L’impact du numérique sur l’environnement ne cesse de croître. Il pèserait désormais à hauteur de 1% des émissions mondiales de gaz à effets de serre (GES) -2% en France- et se rapproche dangereusement de celui du trafic aérien qui se hisse à 3%. Il y a donc urgence à endiguer cette tendance pour lutter contre le réchauffement climatique. Le secrétaire d’Etat au numérique Cédric O et la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili lancent aujourd’hui une feuille de route pour s’y atteler. Certaines pistes sont issues des propositions de la Convention citoyenne pour le climat.
Quantifier l’empreinte du numérique
Le premier axe va consister à « objectiver l’empreinte numérique », comme l’a précisé un porte-parole du secrétariat d’Etat au Numérique lors d’un point presse. Il s’agit de rendre visible quelque chose d’immatériel et donc de quantifier exactement cette empreinte et d’améliorer la méthodologie de quantification. « C’est le pré-requis d’une action vraiment efficace », a ajouté le secrétariat. Fin 2021, l’Adem et l’Arcep rendront leurs conclusions sur la façon dont on peut informer les consommateurs sur l’impact de leurs usages numériques.
Allonger la durée de vie des appareils
Deuxième priorité et plus gros volet du futur dispositif, l’allongement de la durée de vie des appareils. Les équipements représenteraient en effet 75% de l’empreinte numérique. Il s’agit d’inciter à leur réparation, leur réemploi et lutter contre l’obsolescence programmée. Les opérateurs seront ainsi tous tenus de massifier et systématiser la collecte dans leurs boutiques et de mener des campagnes de sensibilisation, comme l’a annoncé Orange plus tôt cette semaine.
Le plan de relance prévoit d’ailleurs de consacrer 21 millions d’euros pour soutenir la filière du réemploi et de la réparation en France. Le gouvernement va mener des négociations au niveau européen pour réduire la TVA sur les produits reconditionnés. Signalons aussi que la Direction de la concurrence (DGCCRF) lance une grande enquête sur les prix des pièces détachées et des terminaux.
La loi « anti-gaspillage » (loi Agec) contient déjà des mesures allant dans ce sens comme l’extension de la durée de garantie légale de conformité de six mois ou la mise à disposition des pièces détachées pour la réparation pendant cinq ans après l’achat. Une note indiquant le degré de réparabilité d’un produit va être introduite dès l’année prochaine.
Rationaliser les usages
Pas question de restreindre par la force les usages des Français. L’idée d’interdire les forfaits mobiles avec data illimitée n’est pas sur la table. Le mot d’ordre consiste à inciter la population à changer ses pratiques en faisant preuve de pédagogie.
L’une des nouveautés, c’est que le projet de loi de finances de 2021 obligera les data centers à mettre en place des mesures ambitieuses concernant leur efficience énergétique et la récupération de la chaleur s’ils veulent bénéficier d’un tarif réduit sur leur consommation.
Soutenir les entreprises « vertes »
Le principe de l’éco-conception doit également être généralisé. Deux appels à projet vont être lancés auprès des entreprises par l’Ademe (Agence de la transition écologique). Les entreprises écoperont d’un bonus ou d’un malus suivant qu’elles prendront en compte ou non l’éco-conception. Elles seront aussi incitées à signer la Charte Numérique Responsable créée l’année dernière. Elle comporte un ensemble de bonnes pratiques à destination des entreprises pour un numérique plus responsable. On compte aujourd’hui douze signatures comme EDF, Cdiscount ou Atos.
L’initiative Planet Tech Care a été lancée ce jour à Bercy lors d’un colloque Numérique et Environnement. C’est une plate-forme qui met en relation des entreprises et formations du numérique avec des experts pour les aider gratuitement à réduire leur empreinte environnementale.
Enfin, le gouvernement veut croire que le numérique et l’innovation peuvent devenir des outils au service de l’environnement. C’est la fameuse « convergence » du numérique et de l’environnement. Dans ce sens, il prévoit de renforcer le dispositif GreenTech Innovation qui sera doté d’un fonds de 300 millions d’euros géré par la banque publique d’investissement Bpifrance pour favoriser et financer des starts-up vertes.
Certaines pistes vont maintenant être débattues et de nouvelles mesures sont attendues d’ici la fin de l’année.
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