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L’affaire TNT devient encore plus complexe

Arbitrage définitif concernant notre télévision numérique terrestre dans quelques jours. A un moment où les possibilités technologiques explosent.

L’avenir de la télévision numérique terrestre est actuellement tiraillé dans deux directions : celle du CSA, qui défend avant tout l’intérêt des nouveaux entrants de la télévision, futurs concurrents des TF1, M6 et
autres Canal + ; celle de TF1, TPS et M6, qui veulent les technologies les plus avancées possibles pour placer le maximum de programmes dans le spectre hertzien disponible et/ou passer à la télévision haute définition pour apporter un plus à
leurs annonceurs et aux téléspectateurs. Tous les industriels concernés et le ministère de l’Industrie soutiennent bien entendu les hautes technologies, qui conduisent à plus d’emplois en France.Le CSA, jusqu’ici maître d’?”uvre de l’opération, a imposé mars 2005 comme date de lancement de la TNT française, date confirmée depuis par le Premier ministre. Ce sera donc sûrement la bonne. Mais le Premier
ministre, ultime décideur, pressé par le temps, va être amené à faire des compromis. On le voit mal en effet désavouer le CSA en imposant une technologie de compression nouvelle (MPEG-4 AVC H.264) ou en changeant l’organisation prévue pour le
spectre hertzien : cela fait quatre ans qu’il travaille sur l’affaire.Mais on le voit mal aussi interdire l’usage de technologies nouvelles appréciées des téléspectateurs et créatrices d’emplois. Il est même possible que l’organisation du spectre hertzien puisse être revue pour les
chaînes payantes.Comment cette probabilité risque-t-elle de se traduire dans les faits ? Si H.264 est autorisée pour les chaînes gratuites, il y a toutes les chances pour qu’au moins TF1 et M6 adoptent cette technologie à partir de septembre
2005 après avoir démarré en MPEG-2 en mars, comme imposé par le CSA : les décodeurs vendus dès mars 2005 devront donc non seulement être compatibles MPEG-2 et H.264 mais aussi pouvoir commuter en automatique des 580 lignes usuelles à
720 lignes ou 1 080 lignes pour être compatibles avec les évolutions vers la vraie TVHD.Il est possible d’imaginer que les chaînes intéressées, ‘ coincées ‘ par les 4 Mbit/s accordés, émettent dans un premier temps en TVHD de classe 2 (suivant la terminologie que nous avons
adoptée et qui correspond à une définition de seulement 720 lignes par 1 200 pixels).Cela ne serait pas trop grave dans un premier temps car ce format correspondra à la majorité des écrans plats qui seront vendus à un prix acceptable dans les deux ans qui viennent. Les chaînes concernées pourraient passer en
1 080 lignes d’ici à trois ans (TVHD de classe 3), toujours pour 4 Mbit/s, quand les progrès technologiques sur MPEG-4 le permettront. Puis en classe 4 (TVHD pleine définition de 1 080 lignes de
1 920 pixels), avant cinq ans si les ingénieurs qui travaillent sur le sujet tiennent leurs promesses.Avec les décodeurs évoqués, ces évolutions par étapes devraient être transparentes pour les téléspectateurs. Mais ces derniers bénéficieraient de la meilleure définition possible s’ils voulaient remplacer leur téléviseur
entre-temps.

Une foule d’expériences à mener

Quant au multiplex dit R5, non encore affecté, il faut s’attendre à ce qu’il serve surtout, dans un premier temps, à des expérimentations. De la technologie DVB-H, comme maintes fois évoqué, mais peut-être aussi pour de
nouvelles applications. Car si la technologie DVB-H retient toutes les attentions du fait qu’elle fait arriver la télévision sans défauts sur les mobiles de poche, elle n’est pas obligatoirement idéale pour les autres applications
possibles : un radiotéléphone a une antenne intégrée dans son boîtier ; il lui faut donc un signal beaucoup plus puissant qu’un récepteur travaillant avec une antenne 1/4 d’onde adaptée ; ce qui devrait conduire à une
multiplication du nombre des émetteurs TV pour assurer une couverture convenable du territoire.A l’inverse, une réception en automobile peut bénéficier d’une antenne 1/4 d’onde sur le toit mais demande une image plus riche pour une visualisation TV normale sur le dos des sièges. En outre, pour éviter des
coupures visuelles et sonores, il serait souhaitable que chaque programme soit dans ce cas affecté d’une fréquence unique sur toute la France (ou au moins le long des autoroutes).Rappelons enfin que la visualisation sur téléviseur secondaire d’intérieur exige un signal TNT particulièrement robuste et puissant si l’on veut travailler avec une antenne intégrée au téléviseur dans des locaux sans prise
d’antenne. Là encore, il faudrait démultiplier le nombre de sites d’émission… Théoriquement, à échéance de dix ans, il serait possible de contenter tout le monde. Mais reconnaissons que nous manquons singulièrement de chef
d’orchestre aujourd’hui !* Directeur de la rédaction d’Electronique International HebdoProchaine chronique jeudi 7 octobre

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Jean-Pierre Della Mussia*