 ?(*) Oui, je sais, c’est une formule que jutilise souvent, mais elle est tellement vraie.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Stephan Schreiber