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La France va rater le virage de la biotech

Et si la biotech prenait le relais de la high-tech ? Le massacre en Bourse des sociétés de télécommunications ou de l’Internet a occulté un phénomène majeur :…

Et si la biotech prenait le relais de la high-tech ? Le massacre en Bourse des sociétés de télécommunications ou de l’Internet a occulté un phénomène majeur : la montée en puissance de l’industrie des sciences de la vie. Ce secteur, qui regroupe la biopharmacie, les appareils médicaux ou la biotechnologie, suscite depuis quelques mois un regain d’intérêt des investisseurs. De nouveaux fonds émergent en France et le parcours boursier des entreprises de biotech est aujourd’hui meilleur que celui du reste des valeurs dites ” technologiques “.À quoi tient cette progression du biotech business ? D’abord à un phénomène cyclique : on sait depuis de nombreuses années que les technologies de l’information et de la communication d’une part, et les sciences de la vie d’autre part, fonctionnent à contre-cycle. Quand l’une va bien, l’autre plonge et réciproquement. Mais les raisons du ” biotech-boom “, plus profondes, tiennent aux bouleversements du marché pharmaceutique mondial.Les grandes entreprises de ce secteur se regroupent en effet à grande vitesse. Le leader (Pfizer) possède 7 % du marché mondial, mais des économistes estiment que le mouvement de concentration se poursuivra tant que le leader ne possédera pas 25 % du marché mondial. Or, les groupes qui se concentrent réduisent leurs dépenses de recherche et développement ?” un poste très lourd dans leur compte d’exploitation (20 % du chiffre d’affaires environ) ?” pour devenir de grandes machines de marketing. Le travail de recherche sur les produits et l’élaboration des premiers tests sont, de plus en plus souvent, confiés, en sous-traitance, à de petites start-up dirigées par des anciens chercheurs des grands groupes.Bref, au fur et à mesure que l’industrie pharmaceutique ” variabilise ” ses coûts de R&D, une nouvelle génération d’entreprises voit le jour, dont les clients ne sont pas les consommateurs, mais les grands groupes eux-mêmes. Ces entreprises, notons-le, sont fondamentalement plus solides que les dotcom qui ont émergé à l’époque de la bulle Internet. La plupart font certes des pertes (aux États-Unis, sur 1 500 sociétés de biotech, 150 ont un compte de résultat positif), mais elles construisent des actifs solides (brevets, bases de données…) et érigent des barrières à l’entrée qui vaudront cher dans quelques années.

L’Allemagne, en peu de temps, nous a doublés…

La France ne compte qu’une centaine d’entreprises dans le domaine des sciences de la vie, contre 1 500 aux États-Unis. En Europe, la Grande Bretagne mène le bal depuis longtemps et l’Allemagne a récemment effectué un spectaculaire bond en avant. Ce pays, qui n’avait quasiment pas d’industrie de la biotech il y a cinq ans, a réussi à faire émerger plusieurs centaines d’entreprises grâce à une volonté politique forte.Les régions ont organisé des concours et les meilleurs projets ont été financés grâce à des outils originaux : lorsqu’un entrepreneur réussissait à lever un mark auprès d’un fonds de capital-risque, il pouvait automatiquement en récolter trois auprès de fonds publics. Résultat : aujourd’hui, l’Allemagne compte une vingtaine de sociétés de biotech cotées en Bourse, et la région de Munich est l’une des locomotives du secteur en Europe. En France, un objectif raisonnable serait de réussir à doubler, d’ici à trois ans, le nombre d’entreprises de biotech. Mais qui battra le rappel ?

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Denis Lucquin