La gestion de risques au chevet des start-up
Au 7e sommet du capital-risque de Sophia-Antipolis (IVCS), investisseurs, consultants et pouvoirs publics analysent les causes de défaillance des entreprises innovantes.
Pas d'innovation sans marché
L'Anvar se flatte, à ce titre, de constater que 70 % des entreprises innovantes qu'elle labellise sont toujours en activité dix ans après leur création, contre un taux de survie de 50 % en moyenne pour une société lambda après seulement sept ans d'existence...Evoquant son expérience personnelle d'entrepreneur, Philippe Pouletty, président de France Biotech, un lobby pour le développement de l'industrie biotechnologique, rappelle qu'un bon plan d'affaires doit se résumer en 30 secondes. ' Trop de personnes dans l'amorçage oublient également deux critères clés : le chiffre d'affaires et les bénéfices. 'L'argent reste bien évidemment le nerf de la guerre pour les entreprises technologiques. Or, les investisseurs sont loin de répondre à l'appel. Paolo Anselmo, vice-président de l'Eban (European Business Angel Network), constate ainsi qu'environ 300 tours de table en amorçage ont été réalisés en 2001 en Italie, contre à peine une cinquantaine cette année. Et presque uniquement par l'apport de personnes privées. Même constat en Grande-Bretagne : Peter Hiscocks estime que 80 % des fonds investis en amorçage dans les jeunes pousses de la région de Cambridge proviennent de business angels... ' Les investisseurs (NDLR : capital-risque) qui aujourd'hui refusent de prendre des participations sur la base de valorisations basses viendront les quémander dans un ou deux ans, beaucoup plus chères ', estime Philippe Jurgensen.Etablir des règles et les suivre
Témoignant de son expérience à la tête de la filiale française, liquidée en 2002, de Valigem, une biotech nord-américaine, Cécile Tharaud, insiste sur ce paradoxe : un entrepreneur doit être enthousiate pour séduire les investisseurs, mais garder le recul nécessaire vis-à-vis de son bébé. ' Un créateur d'entreprise doit, en cas de crise, gérer le temps comme un actif essentiel, et savoir prendre des décisions nécessaires. 'Avocat en droit des affaires, Daniel Kahn énonce lui aussi des principes basiques pour augmenter les chances de survie d'une entreprise : ' Dès le lancement du projet, il faut que les créateurs établissent des règles de création et de fonctionnement de l'entreprise. ' En fixant la ligne de conduite, les pactes d'actionnaires doivent aider les managers à tenir le cap. L'investisseur fixe des objectifs (prototype, clients, chiffres d'affaires) à l'entrepreneur. Ce n'est qu'une fois ces paliers atteints que le capital-risqueur libère peu à peu l'argent destiné à la jeune société. Les pactes d'actionnaires agissent comme des garde-fous... Pour les investisseurs tout du moins car, pour les entrepreneurs, il sagit plutôt de contraintes.-
hafedh
Pour bien expliquer, au départ, l'échec (temporaire) des start-up, il serait mieux d'évoquer la question d'évaluation des projets de haut technologie. En effet, tous les experts avouent qu 'il y a ,toujours, des lacunes d'évaluation financières , et en particulier les méthodes et les techniques de valorisation qui se basent sur les approches comptables et les techniques d'actualisation .Ces outils classiques et traditionnels sont adoptés par les experts pour étudier et évaluer des actifs matériels, or si on fait une étude approfondie des actifs des start up , on remarque bien et clairement que leur actif est composé d'une proportion forte des actifs immatériels ce qui confirme bien l'incapacité de ces outils standards de maîtriser leur comportement financier. En partant de ce qu'est évoqué au dessus, on peut mettre l'accent sur l'efficience des techniques d'évaluation financières.
-
David Warlet
Bonjour,
Effectivement, le capital risque français pourrait bien n'avoir de risque que le nom. Plus perfidement, je dirais que la stratégie vis à vis des technologies en vogue (bio, nano, etc.) évoque un réchauffé du net : investissons, valorisons jusqu'au marché, et laissons aux poires petites porteuses le soin d'éponger ultérieurement les débordements d'optimisme.
Nous sommes un groupe d'inventeurs un peu structuré : holding, société de service commune, sociétés innovantes. Sans l'aide de l'Etat, plus encore de la région, et sans le Love Money, nous ne serions arrivé à rien. Conclusion : si le capital risque privé n'a pour fonction que de spéculer, passons en économie soviétique, les choses seront plus simples !
Cordialement
D. Warlet, directeur associé groupe Sainte Sophie -
HERBAULT
Les créateurs d'entreprises dites"start-up" sont mis au banc des accusés une fois encore. Les vrais responsables de cette déroute ne sont-ils pas les investisseurs eux-mêmes ?
Ils ont souvent investi sur des marchés fabriqués de toutes pièces par ces créateurs d'entreprises.
Dans votre article vous faites référence à l'expérience et notamment de celles des investisseurs. Je crois qu'il est temps d'arrêter. Parlons plutôt de compétences.
Un second point est à relever, les axes d'investissements sont aujourd'hui concentrés sur la technologie et la biotechnologie.
Dès que vous prenez contact avec un investisseur, sa première question est : "s'agit-il d'un projet à forte valeur technologique ?".
Les autres projets ne sont-ils pas viables ? Ne peuvent-ils pas créer de l'emploi et de la valeur pour notre pays ?
La vraie question à se poser pour un investisseur n'est-elle pas "est-ce rentable ?"
Diversifions les domaines d'investissement.
Votre opinion