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Le dernier salon dont on cause

Ça y est, le dernier European Electronic Consumer Show, ECTS pour les intimes, vient de fermer ses portes. Et il se pourrait bien que ce soit de manière définitive. Une éventualité qui cache une réalité : le marché du jeu vidéo est morose.

Rarement aura-t-on vu salon aussi triste que cette édition 2001 de l’ECTS, qui s’est déroulée à Londres au début du mois. Petit, loin de tout, boudé par la plupart des éditeurs… Qu’est-il donc arrivé à l’ECTS de notre enfance ?Je me souviens d’une immense foire au jeu, où le journaliste avide de nouveautés déambulait dans une ambiance survoltée et où seule la taille des enceintes rivalisait avec celle de la poitrine d’hôtesses aussi charmantes que courtement vêtues…Là, rien. Pas un son plus haut que l’autre (sauf, peut-être, sur le stand de Steinberg qui présentait ses dernières solutions musicales ?” on est bien loin du jeu vidéo !), pas une minijupe (ah, si, une, mais bien cachée dans un coin, sur le stand d’un éditeur de logiciels érotiques ?” le rapport avec le jeu ?), des exposants qui font la grimace, des visiteurs désabusés… La claque quoi !J’en ai discuté avec quelques personnes, parmi lesquelles des exposants et des journalistes (peu nombreux, eux aussi, et tout aussi démoralisés). Ils s’y attendaient. Ils savaient à l’avance qu’ils se déplaceraient pour pas grand chose. La raison ? Il y en a plusieurs ! Mais la principale tient en une lettre et un chiffre : E3.Le célèbre salon américain, loin et hors de prix, monopolise tous les budgets. Les éditeurs savent que c’est là-bas qu’il faut se montrer, et tant pis si cela doit priver l’Europe de sa grande réunion vidéo-ludique annuelle. De toute façon, avec Internet, l’info arrive sur le Vieux Continent aussi vite que si l’exposition avait eu lieu juste en bas de chez vous.Bref, ça sent le sapin pour l’ECTS, et il est fort possible que cette édition 2001 soit la dernière. Ce qui, dans l’absolu, ne change rien pour vous : après tout, l’ECTS, tout comme l’E3 d’ailleurs, est un salon professionnel, interdit au public. Mais cela en dit long sur l’état d’esprit qui anime les acteurs du marché du jeu vidéo.L’heure est aux économies. Pour tout le monde, éditeurs et presse spécialisée inclus. La preuve : même le très puissant groupe Hachette souhaite se débarrasser de ses titres spécialisés, Joystick et PlayStation Magazine en tête ! Si vous aviez envie de faire carrière dans le jeu vidéo, il est peut-être encore temps de changer votre fusil dépaule…Prochaine chronique le mardi 25 septembre 2001

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Stephan Schreiber, chef de la rubrique Jeux