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” L’avenir des places de marché “

L’an 2000 avait débuté avec l’annonce du triomphe des places de marché (marketplaces), qui devaient fédérer les échanges entre différents acteurs d’une industrie grâce à l’utilisation…

L’an 2000 avait débuté avec l’annonce du triomphe des places de marché (marketplaces), qui devaient fédérer les échanges entre différents acteurs d’une industrie grâce à l’utilisation d’internet et de ses dérivés. Elles devaient gagner de l’argent en gérant de gros volumes de transactions, qui autorisaient des marges substantielles en n’exigeant que des investissements limités. Au lieu de cela, les premières expériences montrent que les volumes sont faibles, les marges réduites, et les investissements bien plus lourds que prévu.Ainsi, les entreprises vedettes de cette nouvelle activité ont vu leurs cours s’effondrer – Ariba et VerticalNet, par exemple, ont perdu plus de 60 % de leur valeur boursière -, et de nombreuses firmes spécialisées vont disparaître. Les plus touchées sont les places de marché indépendantes. C’est-à-dire celles qui ne sont pas liées directement à une ou plusieurs grosse(s) entreprise(s) d’un secteur industriel.En effet, pour réussir, une place de marché doit attirer une liquidité suffisante, mesurée par le volume global de transactions entre les acteurs d’une chaîne industrielle. Or, dans tous les secteurs où les acteurs sont relativement concentrés, ce sont les places de marché contrôlées par des grands groupes qui sortent vainqueurs, au détriment des indépendantes. C’est, par exemple, le cas de Covinsit. com dans l’industrie automobile. Celle-ci concentre déjà plus de 60 % de la liquidité des échanges interentreprises du secteur, de CPG. com et de Transora dans le secteur agroalimentaire ou de GlobalNetXchange dans la distribution.Les places de marché indépendantes n’arrivent à se développer que dans des secteurs industriels très atomisés, comme ceux des plastiques, du BTP, ou de la restauration. Leur autonomie leur permet de ne pas être suspectées de motivations hégémoniques, visant à prendre le contrôle d’une chaîne grâce à l’utilisation d’internet. Mais elles doivent néanmoins atteindre une taille critique minimale et générer les économies d’échelle et d’expérience suffisantes pour devenir rapidement profitables. Cela leur est d’autant plus difficile que le niveau de marge généré est souvent plus faible que dans les processus traditionnels.Le dernier facteur de succès déterminant pour toute place de marché, c’est sa capacité à établir des standards de communication qui soient acceptés par une majorité d’acteurs du secteur d’activité. En effet, les places de marché sont soumises à la loi des rendements croissants : leur valeur augmente grâce aux nouveaux venus qui viennent s’y agréger, alors que les coûts unitaires de fonctionnement diminuent. Mais c’est très difficile à réaliser pour une entreprise indépendante, nouvellement arrivée dans un domaine industriel. Ainsi, dans les secteurs du papier, de l’eau et du gaz, VerticalNet n’est pas arrivé à concurrencer les distributeurs spécialisés et très puissants…En définitive, les conditions du succès pour les places de marché indépendantes sont donc bien limitées. On peut prédire que les faillites vont encore s’accélérer dans les prochains mois. A moins que ces places de marché ne sachent proposer des services à forte valeur ajoutée, et qu’elles se transforment en ASP, en fournisseurs de logiciels, en sociétés de conseil… Ou bien les trois à la fois.

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