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La petite bête qui monte

De start-up en holdings, journal de bord d’un cadre de la nouvelle économie. Il se confie sous pseudo pour parler ?” et parfois crier ?” plus librement…

Que dirait Montaigne s’il était cadre chez Vivendi ou rédacteur aux Assurances La Fourmi ? Que vivre au bureau, c’est apprendre à mourir. Chacun de nous fait sans le savoir 35 heures de philosophie par semaine, entre l’écran de son ordinateur, les réunions urgentes et les coups de pied dans la machine à café. Nous philosophons tous, quelle que soit la faiblesse de notre QI, car chaque jour, nous apprenons à mourir : de jalousie devant l’avancement ?” immérité bien sûr ?” de tel ou tel collègue, de rage devant la nonchalance de nos subordonnés et l’incompétence de nos supérieurs, et d’angoisse devant nos propres manques, qui échappent rarement à ce salaud de chef de service…Le pire entraînement à la mort n’est pas dispensé dans les camps d’Al Qaïda, mais bien au bureau, et dans le cas douloureux dit de “la petite bête qui monte “. De quoi s’agit- il ? D’assister en spectateur impuissant à sa propre disparition. Prenez un petit nouveau dans la boîte, un blanc-bec sans saveur et sans expérience. Le voilà stagiaire, ou même pire (CDD ou CDI), et plein d’une terrible énergie qu’il dépense sans compter dans un seul but : monter en haut de l’échelle en vous piétinant le brushing. C’est ce qu’est en train de vivre Charlotte, notre directrice adjointe, qui, d’habitude, est du genre lionne-sans-souci, tuant d’un coup de patte distrait tout ce qui bouge autour d’elle. Mais là, c’est différent. Elle sent bien que sa belle crinière pourrait finir en descente de lit. Par quel miracle ? Pardon, je devrais dire : par quel malheur ? Eh bien, le malheur en question se définit au premier coup d’?”il par deux grands yeux innocents et une poitrine 115 D. Entre les deux, il y a une bouche immense ?” Béatrice Dalle x 2 ?” et des dents de louve qui feraient passer celles de Claire Chazal pour des caries de scorbutique. Mon tout se nomme Marie-Stéphanie, stagiaire depuis une semaine, au service de Roland.Certes, Roland a déjà eu d’autres stagiaires, qui par un étrange hasard étaient toutes à mourir, tout droit sorties des pages modes de Biba ou d’une soirée mannequins aux Bains. Et certes, toutes n’étaient pas stupides (je pense évidemment le contraire, mais l’avouer serait-il de bon ton ?). Cette fois, il y a vraiment le feu au lac. Car la carrosserie de celle-ci est totale Ferrari, et son moteur aussi. Elle affiche devant Charlotte une cervelle de mésange, mais arbore devant Roland ?” fasciné ?” une agilité mentale et une vivacité inspirée, mariant subtilement les ondulations de ses cervicales à celles de ses lombaires…
Bref, pour Charlotte, favorite historique de Roland, la situation est out of control. Elle n’a que 35 ans, mais frémit des 20 ans conquérants de Marie-Stéphanie, qu’elle aussi a eus, mais n’a plus… Charlotte l’impitoyable me fait presque pitié. Car si, même en la haïssant, je la désire plus que toutes, je commence néanmoins ?” comme Roland ?” à ressentir pour Marie-Stéphanie l’irrésistible chatouillis de la nouveauté. Les sphères mammaires et crânienne de cette jolie nova exercent sur nous une attraction newtonienne et fatale. Devons-nous tenter dy résister ? Et quelle parade infâme Charlotte opposera- t-elle à sa rivale ? Suite dans notre prochaine leçon de philosophie…

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La rédaction