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La privatisation d’une base de données génétiques inquiète aux Etats-Unis

GEDmatch, une plate-forme publique où les utilisateurs laissaient anonymement leur ADN, vient d’être acquise par un spécialiste du séquençage travaillant avec la police.

GEDmatch, une base de données génétiques publique, vient d’être rachetée par la société privée Verogen. Elle réalise des séquençages ADN pour les scènes de crime à la demande de la police. De quoi mettre mal à l’aise les millions d’utilisateurs qui ont laissé leurs ADN sur cette plate-forme dans le but de reconstituer leur arbre généalogique, même si Verogen assure que leur consentement explicite sera désormais demandé.

L’affaire du Golden State Killer a créé un précédent

Jusqu’en 2018, des internautes ayant fait des tests ADN publiaient facilement leurs résultats de façon anonyme sur GEDmatch. Mais la police a utilisé la base pour retrouver le Golden State Killer, un serial killer et violeur américain. 70 criminels supplémentaires ont encore été démasqués depuis grâce à cette plate-forme. La résolution de cette affaire a permis de comprendre que ces informations ADN engageaient même ceux qui n’ont pas fait de test et qui n’ont jamais entendu parler de GEDmatch.

Car si vous disposez d’un échantillon ADN, la base de données est tellement fournie qu’il est facile de trouver des correspondances avec d’autres membres de la famille de la personne recherchée ou d’une parenté éloignée, puis de remonter le fil jusqu’à l’identification. 60% des Américains ayant des ancêtres européens pourraient être ainsi retrouvés de cette façon d’après la publication Science. Un groupe de chercheurs israélo-américains a également prouvé qu’il suffisait de ficher 2% d’une population pour trouver des cousins éloignés de n’importe quel membre au sein de cette population.

Outre le respect de la vie privée, se pose le problème des risques d’erreurs. Car des chercheurs ont montré qu’il était possible de rajouter des données avec de faux profils et de faux liens de parenté. Les personnes blanches seraient également sur-représentées car elles seraient les principales utilisatrices des tests ADN. C’est pourquoi des voix s’élèvent maintenant pour réclamer une base de données médico-légale universelle aux Etats-Unis. N’oublions pas enfin que ces bases de données restent potentiellement vulnérables face à des hackers eux aussi en mesure d’identifier des personnes et de revendre ces informations.

Source : The Verge

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Amélie Charnay