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La honte des européennes

Certaines des listes présentes aux élections européennes proposaient aux électeurs de télécharger leur bulletin de vote sur Internet. Et si nous votons par SMS un jour, qui éditera et contrôlera les logiciels informatiques utilisés pour
l’élection du Président ?

Peut-être n’êtes vous pas allé voter pour les dernières élections européennes, qui se sont tenues dimanche dernier. En un sens, vous avez eu raison. La majorité des Français a fait comme vous, ce qui montre que
– finalement – vous avez bien fait de peaufiner votre bronzage plutôt que de vous demander comment réformer la politique agricole commune. Mais surtout, en restant dans votre chaise longue, vous avez évité la crise cardiaque.Car ceux qui sont allé voter sont tombés sur des bureaux de vote plutôt étranges, où il manquait un grand nombre de bulletins de vote. Manipulation démocratique ? Pas du tout ! Certaines listes avaient décidé de faire quelques
économies et de distribuer leurs bulletins de vote sur Internet.Sur la grande table où se côtoyaient les quelque vingt-cinq listes, certains panneaux indiquaient donc ‘ Liste numéro quanrante-douze, pas de bulletin de vote (disponible sur Internet) ‘. Certains verront là une très
bonne idée : on a économisé du papier, de l’argent, bref on a fait un geste citoyen.D’autres, comme moi, trouveront cela inadmissible. Pourquoi m’empêcherait-on de voter pour la liste numéro quarante-douze sous prétexte que je n’ai pas Internet ? Cette question n’a visiblement effleuré
personne, alors que, à mon sens, il aurait fallu forcer ces gens-là à fournir des bulletins en bonne et due forme.Car, pour mémoire, il s’agissait d’une élection et non d’une kermesse. Après les bulletins de vote à télécharger sur le Net, à quand une élection par SMS ? Pour Chirac tapez 1, pour Le Pen tapez 2, il
ne vous reste que quelques minutes pour voter et la régie me dit que les scores sont très, très serrés. Le candidat qui l’emportera deviendra régisseur de la ferme France pendant cinq ans, c’est le moment où jamais
d’exprimer votre opinion.Reste à savoir qui fabriquera les machines et les logiciels comptabilisant nos votes. Et puis, aussi, qui les contrôlera. Assez bizarrement, les administrations françaises ne semblent pas s’y intéresser.Le moment venu, on leur fait confiance pour sélectionner la plus mauvaise solution imaginée par une société privée sans crédibilité. (Juste un mot pour Endemol : ‘ A la recherche du nouveau
président ‘
, c’est moi qui en ai eu l’idée !)* Rédacteur en chef délégué de l’Ordinateur IndividuelProchaine chronique jeudi 1er juillet

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Alain Steinmann*